페이지 이미지
PDF
ePub

terre; mais je vous marquerai le petit efpace que vous y occuperez à votre mort; parce que c'eft là ce qui doit vous détacher des honneurs & des plaifirs: je ne vous infpirerai point le defir des conquêtes & des triomphes, qui forme & anime les Héros du fiecle; mais je vous enflammerai de l'amour des biens éternels. & je vous apprendrai à vous vaincre yousmême.

Telle eft la Religion, Meffieurs, & telle eft fa conduite à notre égard. Elle n'épargne, ni les peines, ni les veilles, ni les fueurs, quand il s'agit de nous péné trer de la crainte du Seigneur. Tantôt elle ouvre fes Tribunaux pour nous récon cilier avec Jefus Chrift; tantôt fes Taberna cles, pour nous nourrir de fa chair facrée.

Que n'a-t-elle pas fait cette Religion toute divine, pour nous témoigner fon zele & fon amour? Elle nous recueillit dès le moment que nous e entrâmes dans ce monde, pour nous porter dans fes Temples, & pour nous imprimer le fceau du Chriftianifme, que rien ne peut effacer elle nous fuivit pas à pas en nous mettant en mains, dès que nous commençâmes à parler, l'Alphabet des vérités faintes pour lefquelles nous fommes nés, en nous communiquant la grace de tous les Sacrements, & en s'intéreffant à notre falut d'une manière admirable, foit par fes prieres, foit par fes Sacrifices, foit par fes Fêtes, foit par fes inftructions.

[ocr errors]

-Ah! fi vous ne reconnoiffez pas à ces traits fa tendreffe & fon zele, fi vous n'êtes pas touchés de toutes ces démarches; c'eft que vous ne jugez malheureusement de cette fainte Religion, que par les portraits hideux ou ridicules que vous en ont tracé les fanatiques ou les impies; c'est que vous la croyez pleine d'un zele amer tandis qu'elle eft la charité même; c'eft que vous lui fuppofez un efprit de perféeution, tandis qu'elle en eft la plus grande ennemie; c'eft que vous vous la repréfentez comme ayant toujours les foudres à la main pour frapper les impénitents, tandis qu'elle n'emploie les peines canoniques qu'après avoir épuifé toutes les voies de la douceur, & qu'elle gémit quand elle fe voit forcée d'en venir à cette extrêmité. Apprenez à la connoître, & vous la trouverez douce, patiente, allant au devant de la brebis égarée pour la ramener au bercail, ne foupçonnant point Te mal, fupportant toutes les imperfections des hommes, dans l'efpérance qu'ils fe corrigeront; priant continuellement pour eux, afin qu'ils obtiennent du Ciel leur pardon. Vous la trouverez fans cupidité, fans fierté, fans humeur, fans ambition; en un mot, digne de celui qui l'a rendue fon image &fon 'oracle.

On abufe de fon nom, chrétiens Auditeurs, fi jamais on vous a dit qu'elle fe plaifoit à tourmenter & à punir: hélas! fon plus grand plaifir eft de défarmer le

bras d'un Dieu vengeur. Les voeux qu'elle adreffe nuit & jour au Ciel, n'ont d'au-, tre objet que de demander la rémiffion des péchés, que de folliciter la grace des pécheurs.

Ce ne peut être qu'une ingratitude attroce ou qu'une ignorance entiere de ce. qu'elle eft, qui puiffe en donner des idées défavantageufes. Le mal eft qu'on fe plaît à confondre la Religion avec fes Miniftres, & qu'on ofe la rendre responsable de leurs fautes. O fainte Religion! où font vos accufateurs? Vous pourrez vous glorifier de n'avoir pour adverfaires que des hommes scandaleux, ou prévenus; que des hommes féduits par leurs paffions, ou par une fauffe philofophie.

Jamais la Religion n'eût effuyé la moindre contradiction, fi elle eût permis aux mortels de fuivre leurs penchants fans fcrupule & fans retenue. Elle ne leur a paru fuperftitieuse, févere & même cruelle, que parce qu'elle exige des mœurs pures, & une obéiffance entiere aux vo lontés de Dieu.

Mais fi la fouveraineté d'un homme que vous avez choisi pour votre maître ne vous paroît pas odieufe, lors même qu'il fait des loix rigoureufes pour maintenir le bon ordre, & qu'il emploie fon pouvoir pour punir ceux qui tranfgreffent fes volontés; pourquoi la Religion, qui vous intime les ordres de l'Eternel, & qui ne vous détourne du crime que pour vous arracher

à l'empire des paffions, & pour vous rendre heureux; pourquoi, dis-je, vous paroît-elle digne de toute votre haine?

Afin de vous faire fentir au contraire combien la Religion mérite tout notre amour, il fuffit, chers Auditeurs, de vous expofer en peu de mots les bons effets qu'elle a produits depuis qu'elle exerce fon augufte miniftere.

:

C'est par moi, peut-elle vous dire, que vos Princes, qui étoient barbares, fe font adoucis; que l'esclavage a été aboli; que tout homme eft devenu précieux aux yeux des Grands de la terre; que les biens font devenus, pour ainfi dire, communs, par les foins qu'on a de fe foulager réciproquement c'eft par moi qu'on oublie vos torts; que vos plus grands ennemis ne cherchent point à fe venger, mais à vous faire du bien; que les médifances font ar rêtées, les calomnies étouffées, les haines affoupies, les excès réprimés, les fcandales punis; c'est par moi que les liens du mariage font indiffolubles & facrés; que les peres aiment tendrement leurs enfants; que les enfants pleins de refpect pour ceux qui leur ont donné la naiffance, leur obéiffent avec plaifir; que la fubordination fe maintient dans tous les états; que la Jus tice a de l'activité, l'innocence de l'appui, l'indigence du fecours, la vertu des Panégyriftes, le zele des admirateurs, la piété des difciples.

C'est par moi que l'homme diftingué

de la bêté, fanctifie les fciences par le bon ufage qu'il en fait; rend à Céfar ce qui eft à Céfar, à Dieu ce qui eft à Dieu; que la bonne foi regne dans le Commerce; que la candeur fe trouve dans les Cours; que l'efprit s'étend au-delà des Cieux; que le cœur fe purifie, que le corps fe fpiritualife, que l'ame fe divinife.

C'eft par moi que la douceur regne dans les fociétés, que l'amitié unit faintement les cœurs, que le menfonge eft odieux, que la vérité triomphe; que l'homme ceffe d'aimer les créatures, pour se tourner vers le Créateur; que les Sacrements identifient les Chrétiens avec l'Homme-Dieu; que la terre devient un ciel; que la mort eft un gain, l'éternité le féjour de la gloire, & le centre du bonheur.

C'est par moi que vous participez aux bonnes œuvres de tous les hommes ver tueux; que vous avez autant d'intercef feurs qu'il y a d'Elus; que l'Eglife mili

fouffrante & triomphante, ne for ment qu'une feule & même fociété dont Dieu eft le principe, l'élément & la vie.

C'est moi qui, toujours remplie de compaffion pour le pécheur, fans jamais me rebuter de fes crimes & de fes fcandales, le préviens & l'affifte jufqu'au lit de la mort, qui ranime fes efpérances, quand il veut fe livrer au défefpoir; qui le fortifie dans l'abattement & la douleur, lorf qu'il eft près d'y fuccomber; qui le con fole, quand tout le monde paroît l'aban

« 이전계속 »