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Des grandes obligations du Chrétien. Si la vocation au Chriftianifme eft une fi grande grace, quelles en feront les obliga tions? On ne peut nier qu'elles ne foient trèsgrandes, & bien au-deffus de l'eftime que les Chrétiens en font communément. Soyez at tentif, THÉOTIME, & apprenez à quoi votre profeffion vous engage.

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1. Elle vous oblige à croire fermement tous tes les vérités que Dieu nous a révélées par fon Fils Jefus-Chrift & qui font comprises en quatre chefs, les myfteres de la Foi, les maximes de la vertu qu'il a prêchées, les récompenfes des bons, les peines des méchans. Vous n'avez été reçu au Baptême qu'avec cette con dition. le Prêtre, avant de vous baptifer, vous a demandé: Croyez-vous au Pere, au Fils notre Seigneur & Rédempteur, & au Saint-Ef prit? Et vous avez répondu par la bouche de vos Parreins, Credo, Je crois mais fouvenez-vous que cette foi doit être ferme, généreufe & efficace. Ferme, pour ne douter aucunement de tout ce que vous devez croire. Généreufe, pour ne rougir jamais d'en faire profeffion devant les hommes. Efficace, pour vous faire vivre conformément aux vérités que vous croyez, comme nous allons dire; & ne démentir pas votre foi par vos actions, à l'imitation du commun des Chrétiens, qui ( comme dit l'Apôtre) confeffent Jefus-Chrift de bou che, & le renient par leurs œuvres.

2. La profeffion chrétienne vous oblige à

renoncer au diable & à toutes les œuvres. C'est encore une condition avec laquelle vous avez été reçu au Baptême. Le Prêtre vous a demandé: Renoncez-vous au diable & à toutes ses pom

pes, & à toutes fes œuvres? Et vous avez répondu, Abrenuncio, J'y renonce. O THEOTIME, avez-vous jamais pensé à ce renoncement, & favez-vous bien ce que vous avez fait ? C'est une profeffion folemnelle que vous avez faite de ne fuivre jamais le diable, de n'aimer point fes pompes, c'eft-à-dire, les fauffes apparences des biens & des plaifirs de la terre, par l'amour defquels il tâche de féduire & de perdre les hommes ; & de fuir tou tes les œuvres, c'est-à-dire, le péché dont il eft le premier auteur. C'eft une profeffion que vous avez faite à Dieu entre les mains de la fainte Eglife, en la présence des Anges, dans laquelle, comme dit faint Auguftin, vous n'avez pas fait ce renoncement en parlant aux hommes, mais à Dieu; & les Anges ont été témoins & les dépofitaires de votre parole, & ils la gardent foigneufement dans le Ciel. Vous êtes obligé d'obferver ce renoncement que Vous avez fait: vous avez renoncé au diable par la voix, il faut y renoncer à présent par votre vie & par vos actions, fi vous ne vou lez paffer pour un perfide & pour un déferteur. Hélas, THÉOTIME, l'avez-vous fait ? Mais au moins le ferez-vous à l'avenir? Sera-t-il poffi ble que vous retourniez à cet ennemi auquel vous avez folemnellement renoncé? Quid tibi cum pompis diaboli, quibus renunciafti? Quid tibi cum pompis diaboli, amator Chrifti ?

3. La profeffion du Christianisme vous oblige à vivre dans l'innocence, en fuyant le péché plus que la mort, & en pratiquant toutes les vertus chrétiennes. C'eft pour vous avertir de cette obligation, que le Prêtre, après vous avoir baptifé, vous a revêtu d'un habit blanc, en vous difant ces paroles: Recevez la robe blanche pour la porter au jugement de Dieu fans tache & fans fouillure. Pour vous faire fouvenir par cette blancheur extérieure, & par cet avertiffement, de conferver foigneufement la beauté & la pureté intérieure que votre ame venoit de recevoir par la grace du Baptême. O THÉOTIME, méditez bien ces paroles, & fouvenez-vous de ce qui vous arrivera au jugement de Dieu, fi vous allez fouiller cette innocence par une vie remplie de péchés. Cette robe blanche de laquelle vous avez été revêtu, vous condamnera en ce jour effroyable. Le Prêtre qui vous a baptifé, fe levera contre vous, & demandera à Dieu vengeance de l'abus que vous avez fait de la grace de votre Baptême.

Je vous rapporterai à ce propos l'action mémorable d'un Diacre de Carthage, nommé Murit, envers le Juge Elpidophore Arien, lequel ayant été reçu par lui au Baptême, avoit renoncé depuis à la Foi Catholique. Ce faint Diacre étant cité devant ce méchant Juge pour rendre raison de fa Foi, porta en même-temps fes vêtemens blancs dont il s'étoit fervi pour le revêtir après qu'il eût reçu le Baptême, & en les lui montrant à la vue de tout le monde, lui dit ces paroles, avec lefquelles il tira les

larmes de tous les affiftans: Voilà, ô Elpidophore, Miniftre d'erreur, les vêtemens qui vous accuferont devant la Majefté de Dieu au jour du jugement. Je les ai gardés foigneu fement; ils rendront témoignage de votre apoftafie, & montreront que vous devez être abymé dans l'enfer. Ils vous ont fervi d'ornemens lorfque vous êtes forti du Baptême, lavé & nettoyé de vos péchés, & ils ferviront à vous faire fouffrir plus fenfiblement les flammes éternelles.

CHAPITRE III,

Que Dieu demande & agrée finguliérement Le Service de la Jeuneffe.

III. MOTIF.

APRÈS Es les deux confidérations précédentes, je paffe à d'autres qui font particulieres à votre âge pour vous convaincre de l'obligation très-étroite que vous avez de vous donner à Dieu durant la jeuneffe. Voici la premiere que je mets en avant, qui eft que Dieu defire grandement d'être fervi de vous en cet âge & I que le fervice des jeunes gens lui eft fingu, liérement agréable, Je montre cette vérité trois raifons,

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par

1. Parce que le temps de la jeuneffe eft le commencement de la vie, Qr il eft certain qu'entre toutes les chofes, Dieu demande particuliérement les prémices & les commencemens. C'étoit pour cela que dans l'ancienne Loi il avoit ordonné qu'on lui offrît les prémices de toutes les chofes naiffantes. Il voulut

qu'entre les fruits on lui offrit les premiers qu'on recueilloit; qu'entre les animaux les premiers-nés lui fuffent offerts en facrifice; & qu'entre les hommes les enfans aînés lui fuffent préfentés dans fon Temple pour y fervir, permettant qu'ils fuffent rachetés après cette premiere offrande. Il montroit par cette inftitu tion, qu'encore que toutes chofes lui appartinffent également, il faifoit néanmoins une particuliere eftime des premieres, comme de celles qui lui étoient dues par deffus toutes les autres, & qu'il demandoit pour marque de reconnoiffance. D'où il s'enfuit clairement que le temps de la jeuneffe étant le commencement & la premiere partie de notre vie, nous la devons à Dieu par des raisons qui n'ont rien de commun avec les autres âges; & il veut qu'elle lui foit préfentée pour être fidélement employée à fon fervice.

2. Le temps de la jeuneffe eft celui qui eft le plus agréable à Dieu; parce que parlant or dinairement, & felon l'ordre naturel des chofes, c'eft la partie de la vie la plus pure & la moins corrompue par le vice. On n'a pas en ce temps-là tant de connoiffance du mal, ni tant de pouvoir & d'occafion pour le faire. Le jugement n'eft pas encore prévenu par les fauffes maximes du monde : les mœurs & les inclinations ne font pas fi corrompues par la contagion des méchans, qu'elles le font dans un âge plus avancé. De plus, la grace reçue dans le Baptême étant encore récente, rend cet âge plus agréable à Dieu, pour le moins en la perfonne de ceux qui ne foulent pas aux pieds

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