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ser en 1765 avec son drame en trois actes, imité
de Gessner, intitulé la Mort d'Abel, et que j'ai vu
le public bailler avec indifférence à un petit
drame en deux actes sur le même sujet.

En opposition avec les pièces morales, il nous

reste d'Odet de Tournebu, fils du fameux Adrien

Turnèbe, une comédie en cinq actes et en prose,

intitulée les Contents, dont le style est fort libre et

où les plaisanteries des valets sont fort indé-

centes, malgré le rang de l'auteur qui fut prési-

dent de la Cour des Monnaies.

En 1582, Guillaume de la Grange, périgourdin,

donna une Didon en tout point fort inférieure au
bel ouvrage de Jodelle. Le quatrième livre de
Virgile semble n'avoir inspiré à ce la Grange
qu'une traduction dans le genre de l'Énéide Tra-
vestie de Scarron, auquel l'auteur ressemble beau-
coup par son style.

Dans le même temps, Jean de Beaubreuil, li-

mousin, fit imprimer un Régulus, tragédie sans

femmes, tragédie fort inférieure au Régulus de

Pradon, et Pierre Heyns donna deux tragédies

sacrées intitulées, l'une le Miroir des Veuves, his-

toire d'Holopherne et de Judith, et l'autre Joke-

bed, miroir des mères, tirée de l'enfance de

Moïse.

En 1583 et en 1586, on imprima aussi, sous le

pseudonyme de Messer Philone, deux tragédies
sacrées, intitulées Josias et Adonias; on les attri-
bue à Louis Desmazures, auteur de la Trilogie de

David; mais on ne voit pas la raison qui lui eût fait prendre ce pseudonyme.

En 1584, fut imprimée une comédie de François d'Amboise, frère de l'auteur d'Holopherne; elle est en prose, intitulée les Napolitains, fort spirituelle, mêléc de proverbes à la façon de Sancho et du Figaro de Beaumarchais; mais elle est fort libre, et les paroles ne pourraient passer que dans une langue comme la latine, qui dans les mots brave l'honnêteté.

Nous retombons maintenant dans les pastorales avec le célèbre Honoré d'Urfé, l'auteur de l'Astrée; il composa l'épithalame pudique en l'honneur de M. et de Mme de Tournon, et y représenta lui-même Apollon, vêtu d'une grande robe de taffetas cramoisi orange, garnie d'argent, un mantelet d'argent flottant sur ses épaules, une perruque, un visage doré et un soleil rayonnant autour de sa tête.

Il composa en outre la Sylvanire, fable bocagère en cinq actes, où paraissent les bergers du Lignon, et où l'on remarque des chœurs qui chantent les vers les plus coquets et vraiment les plus jolis du monde. C'est une pastorale dans le genre italien; n'étaient les fadeurs qui nous semblent ridicules, il y a véritablement de fort jolies choses, et l'on comprend la vogue qu'eut de son temps l'auteur de l'Astrée.

En 1584, on imprima aussi une pastorale de Joseph Duchesne, sieur de la Violette, de Genève, également auteur de l'Ombre de Garnier Stoffa

cher, tragi-comédie en trois actes et en vers, toutes deux faites pour célébrer la paix et le bon accord de la Suisse et l'alliance de divers cantons.

Avec la Thébaïde, tragédie sans distinction de scène, de Jean Robelin, bourguignon, il nous est encore parvenu du même temps deux pièces de Jean-Édouard du Monin, assassiné à vingt-sept ans, intitulées l'une la Peste de la Peste, tragédie allégorique, et l'autre Orbec-Oronte. Cette pièce, pleine de latinismes où l'auteur a Ronsardisé, quant au style, comme disait Malherbe lorsqu'il lui échappait quelque bizarre épithète, passe en tragique la situation d'Atrée et de Thyeste, et même celle d'OEdipe: inceste, parricide, infanticide, suicide, rien n'y manque.

Dans l'année 1585, nous mentionnerons le pseudonyme Olenix ou plutôt Olanix de Montsacré, pour rendre l'anagramme exact, nom sous lequel Nicolas de Montreux fit représenter nombre de pièces, si l'on en croit les recherches de Beauchamps sur le théâtre; celles qui sont imprimées sont Athlette, pastorale ou pastourelle, Diane idem, Arimène, aussi pastorale, les tragédies d'Isabelle et de Sophonisbe, et la Comédie de Joseph.

Mellin de Saint-Gelais avait déjà introduit la Reine de Numidie sur la scène, dans sa traduction de la Sophonisbe de Trissin; la même Sophonisbe fut traduite par Claude Mermet. Antoine de MontChrétien donna aussi, en 1596, une Sophonisbe.

Enfin on connaît les deux Sophonisbes de Mairet et de Corneille et la prédilection singulière de Voltaire pour la première. Nous nous réservons de parler plus au long de ces diverses pièces, quand nous examinerons la Sophonisbe de Corneille.

Pierre Mathieu, principal du collège de Verceil, en Piémont, donna, vers le même temps, plusieurs tragédies: Esther, Vasthi, Aman, qui ne sont des dédoublemens les unes des autres. que La Guisiade est une pastorale que l'on trouve à la fin d'Esther.

Les tragédies sacrées n'ont aucune espèce de rapport avec la tragédie d'Esther de Racine. L'auteur a surtout une façon à lui d'insérer dans ses tragédies les proverbes les plus populaires, comme celui-ci :

Celui qui vers le ciel levant sa face crache,

De son baveux crachat, il reçoit l'orde tache.

Ce proverbe se trouve dans Esther; il est plus fort sur la plaisanterie. Voici deux vers de Vasthi:

ASSUÉRUS.

On loue un prince à table et valeureux à boire.

UN COURTISAN.

Une éponge aura donc autant que lui de gloire?

Quant à la Clytemnestre, elle n'a rien non plus de commun avec celle de Crébillon. Son langage parfois sent beaucoup la poissarde, et ses reproches sont ceux d'une femme de la halle en carnaval.

Au même temps, fut imprimée à la suite des œuvres de Ronsard, une églogue sur sa mort de Claude Binet.

En 1586, a été imprimée la Comédie Française de Benoît Vazan, maître ès-arts, intitulée l'Enfer poétique.

C'est une double pléiade en façon d'opposition du bien au mal, d'Ormuz à Arimane: sept personnages antiques sont chargés de personnifier les sept péchés capitaux, et sept héros anciens jouent le rôle des sept vertus; ces personnifications sont assez bien choisies, sauf une qu'on aura de la peine à croire. Diogène est chargé d'être le mythe de l'humilité.

Au même temps, Jacques Duhamel fit imprimer et dédier à-Philippe Desportes, abbé de Tiron, sa tragédie d'Acoubar. Je crois que c'est le premier héros indien mis en scène. Comme je l'ai dit, certaines pièces antiques ont beaucoup d'air de famille avec les mélodrames modernes. Combats, tournois, duels, déguisemens, tout cela rappelle l'Amazampo, joué il y a dix ans à l'Ambigu, bien plus que le Montézuma de Ferrier ou le FernandCortez de Piron.

Duhamel mit aussi en vers la Lucelle de Louis Lejars.

Avec Philippe Bosquier, nous retombons, en 1588, dans la tragédie mystique, et le titre sent furieusement les sermons de Petit père André ; sa

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