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la vue de Dieu rempliffant les bienheureux d'une joie immortelle, fera une fête qui n'aura jamais de lendemain, & qui durera dans toute l'éternité. C'eft principalement en ces jours, THÉOTIME, que nous devons dire avec le Prophete: Que vos demeures céleftes font aimables, 6 grand Dieu! Mon ame foupire après elle jufqu'à mourir. Bienheureux font ceux qui demeurent en votre maison pour y chanter vos louanges éternellement ; & bienheureux eft celui qui par le fecours de votre grace remplit fon cœur des vertus, qui lui fervent de dégrés pour monter de cette vallée de larmes à cette de meure fi défirable.

CHAPITRE XXII. De l'affiftance à la Paroiffe. J'AJOUTE ici ce fujet, parce qu'il fert beaucoup pour la célébration des Fêtes dont je viens de parler, & que c'eft un très bon moyen pour conduire les hommes à une folide piété : c'est pourquoi je veux vous en donner une inftruction qui puiffe vous fervir toute votre vie,

Pour prendre la chofe en fa fource, il faut favoir que les Apôtres après l'Afcenfion du Fils de Dieu ayant changé le Sabbat des Juifs au premier jour de la femaine, pour être dés dié au fervice de Dieu, & à la fanctifica tion des ames, ils établirent en ce jour des affemblées des Fideles, où chacun fe trouvoit exactement pour prier en commun, en tendre la parole de Dieu, affifter à la célébration des divins Myfteres, & aux collectes des

aumônes qui s'y faifoient pour le foulagement des Chrétiens néceffiteux.

Les actes des Apôtres nous donnent des marques de cette inftitution au chap. 20. par ces paroles: Lorfque nous fumes assemblés pour rompre le pain au premier jour de la femaine & S. Paul, quand il ordonna aux Corinthiens qu'au premier jour du Sabbat chacun mít à part ce qu'il voudroit donner pour les pauvres, où par ces mots uná Sabbati eft entendu le premier jour de la femaine qui eft ainfi appellé dans l'Evangile de S. Marc, & valdè manè una Sabbatorum, c'est-à-dire, primâ, comme il est expliqué dans l'Evangile de S. Matthieu, quæ tuceffit in prima Sabbati.

Il eft parlé en ces deux endroits du jour de la Réfurrection de notre Seigneur, qui arriva le lendemain du Sabbat. Et ce jour fut appellé dès ce temps-là le jour du Seigneur, comme S. Jean l'appelle en fon Apocalypfe.

Quant aux affemblées de ce jour, le canon dixieme des Apôtres en parle diftinctement, ordonnant que tous les Chrétiens qui s'affemblent dans l'Eglife aux jours folemnels, y affiftent pour prier jufqu'à la fin, & qu'ils y communient. S. Ignace, contemporain des Apô tres, en fait mention en fes Epîtres, & d'autres anciens Auteurs, mais particuliérement S. Juftin Martyr, qui vivoit au deuxieme fiecle l'an 150. & Tertullien qui le fuivoit de trente ans.

Le premier, en la feconde Apologie qu'il a faite pour les Chrétiens, décrit diftinctement tout ce qui fe faifoit en ces affemblées, qui font les mêmes chofes que l'on fait à la Meffe de

Paroiffe. Voici ce qu'il en dit: Au jour que l'on nomme du foleil, il fe fait une affemblée de tous ceux qui demeurent dans les villes, ou à la campagne; & là on lit les Livres des Apôtres ou les Ecrits des Prophetes, felon que le temps le requiert. Après la lecture, celui qui préfide, fait un difcours par lequel il inftruit le peuple, & l'exhorte à pratiquer les belles chofes qui ont été lues. Enfuite chacun fe leve pour faire les prieres; après lefquelles fe fait l'oblation du pain, du vin & de l'eau. Le Célébrant continue fes prieres & fes actions de graces, peuple répondant par fes acclamations, Amen. Après quoi on fait la diftribution & la commu¬ nication des faints Myfteres à chacun des affiftans. A la fin, ceux qui ont quelques moyens font leurs aumônes, qui font recueillies & mifes entre les mains du Supérieur, qui les emploie aux néceffités des pauvres dont il eft le curateur.

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Tertullien, en fon Apologétique, chap. 39. dit que les Chrétiens s'affembloient pour prier avec plus de force, compofant comme un corps d'armée pour faire envers Dieu un faint effort, dont la violence lui étoit très-agréable; qu'en ces affemblées on faifoit la lecture des faintes Ecritures qui fervoit à nourrir la foi, élever l'efpérance, & fortifier le courage des fideles ; qu'on y faifoit les exhortations & les remontrances néceffaires à chacun ; & même que quand quelqu'un avoit commis une faute digne de châtiment, on le puniffoit en le privant de l'entrée de ces faintes affemblées; ce qui étoit eftimé une très-grande peine. Enfuite il parle. des aumônes qu'on y faifoit pour l'affiftance des pauvres & des affligés.

Sur quoi il faut remarquer que durant les trois premiers fiecles de l'Eglife où elle vivoit au milieu des perfécutions, il arrivoit souvent que les Chrétiens n'avoient pas de lieux arrêtés, ou qui fuffent publics, pour tenir ces alfemblées; & qu'ils les faifoient dans les maifons particulieres, & fouvent en cachette. Mais après qu'il eut plu à Dieu de donner à son Eglife la paix & la liberté fous les Empereurs Chré

, on commença à bâtir librement des Eglifes, où les Fideles s'affembloient aux jours de Dimanches & de Fêtes, fous la conduite du Pasteur qui leur étoit donné pour avoir foin de leur falut.

Ce fut alors que l'ufage des Paroiffes & de la Meffe Paroiffiale en ces faints jours commença de paroître en fon luftre. Et depuis ce temps-là il a toujours été confervé dans l'Eglife, & recommandé aux Fideles avec beau coup de foin, comme une chofe néceffaire au fervice de Dieu & au falut des ames, pour l'inf truction des peuples & la conduite des mœurs, & pour conferver l'ordre & la difcipline en l'Eglife; & même il a été commandé comme une chofe d'obligation.

Cela fe voit en la plus grande partie des Conciles, tant généraux que particuliers, qui ont été tenus en tous les temps, & nouvellement dans le Concile de Trente, lequel renouvellant & appuyant les précédens en la Seffion 22. ordonne aux Evêques d'avertir leurs peuples d'aller fouvent à leurs Paroiffes, au moins aux jours de Dimanches & aux Fêtes folemnelles; de les y contraindre par cen

fures Eccléfiaftiques. En la Seffion 24. il or donne encore que les Evêques avertiffent foigneufement leurs peuples que chacun eft obligé d'affifter à la Paroiffe, pour y entendre la parole de Dieu, lorfqu'on le peut faire fans une incommodité confidérable.

Voilà l'institution des Paroiffes, & de la Meffe Paroiffiale, qui nous fait connoître trois chofes, de l'ignorance defquelles provient le mépris qu'on en fait; fon ancienneté, fa fin & fon obligation.

Elle eft auffi ancienne que l'Eglife même. Sa fin eft pour gouverner le peuple Chrétien avec ordre & facilité, chacun ayant fon propre Pasteur pour veiller à fon falut, & chaque Pafteur fon Eglife qui eft comme la bergerie où les ouailles s'affemblent pour recevoir la pâture fpirituelle, la guérifon de leurs maladies, les inftructions & les avertiffemens néceffaires ; enfin, pour entendre par fa voix celle du fouve rain Pasteur des ames qu'il représente, & duquel il tient la place. Et quant à l'obligation elle paroît affez par la fin de cette inftitution fi néceffaire au falut des ames; & les Ordonnances des Conciles fi fouvent réitérées font voir qu'elle eft très-étroite, & qu'on ne peut s'en difpenfer fans de grandes & juftes raifons.

Cela étant ainfi, n'eft-ce pas une chose éton nante de voir une institution fi fainte & fi néceffaire, tellement négligée & méprifée, qu'il femble que les Paroiffes ne font plus que pour le menu peuple, pour les vieillards & les fem melettes; & que les Chrétiens méprisent aujourd'hui une chofe dont la privation étoit autrefois la peine des plus grands péchés.

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