PREFACE. E faint Sacrifice de la Meffe eftant la plus grande & la plus importante action de la religion chrétienne; l'Eglife conduite en toutes chofes par le faint Efprit a toujours regardé comme un des principaux devoirs de fes enfans celuy d'y affifter. Elle leur en a fait un précepte exprés pour les jours qu'elle a confacrez au Seigneur, & elle fouhaite qu'ils n'en laiffent paffer aucuns fans l'entendre. Elle a recommandé à fes pafteurs d'inftruire fouvent les fideles de la maniere de la bien entendre, & de leur expliquer ce qu'on y lit, & les myfteres qu'on y célebre : & plufieurs d'entre eux entrant dans fon efprit ont donné au public des livres inftructifs fur cette matiere. On a donc crû que rien ne feroit plus capable de donner aux fideles un nouvel attrait & un goût tout fingulier pour cette grande action, que la traduction du Miffel de Paris; puifque par-là ils auront non feulement la facilité de prier avec le preftre; mais encore la confolation d'entendre ce qu'il demande à Dieu pour eux, & ce qu'eux-mêmes doivent demander avec luy. Car quoiqu'on ne condamne pas ceux qui pendant le divin Sacrifice s'appliquent à des prieres ou mentales ou vocales, telles que leur devotion leur peut infpirer; on demeurera néanmoins toujours perfuadé que la meilleure maniere d'entendre la Meffe eft de s'unir avec le preftre, en forte qu'on entre dans l'esprit des paroles qu'il prononce, Cette traduction donnera lieu aux fideles d'admirer la fécondité furprenante de la divine parole, laquelle eft fi merveilleusement diverfifiée & fi noblement appliquée dans les divins Offices, qu'il femble que chaque endroit de l'Ecriture fainte qu'on y employe ait efté dicté exprés pour le fujet auquel on l'ap plique. Comme ce feul ouvrage renferme prefque tout le nouveau Teftament & une partie de l'ancien; il contribuera beaucoup fans doute à l'inftruction des fideles, & leurfervira de matiere pour la lecture fpirituelle & pour la méditation. On y verra l'enchaînement de la doctrine ou de l'hiftoire fainte contenue dans l'Epiftre & dans l'Evangile du Dimanche, expliquée, confirmée, ou plus étendue dans celles qui font marquées pour les autres jours de la femaine, on y goûtera l'onction répandue dans les oraifons, dont les demandes conviennent parfaitement au temps, aux myfteres & aux feftes : on trouvera dans les Meffes des myfteres de notre Seigneur, les figures qui l'ont précedé dans l'ancien Teftament, & la verité qui a efté accomplie dans le nouveau, & on admirera combien les applications de ce qui est marqué pour les feftes des faints font juftes, par rapport à leurs actions les plus éclatantes & les plus illuftres. Enfin nos freres nouvellement réunis avec nous dans le fein de l'Eglife catholique, acheveront de fe defabufer de leurs anciens pré jugez touchant l'invocation des faints; puif qu'ils verront que le Sacrifice n'eft offert qu'à Dieu feul, que tout ce que nous demandons à Dieu, c'est par Jefus-Chrift; que nous n'honorons les faints que par rapport à Dieu qui les a fait ce qu'ils font; & qu'enfin nous ne les regardons que comme nos interceffeurs auPrés de luy. |