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de votre front, jusqu'à ce que vous retourniez dans la terre d'où vous êtes forti.

Si donc vous voulez en être exempt, menant une vie oifive, vous réfiftez à la volonté de Dieu, vous rompez l'ordre qu'il a fi folemnellement établi. Quelle raison avez-vous de vous exempter d'une Loi fi générale & fi jufte, de laquelle il n'a jamais dispensé personne? & fi vous n'en avez point, avec quelle affurance pouvez-vous demeurer en cette vie oifive?

2. Si les hommes font obligés au travail durant toute leur vie, ils le font encore plus durant la jeuneffe, parce que fi cet âge n'eft exercé par un honnête travail, il amaffe beaucoup de vices & de mauvaises habitudes qui demeurent jufqu'à la mort, & encore parce que le temps de la jeuneffe eft celui qui eft le plus propre à cultiver l'efprit & le former au bien; & c'eft en ce temps-là feulement qu'on peut fe rendre capable de l'emploi qui doit occuper le refte de la vie : s'il eft une fois perdu, il ne peut jamais être réparé. Le temps perdu, en quelque âge que ce foit, ne revient point mais il y a cette différence, que celui qu'on perd dans les autres âges, fe peut répa rer par le travail; & celui qui eft perdu dans la jeuneffe, eft irréparable.

3. Pefez attentivement le regret que vous aurez quelque jour d'avoir perdu le temps de votre jeuneffe, lorfque vous vous trouverez inhabile aux bonnes chofes, incapable d'aucun bien, comme il arrive à plufieurs. Vous ne le croyez pas maintenant, vous le fentirez un jour, mais trop tard.

4. Si ce regret ne vous touche pas préfen tement, le compte exact que vous rendrez à Dieu en fon jugement du mauvais emploi de votre jeuneffe, ne doit-il pas vous faire trem ́bler? Dans ce jugement effroyable toute votre vie vous fera mife devant les yeux par ordre, fuivant toutes les parties : le premier article du compte qu'on vous demandera, fera celui de l'emploi que vous aurez fait du temps de votre jeuneffe. Que répondrez vous à cette premiere demande ? Là on vous fera voir diftinctement tous les défordres qui fe font ensuivis de cette premiere faute; les ignorances qu'elle vous a caufées; les péchés qu'elle vous a fait faire; les vices dans lefquels elle vous a jetté; tous les biens dont elle vous a rendu incapable. Qu'aurez-vous à répondre à ces reproches? Et fi vous n'avez rien pour vous juftifier, quel jugement devez-vous attendre?

5. Combien d'ames font maintenant dans l'enfer, qui reconnoiffent que l'origine de leur damnation vient d'avoir mal employé le temps. de leur jeuneffe! Si elles pouvoient efpérer un feul moment de celui que vous avez en votre pouvoir, ô Dieu, que ne feroient-elles pas pour l'obtenir & pour l'employer utilement? Eft-il poffible que leur mifere ne vous touche pas, & que vous ne puiffiez pas être fage à leurs dépens, en apprenant par leur exemple à éviter le malheur irréparable dans lequel elles font tombées par leur oifiveté ?

O mon cher enfant ! pour l'amour que vous devez avoir de votre falut, je vous conjure de fair entiérement ce vice qui eft un des plus

grands empêchemens que vous y puiffiez met tre. Pour l'éviter, fouvenez-vous de faire deux choses: la premiere eft d'embraffer un honnête exercice qui vous tienne occupé durant vo tre jeuneffe; & pour vous y employer comme il faut, voyez ce qui en a été dit ci-deffus en la 2. Part. Chap. 14. La feconde eft que vous preniez garde, autant que vous pourrez, de n'être jamais oifif & fans rien faire faites toujours quelque action, foit du travail auquel vous êtes employé, foit de lecture, foit de divertiffement. Que vos divertiffemens foient accompagnés d'action ou de corps ou d'efprit. Le diable ne cherche que l'occafion de vous trouver oifif pour vous tenter & pour vous furprendre c'eft pourquoi pratiquez diligemment ce beau précepte de S. Jérôme : Faites toujours quelque chofe, afin que le diable vous trouve toujours occupé.

CHAPITRE VIII. Du huitieme obftacle, l'impudicité. Nous voici arrivés au plus grand, au plus dangereux & au plus univerfel de tous les obftacles du falut de la jeuneffe, qui eft le péché déshonnête, à la vue duquel je ne puis m'empêcher de faire le trifte fouhait du Prophete Jérémie : Qui eft ce qui donnera de l'eau à ma tête, & une fontaine de larmes à mes yeux, pour déplorer jour & nuit la perte de mon peuple? Car qui eft-ce qui pourroit confidérer attentivement, cher THÉOTIME

ce

nombre infini de jeunes gens que ce vice tient miférablement affervis, le ravage qu'il fait dans leurs ames, les péchés fans nombre qu'il leur fait commettre, les défordres dans lesquels il les jette, les malheurs où il les précipite tous les jours, & fur-tout le comble des malheurs, la perte de leur falut & la damnation éternelle? Qui eft-ce, dis-je, qui pourroit con fidérer ces maux, fans en avoir le cœur perc de douleur, & fans être touché de compaf Lion

, pour les avertir de leur danger, & pou les aider à éviter les malheurs où ils couren aveuglément. C'eft pour cela, THÉOTIME, que je vous prie d'arrêter ici votre penfée, & de lire attentivement les réflexions importantes que j'ai à vous faire, pour vous apprendre l'horreu. & l'averfion que vous devez avoir de ce pé ché, comme du plus grand ennemi de votre falut, & de la cause certaine de votre perte. ARTICLE I.

Que le péché déshonnête eft le plus grand ennemi de la jeuneffe, & qu'il damne plus de jeunes gens que tous les autres vices enfemble.

PLUTà Dieu que cette propofition fût plutôt un fonge qu'une vérité, & qu'il y eût autant de lieu de la révoquer en doute, comme

il

y en a de la tenir pour conftante! Mais l'expérience nous fait voir deux chofes qui nous empêchent d'en douter: 1. Qu'une grande partie de la jeuneffe eft adonnée à ce misérable péché. 2. Qu'entre ceux qui s'y laiffent em

porter, il y en a plufieurs qui ne font pas fujets à d'autres vices qu'à celui-là.

Premiérement, n'eft-ce pas une chose bien déplorable de voir l'âge le plus innocent de la vie fi corrompu par cet infâme péché, & la plus floriffante portion de l'Eglife de Dieu tellement déshonorée par ce vice détestable? Les jeunes gens ne font pas plutôt capables de raifon, que ce vice commence à les attaquer: il fe gliffe dans leur efprit, il gagne leurs défirs, il occupe leurs penfées, il embrafe leurs cœurs par l'amour des plaifirs déshonnêtes; lequel croiffant tous les jours avec l'âge, fe fortifie tellement, qu'il eft très-difficile de l'éteindre.

Cela vient en partie de la corruption de la nature, qui, felon la remarque de l'Ecriture lainte, fe porte au mal dès la jeunesse; en partie du tempérament & de la conftitution de cet âge, que la délicateffe du corps & la chaleur du fang rendent plus fufceptible des impreffions des plaifirs fenfuels; ce qui a fait dire à Ariftote, que l'intempérance eft le vice de la jeuneffe: & en partie auffi de la malice du diable, qui attaque l'homme en fa jeunesse par la partie la plus foible, fe fervant de la fragilité de la chair pour fe mettre en poffeffion de l'efprit, & comme remarque judicieufement S. Jérôme, il prend avantage de l'ardeur de la jeuneffe, il s'en fert pour exciter dans les cœurs le feu de l'amour impudique, allumant en eux une fournaife plus ardente & plus cruelle que celle que le Roi de Babylone fit préparer aux trois Hébreux innocens; parce que celle-là ne pouvoit confumer

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