portés à la vertu. Leur exemple fera beaucoup d'impreffion fur votre efprit, & il vous attirera doucement à leur imitation. Ayez donc fomm de les bien choifir, pratiquant exactement ce bel avis de S. Jérôme à Népotien: Ayez, dit-il, des compagnons dont la converfation né falle aucun tort à votre réputation. Qu'ils ne foient point tant ornés de beaux habits de vertu, & qu'ils n'aient pas foin de frifer leurs cheveux, mais de porter fur eux-mêmes la pudeur & l'honnêteté. Reconnoiffez ceux, qui font tels, aimez leur compagnie, remar quez fouvent leur modeftie, leur piété, leurs bonnes actions, & tâchez de les imiter par une faintę & férieufe émulation qui ne vous permet pas d'être des derniers au fervice de votre Créateur. que CHAPITRE XI X. De la dévotion à la Ste Vierge & à S. Jofeph. IL L me reste enfin, cher THÉOTIME, un dernier moyen, mais des plus puiffans pour vous aider à acquerir la vertu durant votre jeunesse, qui eft la dévotion à la fainte Vierge. Il est infaillible pour ceux qui s'en fervent bien, parce qu'il fait trouver en même temps la plus puiffante interceffion que nous pouvons avoir auprès de Dieu pour obtenir fes graces, & le. plus parfait modele de vertu que nous puif. fions imiter, Après Dieu, & la très-adorable humanité. de fon Fils JESUS-CHRIST, nous devons finguliérement honorer & aimer la fainte Vierge, à caufe de cette très-haute & très-excellente dignité de Mere de Dieu, qui la relève infiniment par-deffus toutes les créatures que Dieu a jamais faites. ✨i C'est d'elle que nous pouvons tirer tous les fecours qui nous font néceffaires. Elle est toute puiffante envers Dieu pour obtenir de lui tour ce qu'elle lui demande : elle est toute bonnet envers nous pour s'employer pour nous auprès de lui. Etant la Mere de Dieu, il ne lui peut refufer ce qu'elle lui demande; étant notre Mere, elle ne peut nous dénier fon interceffion, quand nous avons recours à elle. Nos miferes lui touchent le cœur, nos néceffités la preffent, les prieres que nous lui faifons pour notre falut, emportent d'elle tout ce que nous lui demandons. Et S. Bernard ofe bien dire que jamais perfonne n'a invoqué cette Mere de miféricorde en fes néceffités, qu'il n'ait reffenti les effets de fon affiftance. Que fi la fainte Vierge a tant de bonté pour tous les hommes, nous pouvons dire qu'elle en a une toute particuliere pour les jeunes gens de qui elle fait que la foibleffe eft plus grande & les néceffités plus preffantes, principale ment pour la confervation de la chafteté plus -combattue en cet âge, & dont elle eft la finguliere protectrice. Les hiftoires font pleines des exemples des Saints qui ont confervé cette grande vertu dans leur jeuneffe par l'affiftance de cette Reine des Vierges. Et l'expérience en fait voir tous les jours plufieurs qui remportent de grandes victoires par le recours qu'ils ont à fon interceffion, & qui s'avancent heureu fement dans la vertu par la protection qu'elle leur donne, & par les graces qu'elle leur fait obtenir de Dieu. Soyez donc dévot à la fainte Vierge, cher THÉOTIME; mais au nom de Dieu, ne le foyez pas comme plufieurs qui mettent toute cette dévotion à lui faire quelques prieres ordinaires plutôt par coutume que par vertu, & qui d'ailleurs ne fe foucient point de lui déplaire horriblement par une vie remplie de péchés mortels qu'ils commettent fans aucun fcrupule. O Dieu, quelle dévotion! vouloir plaire à la Mere, & crucifier fon Fils tous les jours; fou ler aux pieds fon fang, & méprifer fa grace & fon amitié! N'eft-ce pas être ennemi du Fils & de la Mere. O mon cher THÉOTIME, votre dévotion envers la fainte Vierge doit être toute autre que celle-là! il faut qu'elle foit plus généreuse & plus fainte. Et pour vous le dire clairement, fi vous voulez être vrai enfant & vrai ferviteur de la Vierge, il eft néceffaire que vous ayez foin de faire quatre choses. 1. D'avoir une grande appréhenfion de lui déplaire par le péché mortel, & d'affliger fon cœur maternel en déshonorant fon Fils &en: perdant votre amé. Et s'il vous arrivoit de tomber dans ce malheur, recourez promptement à elle, afin qu'elle foit votre médiatrice pour vous réconcilier avec fon Fils griévement irrité contre vous. Elle eft le réfuge des pécheurs auffi-bien que des juftes, pourvu qu'ils avent recours à elle avec un véritable défir de fe convertir, comme dit S. Bernard 2. Aimez & imitez fes vertus, & principalement fon humilité & fa chafteté. Ces deux vertus entre les autres l'ont rendue uniquement agréable à Dieu; elle les aime fingulié rement dans les enfans, & elle fe plaît à affifter de fes faveurs ceux dans lefquels elle les connoît davantage, felon le même Saint. 3. Ayez recours à elle pour les néceffités de votre falut. Et pour cela faites-lui tous les jours quelques prieres particulieres, récitez le Chapelet ou le petit Office quelquefois la semaine : faites quelque chofe en fon honneur tous les Samedis, comme prieres, abftinences ou au mônes : honorez particuliérement fses Fêtes par la Confeffion & la Communion. 4. Souvenez-vous, de l'invoquer dans les tentations & dans les dangers où vous vous trouverez d'offenfer Dieu. Vous ne fauriez l'honorer davantage qu'en ayant recours à elle dans ces néceffités preffantes; & vous ne pouvez trouver de fecours plus prompt & plus favorable que le fien. C'eft le confeil de faint Bernard. Si les vents des tentations fe levent contre vous, fi vous tomber dans les écueils des tribulations, regardez votre étoile, invoquez Marie. Dans les dangers, dans les extrémités, dans les affaires douteuses, penfez à Marie, invoquer Marie. Ayez-la dans la bouche & dans le cœur : & afin que vous obteniez le fecours de fon interceffion, n'oubliez pas d'imiter fes vertas. Si vous faites ainfi, cher THÉOTIME, vous aurez la vraie dévotion à la fainte Vierge, vous ferez du nombre de fes vrais enfans, elle fera votre mere; & tant que vous ferez fous fa protection, vous ne périrez jamais. Retenez bien cette belle parole de S. Anfelme qui ne feint point de dire, que comme il eft néceffaire que celui-là fe perde, qui n'aime point la fainte Vierge, & qui eft délaiffé d'elle; auffi eft il impoffible que celui-là périsse, qui a recours a elle, & qu'elle regarde des yeux de fa mifé ricorde. Je finis par un bel exemple que je vous produirai pour preuve de cette vérité. Sainte Brigitte avoit un fils de la profeffion des armes, qui mourut à la guerre. Ayant appris la nouvelle de cette mort, elle entra dans une grande inquiétude pour le falut de fon fils mort dans une condition fi dangereufe. Et comme elle étoit fouvent favorifée de Dieu par des révélations particulieres dont elle a compofé un Livre, elle fut affurée du falut de fon fils par deux révélations confécutives. Dans la premiere, la fainte Vierge lui révéla qu'elle avoit affifté fon fils d'une protection particuliere à T'heure de fa mort, l'ayant fortifié contre les tentations, & lui ayant obtenu toutes les graces néceffaires pour faire une fainte & heureufe mort. Dans la fuivante, elle lui déclara la caufe de cette affiftance finguliere qu'elle avoit rendue à fon fils; & elle lui dit que g'avoit été pour récompenfe de la grande & fincere dévotion qu'il avoit eue pour elle du rant fa vie, pendant laquelle il l'avoit aimée d'une amour très-ardent, & avoit tâché de lui plaire en toutes chofes. Voilà, THÉOTIME ce que la véritable |