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L'auteur de l'ouvrage n'a plus besoin d'être longuement présenté aux lecteurs. Rappelons donc simplement que Rousselot est le principal fondateur de la linguistique expérimentale et que, on devine après combien d'efforts, il a réussi finalement à constituer à Paris un véritable laboratoire, très bien organisé, de phonétique. La supériorité des méthodes qu'il a introduites dans cette dernière science est désormais évidente, et il n'est pas besoin d'être grand prophète pour prédire que leur adoption par tous les linguistes (comme aussi par tous les psychologues) n'est probablement plus qu'une question de temps.

L'ouvrage qu'il publie a pour but de faciliter à ceux qui les ignorent encore la connaissance et la pratique de ces méthodes et il remplit ce but de la façon la plus complète.

Le présent volume traite des éléments acoustiques de la parole, des moyens d'observation, des moyens d'expérimentation, de l'analyse physique de la parole, et des organes de la parole.

Les pages consacrées aux éléments acoustiques de la parole (chap. I) renferment tout ce qu'il est nécessaire de savoir en fait d'acoustique pour pouvoir aborder les problèmes physiques qui se posent dans l'étude de la parole. Ainsi, on y trouvera clairement exposé ce qu'est une onde sonore, ce qu'on appelle hauteur, intensité, phase, timbre, etc.

Les parties du livre les plus originales sont celles qui se rapportent aux moyens d'observation (chap. II) et d'expérimentation (chap. III), et elles comprennent plus de la moitié du volume.

Après avoir décrit l'oreille, Rousselot expose comment peut se faire l'éducation de cet organe en ce qui concerne la perception de la parole. Il cite quelques faits qui montrent d'ailleurs combien même. l'observateur exercé est exposé à se tromper sur les sons qu'il entend lorsqu'il en est réduit à les constater par le seul moyen de son oreille. Il y a donc nécessité, pour pouvoir arriver à déterminer avec exactitude les sons de la parole, de recourir à des moyens plus parfaits que la simple observation. Bref, il faut faire appel à l'expérimentation.

Rousselot expose longuement les méthodes d'expérimentation dont la linguistique, dès maintenant, dispose: méthode graphique, palais artificiel, transmission électrique, flammes manométriques et photographie de ces flammes, phonographe, etc. Tout ce qui a trait à ces

diverses méthodes est expliqué de la façon la plus claire et celui qui l'aura lu attentivement sera en mesure, presque sans autre préparation, d'aborder la manipulation de tous les instruments que Rousselot décrit.

Le chap. IV du volume traite surtout de l'analyse physique des voyelles. La question de l'analyse des voyelles est l'une de celles qui ont intrigué le plus les physiciens et auxquelles, en Allemagne notamment, ils ont consacré le plus d'efforts. Malgré tous ces efforts, elle n'est encore d'ailleurs que partiellement résolue. Les méthodes, extrêmement intéressantes, soit purement physiques, soit à la fois physiques et mathématiques, qui ont été appliquées à l'étude de cette question par Helmholtz, Donders, Koenig, Doumer, Hensen, Pipping, Hermann, Raps et d'autres encore, ainsi que les principaux résultats obtenus sont passés en revue par Rousselot; on trouverait difficilement, croyons-nous, même dans les plus considérables traités de physique, un exposé aussi complet de la question.

Le chap. V, qui termine le volume, est consacré aux organes de la parole. C'est plus qu'un résumé, car il contient (et encore ne finit-il pas avec le volume) près de 90 pages; c'est une description complète de tous les organes (os, muscles, appareils nerveux) qui interviennent dans la production du langage.

Il ne nous reste qu'à souhaiter la prompte apparition de la deuxième partie de l'ouvrage.

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B. BOURDON.

Paul Sébillot, Bibliographie des traditions populaires de la Bretagne (1882-1894), extrait de la Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou, t. XII, in-8°, 42 p.

Cette bibliographie fait suite à la Bibliographie des traditions et de la littérature populaire de la Bretagne, par H. Gaidoz et Paul Sébillot, 1882 (extrait de la Revue celtique, t. V, pp. 277-338), qu'elle rectifie et complète sur quelques points. Elle se divise en deux parties: Haute-Bretagne et Basse-Bretagne.

Pour la Haute-Bretagne, les chapitres sont intitulés : patois, pp. 4-5; - contes, pp. 5-13; · illustrations de contes, pp. 13-14; chan

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sons, pp. 14-18;

proverbes et blason, pp. 18-19;

devinettes, pp. 19-20; formulettes et prières populaires, p. 20; - ethnographie traditionnelle, pp. 20-23; costumes, p. 23; livres populaires, pp. 23-24; - imagerie et ustensiles populaires, p. 24. Pour la Basse-Bretagne, la bibliographie est classée sous les chefs suivants contes et légendes, pp. 24-30; illustrations de contes, p. 30; chansons, pp. 31-35; - devinettes, pp. 35-36; - formulettes et prières populaires, p. 36; - proverbes et dictons, p. 36; théâtre populaire, p. 37; - traditions, mœurs et usages, pp. 37-41; costumes et imagerie, pp. 41-42.

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On ne saurait trop remercier M. Sébillot d'avoir mis à la disposition des folkloristes un aussi utile instrument de travail. Il nous a semblé que les Annales de Bretagne n'avaient pas été dépouillées avec autant de soin que les autres revues bretonnes. Ainsi, le travail de F. Berthelot sur les patois du nord de l'Ille-et-Vilaine n'est pas mentionné. La table analytique des tomes I-XII des Annales de Bretagne, qui paraîtra prochainement, permettra à M. Sébillot de combler sans grand'peine les quelques lacunes que nous avons pu constater.

G. DOTTIN.

ALPHONSE VÉTAULT

Alphonse Vétault est mort le 19 mars 1898, dans sa cinquante-cinquième année, à la suite d'une longue maladie, après de cruelles souffrances courageusement supportées, couronnant par une fin vaillante une noble existence. La ville de Rennes perd en lui un bibliothécaire incomparable; la Faculté des lettres, un précieux auxiliaire et un ami dévoué.

La municipalité s'est honorée en rendant hautement hommage, sur sa tombe, aux éminentes qualités qui lui avaient concilié l'estime et la sympathie générales une science bibliographique des plus étendues et une activité incessante, toujours en éveil, qui lui ont permis de mener à bonne fin la tâche écrasante de cataloguer et classer méthodiquement près de cent mille volumes, tout en maintenant la bibliothèque, avec des ressources des plus modestes, au rang des meilleures de France; une fermeté rare dans l'exécution des règlements, jointe à la courtoisie la plus constante et une infatigable complaisance vis-à-vis de nombreux lecteurs.

Au nom de l'Ecole des Chartes, M. Parfouru, le savant et sympathique archiviste d'Ille-et-Vilaine, un de ses meilleurs amis, a retracé, en quelques mots émus, la carrière de

M. Vétault; rendu justice à l'érudit et à l'écrivain, et fait ressortir les éminentes qualités d'un homme chez lequel le caractère était à la hauteur du talent.

La reconnaissance nous fait un devoir de nous associer au concert unanime d'éloges et de regrets qui ont accueilli l'annonce de sa fin. M. Vétault avait compris que, dans une ville comme la nôtre, la bibliothèque municipale, sans manquer à sa tâche de vulgariser les connaissances utiles et de tenir des lecteurs de condition et d'aptitude très diverses au courant des progrès de la science et du mouvement littéraire, doit être l'auxiliaire et le complément de la bibliothèque universitaire, ou mieux que les deux sont appelées à se prêter un mutuel appui. Il ne se bornait pas à accueillir avec faveur, quand il ne les provoquait pas lui-même, les demandes des professeurs; il était heureux de mettre à leur disposition toutes les richesses du dépôt qui lui était confié, et, si on y faisait appel, les ressources d'une érudition solide et étendue. Il nous était d'ailleurs uni par un lien particulier : comme il l'a dit plus d'une fois en souriant, dans ces dernières années, il pouvait prétendre au titre de doyen des étudiants de l'Université de Rennes.

Il n'a cessé, en effet, jusqu'au moment où la maladie qui le minait l'a confiné chez lui, de suivre le cours de celtique, à partir du mois de décembre 1883, date de sa création. C'était pour lui, affirmait-il, un délassement dans ses travaux professionnels, et un repos pour son esprit : s'il y a d'abord été attiré par une curiosité légitime, le désir de pénétrer dans des études dont il comprenait l'importance et qu'il ne se fût pas cru permis d'ignorer comme directeur d'une des grandes bibliothèques de Bretagne, je

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