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On trouve encore, du même temps, le Mystère de Griselidis, marquis de Saluces, à trente-cinq personnages, intitulé je ne sais trop pourquoi mystère, car on n'y parle point de miracles ni de religion; c'est une action toute civile qui finit par une pastorale.

Puis les moralités :

Du Los de l'amour divin à huit personnages.

La Moralité nouvelle du mauvais riche et du ladre.

La Mort de Narcissus, moralité à trois personnages.

La Réformation des tavernes et cabarets à douze personnages.

La Moralité de la vendition de Joseph à quaranteneuf personnages.

La Nouvelle moralité d'une villageoise....... à la louange et honneur des chastes et honnêtes filles, à quatre personnages.

Puis les farces :

La Farce nouvelle du médecin qui guérit toutes sortes de maladies, à quatre personnages.

Un conte de Lafontaine et quelques bêtises populaires du conte de Jean-le-Sot, semblent avoir pris naissance dans cette farce.

La Farce de Colin, fils de Thénot le Maire.
La Farce nouvelle de deux savetiers.

La Farce nouvelle des femmes. Ce serait une moralité si la fin répondait au commencement.

La Farce nouvelle de l'Antechrist et de trois fem- ·

mes, colloque de poissardes, où l'on peut trouver l'origine du théâtre de la foire et des pièces de Vadé.

La Farce joyeuse et récréatrice à cinq person

nages.

La Farce nouvelle, contenant le débat d'un jeune moine et d'un vieil gendarme. C'est une satire contre les chanoines, qui, quoique plus ancienne, sent sa Ménippée et son Rabelais.

Ces farces doivent être de la fin du quinzième siècle, et ne semblent pas du même auteur, quoiqu'on les ait imprimées ensemble.

Il y a encore une moralité et une satire attribuées par les frères Parfait à Pierre Gringovie, mais qu'on doit plus justement, avec l'auteur de la Bibliothèque du Théâtre Français, attribuer à Jean Bouchet, le Traverseur des voies périlleuses.

La moralité est tout entière sur la Pragmatique, sujet ordinaire des pièces de Jean Bouchet.

La farce, ainsi que la moralité, est remplie de personnages allégoriques, non point voilés par des noms grecs, ainsi qu'on a coutume de le faire de nos jours, et comme le fit Molière quand il voulut désigner les quatre médecins, mais appelés par leurs noms en français. Ainsi les personnages se nomment Abus, Avarice, Simonie, Sot-Dissolu, etc. Louis XII assista à la représentation de cette farce, ou plutôt de cette sottie, et l'applaudit fort, bien que le Traverseur des voies périlleuses, usant de la liberté du temps, eût fait reprocher en face au

roi son avarice. Il est vrai qu'il mit la sottie dans la bouche de Sot-Corrompu.

Vers 1440, on joua le Mystère de sainte Barbe à quatre-vingt-dix-huit personnages, dont le titre est imprimé en latin: Vita vel tragedia beatæ Barbare, et le Mystère du roi Aveĥir.

C'est vers ce temps que vivait Jean du Prier, dit le Prieur.

Un manuscrit de l'an 1450 environ renferme neuf mystères, vraisemblablement du même auteur, tous sur des sujets sacrés, comme la Passion, la Résurrection, la Vie et les Miracles de madame sainte Geneviève, sujet cher aux Parisiens et où l'on voit percer l'envie satirique de l'auteur. Sainte Geneviève, entre autres dons, a celui de connaître la vie intérieure de chacun, et elle dévoile la fourberie d'une nonne qui veut se faire passer pour chaste. Mais ce qu'il y a de plus remarquable, c'est que, dans le septième de ces mystères, intitulé la Vie ou Mystère de monseigneur saint Fiacre, la pièce tout d'un coup s'interrompt au milieu, et l'on joue une farce fort libre qui n'a aucun rapport au sujet. C'est là évidemment l'origine de l'entr'acte et des intermèdes créés pour le remplir, intermèdes dont Molière nous a laissé dans ses comédies une foule d'exemples.

En 1450, Jacques Millet fit représenter l'histoire de la destruction de Troie, ouvrage attribué faussement à Jehan de Meung, l'auteur du

Roman de la Rose. Quoique cet ouvrage ne soit divisé qu'en quatre journées, toute l'Iliade Y passe, et même les faits sont repris de bien plus haut et menés jusqu'à la prise de Troie. Les poètes modernes qui nous ont peint, d'après l'antique, le fougueux Achille comme le modèle des guerriers, n'ont pas suivi l'opinion de Jacques Millet, qui lui fait tuer Hector par derrière, pendant que celui-ci se bat contre Ajax.

En 1468, un auteur inconnu donna le Mystère du trépassement Notre-Dame.

En 1478, nous trouvons l'Histoire de Job, également sans auteur connu.

En 1479, l'Incarnation et Nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en deux journées.

Enfin, en 1480, apparaît Pierre Blanchet, de Poitiers, d'abord robin, puis auteur, puis prêtre.

C'est l'auteur de la farce de Pathelin, la comédie la plus populaire peut-être qui soit, dont il y a onze éditions avec un texte différent. Les scènes du marchand de drap et d'Agnelet ne sont point indignes de la plus divertissante comédie, et l'on sait comment on les joue tous les jours sous le nom de Brueys et Palaprat, bien que l'abbé Brueys s'en soit toujours prétendu le seul auteur.

En 1486, nous avons les Mystères de la Conception, de la Passion et de la Résurrection de NotreSauveur Jésus-Christ, d'un certain Jean-Michel, poète Angevin. Nous n'examinerons point si la Croix-du-Maine ou les frères Parfait ont raison,

si ce Jean-Michel était véritablement l'évêque d'Angers ou le médecin du roi Charles VIII. Ses Mystères d'ailleurs n'ont rien de remarquable comme progrès dramatique.

De 1491 jusqu'en 1505, le théâtre retombe dans la représentation ordinaire des mystères. C'est ainsi que nous avons la Vengeance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et puis tout le Vieil Testament en plusieurs mystères.

En 1505, une légende est mise sur le théâtre, encore dans une grande simplicité d'intrigue et d'action: mais au moins là nous retrouvons l'invention, puis, comme dans un mélodrame moderne, la vertu récompensée et le vice attrapé dans la personne de Satan. La pièce est intitulée l'Homme qui donne sa femme au diable. C'est un de ces bons vieux contes populaires où Satan se brûle les doigts au feu qu'il a allumé lui-même.

En 1506, encore des vérités pratiques; mais cette fois c'est la philosophie et le sermon mises sur le théâtre. C'est une moralité intitulée Mundus, Caro, Dæmonia.

En 1508, une autre moralité du même genre, de Simon Bourgoin, valet de chambre de Louis XII, intitulée l'Homme juste et l'Homme mondain.

Comme on voit, Molière n'était pas le premier auteur dramatique, valet de chambre du roi.

En 1511 florissait Pierre Gringoire, ou plutôt Gringore, héraut d'armes du prince de Lorraine. C'est lui qui se donnait à lui-même le titre de

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