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efclave ce fut ce même principe d'orgueil qui ne permit pas aux Juifs de reconnoître le Meffie, & qui les anima jufqu'à le crucifier.

Qu'il nous foit donc en horreur, mes Freres, ce malheureux orgueil, puifque c'eft lui qui s'éleve contre le myftere de l'Incarnation, c'eft-à-dire, contre ce qu'il y a de plus confolant dans notre religion, contre ce qui eft le fondement de toute vérité; car le Meffie, mes Freres, n'eft point un être ifolé; mais un Etre infini qui fe trouve par-tout, qui donne à tout la vie & le mouvement, & pour qui les chofes vifibles, commes les invifibles, fubfiftent réellement.

Ne féparons donc jamais Jefus-Chrift de tout ce que nous failons; qu'il foit l'ame. de nos actions car tout eft défectueux fans lui.

Autrement, mes Freres, le myftere de l'Incarnation auroit été fuperflu. Mais nous ne pouvions être fauvés que par le facrifice d'un Homme-Dieu, qui, Prêtre & Victime. tout-à-la-fois, s'immole, & eft immolé.

Vous le favez, autels facrés; vous, fur qui s'opere tous les jours ce prodige ineffable, vous, qui poffédez réellement celui même qui naquit à Bethléem, & dont nous célébrons aujourd'hui la naiffance il est fous la forme du pain, comme il parut autrefois fous le voile de la chair; mais toujours réellement homme, & tous jours réellement Dieu,

Ce qui m'étonne, c'eft que ce grand ob jet puiffe s'effacer de vos cœurs & de vos efprits, & que les moindres objets vous faffent oublier un Dieu fait homme pour nous fauver; un Dieu toujours fubfiftant au milieu de nous, pour être notre médiateur auprès de fon Pere, & pour obtenir notre pardon.

» O charité immenfe de mon Dieu, » qui nous avez aimé jufqu'à nous donner votre propre Fils pour interceffeur, » comme s'écrioit S. Auguftin, dans les

vifs transports de fa reconnoiffance, » quand vous rendrons-nous amour pour » amour? » Le moins que nous puiffions faire, c'eft de nous facrifier pour lui, puifqu'il s'eft facrifié pour nous. N'agiffons donc plus déformais qu'en lui, qu'avec lui & par lui, fi nous voulons qu'il vive réelle

ment en nous.

Seigneur, quand aurons-nous ce bonheur! Quand nous féparerez-vous entiérement de nous-mêmes, de maniere à ne plus nous attacher qu'à vous feul! Quand ferons-nous transformés en vous, pour ne faire qu'une feule & même chofe avec vous!

Ce fut là votre defir, ô mon Dieu comme vous l'avez fi bien fait paroître dans la fublime priere qui termine votre Sermon après la Cene; & aujourd'hui c'eft auffi le nôtre. Non, nous ne voulons plus rien, nous ne demandons plus rien, que de nous unir intimement à vous, & pour toute l'éternité,

Ne

Ne vous fentez-vous pas, mes Freres, enflammés de cet amour? Ah! qu'il feroit puiffant en nous, fi nous connoiffions bien nos intérêts, & fi nous étions parfaitement convaincus de toute la miféricorde de Dieu. Il nous a créés deux fois; car enfin comment ne pas nommer une feconde création, un myftere qui nous tire du tombeau du péché, pour nous faire vivre d'une vie toute divine. La philofophie du fiecle a beau vouloir nier le péché originel, elle a beau répandre des doutes fur le grand Myftere qui fait l'objet de cette folemnité; tout nous annonce que nous avons réellement hérité de la faute de notre premier Pere, & que le Fils de Dieu eft réellement venu pour l'expier.

Jufqu'alors nous n'appercevions en nous, comme hors de nous, que la plus affreufe mifere, & nous n'avions plus aucune efpérance. Mais, Seigneur, vous ouvrîtes les cieux, quand la terre alloit nous engloutir; & comme nous n'avions pas en nous-mêmes de pouvoir d'aller vous chercher, vous defcendîtes pour nous trouver. Graces éternelles vous en foient à jamais rendues., Oui, mes Freres, l'ancienne Loi fait place à la Nouvelle ; & ce n'eft plus la crainte, mais l'amour qui conftitue le caractere dominant du vrai Chrétien. Comment ne vous aimeroit-on pas, ô mon Dieu! après tout ce que vous faites en notre faveur? Que pouviez-vous -nous donner de plus, que de vous don Tome IV, Part. II,

I

ner vous-même? Il faut que l'homme foit bien ingrat pour n'être pas pénétré d'un bienfait auffi extraordinaire n'en cherchons pas la caufe ailleurs que dans nousmêmes, c'eft que plus touchés des biens de ce monde, que du bonheur éternel qui nous eft réfervé, nous vivons d'une vie toute terreftre; & que tout ce qui a rapport à la religion, à fes myfteres, à fes fêtes, à fes folemnités, nous devient absolument indifférent.

des

O Verbe incarné! Vous, la lumiere de nos efprits, vous, par qui les fiecles ont été faits, vous enfin, notre espérance, notre vie, notre falut, daignez nous faire part fruits de votre Incarnation, fi vous voulez que nous foyons animés de votre amour; vous feul pouvez nous donner ce qui nous manque pour aller à vous. Ce n'eft que par un effet de votre miféricorde, & par une grace toute-puiffante que les Saints vous furent agréables, & qu'ils furent profiter du myftere ineffable dont toute votre Eglife s'occupe en ce jour.

Il n'y a rien, Chrétiens Auditeurs, qui doive fixer notre attention & notre coeur, comme ce Myftere qui, tout incompré henfible qu'il eft, rapproche de nous la Divinité, de maniere à nous en rendre participants: Divina confortes naturæ. A la clarté qu'il répand fur ceux qui le méditent, nous verrons que ce qui nous a occupés jufqu'à préfent, n'eft qu'illufion & chimere, & que nous avons été trop long

temps les victimes de nos paffions & de nos fens. Que la foi foit donc déformais. notre lumiere & notre guide alors fon flambeau, tout obfcur qu'il paroît, nous rendra vifible le myftere de l'Incarnation, non pour le comprendre, mais pour l'a dorer & nous convaincre de fa vérité.

Faffe le Ciel, que le Verbe incarné devienne déformais notre voie, notre vie, notre vérité; qu'il naiffe dans nos cœurs, comme il naquit aujourd'hui dans Bethléem, pour nous incorporer avec lui-même, & pour nous rendre heureux dans le temps & dans l'éternité.

» Le monde m'eft odieux, difoit S. Ber»nard, fi je n'y vois pas Jefus-Chrift: » ce langage doit être celui de tous les Chrétiens, qui ne font fur terre que pour exprimer dans leurs moeurs celui qui les a rachetés. Jefus-Chrift eft notre lumiere, notre paix, notre confolation, en un mot, notre félicité. C'eft ce que vous devez méditer férieusement toute votre vie, & furtout dans ce temps, particuliérement deftiné à honorer la Nativité de Notre Seigneur.

Dieu de toute miféricorde, déchirez les voiles impofteurs qui nous empêchent de vous contempler; faites que la nature entiere, dont vous êtes le principe & la vie, ne nous parle que de vous; & que toutes les créatures foient autant de miroirs qi réfléchiffent à nos yeux votre fageffe & votre bonté. Ne confidérez en nous, que

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