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le Muet insensé et la Néphelococugie; la première, comédie en cinq actes, la seconde, imitation d'Aristophane, sans actes, ni scènes, mais avec strophes, anti-strophes, alléo-strophes, pau

ses, etc.

Pierre Le Loyer semble s'être si bien inspiré, ́d'Aristophane, qu'il l'égale en obscénité. C'est là le signal de ces comédies licencieuses qui viennent souvent salir la scène jusques et y compris les pièces de Corneille de Blessebois, écueil qu'ont toujours scrupuleusement évité nos grands auteurs. Nous verrons quel mérite et quel instinct de génie il a fallu à Pierre Corneille pour s'en abstenir entièrement.

En 1576, fut imprimée pour la première fois Lucelle, tragédie en prose, de Louis le Jars, secrétaire de la chambre de Henri III. C'est encore un vrai mélodrame que cette tragédie. Je crois que c'est là qu'on a employé pour la première fois, comine moyen dramatique, le poison changé en breuvage somnifère. Reconnaissance, mariage secret, prince déguisé, vengeance pour le moins espagnole d'un père, enfin le Deus sous la forme d'un apothicaire, qui vient mettre tout le monde d'accord et ressusciter les morts. La fille et son amant se jettent dans les bras du père ci-devant - barbare et maintenant touché jusqu'aux larmes, et la toile tombe.

Du même temps, il y a une comédie provençale sans intrigue ni action, et parfaitement insi

gnifiante, intitulée : Comédie de Seigne Peyre et Seigne Joan, dialogue sur la paix entre deux paysans du Dauphiné.

En 1577, nous avons de Gérard de Vivre, natif de Gant, la comédie des Amours de Theseus et de Dianira, et la comédie de la Fidélité Nuptiale: ces deux pièces font assez d'honneur à la moralité de l'auteur, qui dans la seconde était souvent sur la pente d'un sujet glissant ; mais, littérairement parlant, elles n'ont rien de remarquable.

En cette année 1571, mourut Remi Belleau, né à Nogent-le-Rotrou, en 1527. Nous l'avons vu, ami de Jodelle, jouer avec lui sa Cléopâtre devant le roi Henri II. Remi Belleau est auteur d'une comédie, intitulée la Reconnue. Cette fois-ci on ne peut pas reprocher à la pièce de manquer d'intrigue et d'action. La religieuse enlevée par le capitaine Rodomont et rendue à la vie séculière, a trois amoureux, le capitaine Rodomont d'abord, puis deux avocats, l'un vieux, l'autre jeune. La victoire finit par rester à la robe, et le jeune avocat épouse la ci-devant religieuse Antoinette. Cette pièce est fort bien conduite.

Nous ne pouvons pas en dire autant de la farce des trois suppôts de l'imprimerie, imprimée en 1578, sans nom d'auteur; pièce qui n'a rien de plaisant malgré son titre de farce et qui procède pour la liberté du langage des comédies de Pierre le Loyer.

Nous voici revenus aux églogues et aux pasto

rales avec Jacques de Fonteny, confrère de la passion qui donna la Chaste Bergère, la Galatée divinement délivrée et le Beau Pasteur. Celle-ci est la traduction dialoguée de la seconde églogue de Virgile.

Jacques de Fonteny est aussi auteur des Bravacheries du capitaine Spavente, ouvrage traduit de l'italien, dialogue peu fait pour le théâtre; mais c'est vraisemblablement l'origine des matamores introduits depuis par l'usage dans une foule de comédies et de tragédies, et que Corneille lui-même mit avec succès dans une de ses premières pièces. C'est aussi ce nom de Spavente qui fait dire dans une pièce moderne :

J'irai croiser le fer

Avec don Spavento, capitan de l'enfer.

Adonis, tragédie en cinq actes, avec chœurs de Guillaume-le-Breton, fut imprimée en 1579. C'est un des plus piètres ouvrages dramatiques qui aient jamais été faits.

Pierre de la Rivey fit lui-même imprimer en 1579 six comédies en prose qu'il avait composées; ce sont le Laquais, la Veuve, les Esprits, le Morfondu, le Jaloux, les Écoliers, la Constance, les Tromperies, le Fidèle.

Quelques unes de ces pièces sont assez ennuyeuses; les mœurs en sont basses et le style souvent obscène; la morale finale y est souvent

peu respectée et les aphorismes qu'on y remarque, malgré leur esprit et le trait qui souvent y est heureusement lancé, peuvent mieux que les opéras de Quinault être traités de

Lieux communs, de morale lubrique.

Cependant, au milieu de tout cela, il y a de la science de comédie, des caractères bien tranchés. Mais c'était vers ce temps que Regnier le satirique commençait à poindre à l'horizon, et tout se sentait de la crapule où vivaient les gens de lettres de cette époque; il était donné seulement à quelques hommes privilégiés, comme Malherbe, Racine et Corneille, de les en tirer.

La comédie de la Veuve n'a que le titre de commun avec la comédie que Pierre Corneille fit représenter en 1634; mais dans la comédie intitulée les Esprits, il y a un admirable caractère d'avare. Molière qui prenait son bien où il le trouvait, et qui connaissait parfaitement l'ancien théâtre, pourrait bien s'être servi de Pierre de la Rivey, comme il s'est servi de Plaute, dans son admirable comédie.

En 1580, outre la tragédie d'Holopherne, d'Adrien d'Amboise, et les Plaisants devis des suppôts du Seigneur de la Coquille, faible et inepte rapsodie, il faut encore signaler l'Avare Cornu de François Chapuis, comédie en cinq actes et en vers de quatre pieds, moins libre que son

titre ne pourrait le faire supposer, facilement écrite, et dans laquelle se trouve une scène de séduction avec un diamant dont Molière a reproduit le moyen dans son Bourgeois Gentilhomme; puis encore une tragédie patriotique de Fronton du Duc, Jésuite de Bordeaux, intitulée : Histoire tragique de la Pucelle de Domrémy, autrement d'Orléans.

Ce sujet, sans contredit, le plus tragique et le plus théâtral qui soit dans notre histoire avec celui de Sainte-Geneviève, est un mélodrame dans le genre de la Pie Voleuse; il est du reste à remarquer qu'aucun de ces sujets n'a été traité convenablement. Le drame de Schiller même et la tragédie de d'Avrigny ne sont pas plus à la hauteur du sujet que la pièce du Jésuite de Bordeaux.

Les miracles et l'intervention nécessaire du ciel dans cette pièce inspirèrent Thomas-le-Coq, prieur de la Sainte-Trinité de Falaise, et lui firent composer un mystère dans le goût des pièces anciennes, intitulé l'Odieux et sanglant meurtre commis par le maudit Caïn à l'encontre de son frère Abel, ouvrage fort mal fait et qui ne put inspirer aucun intérêt, habitué que l'on était au jeu des passions humaines et aux pièces intriguées.

C'est encore un sujet avec lequel on n'a jamais pu intéresser au théâtre : le dénouement prévu, le crime odieux en sont probablement la cause. Toujours est-il que l'abbé Aubert ne put intéres

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