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fon pere, le contraignit de fortir de la ville de Jérufalem, & le pourfuivit avec une armée qu'il avoit levée pour lui ôter la couronne. Que fera ici la juftice de Dieu ? S'endormira-t-elle fur un enfant fi dénaturé? Apprenez, THÉOTIME, ce que l'Hiftoire fainte en rapporte. David fe voyant preffé par fon fils fut obligé de lui faire tête, & de se mettre en défense. Il met en ordre le peu de gens qu'il avoit avec lui, & les envoie au combat; le combat fe donne; les gens d'Abfalon, quoique plus forts en nombre, font défaits.

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Dans cette déroute, ô jugemens de Dieu ! il arrive qu'Abfalon fe fauvant à la course, fut emporté fous un grand chêne; & comme il portoit fa chevelure extraordinairement grande, fes cheveux, par un accident furprenant, & par une particuliere permiffion de Dieu s'entre-lacerent dans les branches de l'arbre fi fortement, que la mule fur laquelle il couroit ne put pas l'emporter; mais continuant fa course, elle le laiffa fufpendu en l'air par les cheveux, fans qu'il lui fût poffible de se dégager. Les gens de David l'ayant apperçu en cet état, le vinrent percer à coups de lances, & le tuerent fur la place; quoique David, par une bonté incroyable, en les envoyant au combat, leur eût expreffément défendu de lui faire aucun mal.

O juftice de Dieu! vous montrez bien que vous ne dormez pas fur les iniquités des mauvais enfans ; & que fi vous différez quelquefois le châtiment qu'ils méritent pour leur donner le temps de fe convertir, vous puniffez enfuite

à toute rigueur leur obftination dans le vice & le mépris qu'ils font de la bonté avec laquelle vous les attendez à la pénitence.

Voilà quatre exemples de l'Écriture fainte, qui montrent clairement combien Dieu a d'averfion pour les jeunes gens vicieux. La même Écriture en peut fournir beaucoup d'autres; les hiftoires anciennes en font toutes pleines, & l'expérience journaliere n'en produit que trop en ce temps.

Remarquez feulement une chose digne de confidération, que dans les quatre exemples précédens font contenus trois fortes de péchés, qui rendent particuliérement les jeunes gens odieux à Dieu, & qui font les caufes les plus ordinaires de leur perte.

Dans le premier & troifieme exemple, le péché déshonnête. Dans le fecond, le mépris de la Religion & des chofes faintes à qui il faut rapporter l'abus des biens eccléfiaftiques par les jeunes Bénéficiers, qui attire, fouvent la malédiction de Dieu fur eux & fur leur famille. Dans le quatrieme, le mépris des parens, la rebellion contre l'amour pa

ternel.

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Que le falut dépend ordinairement du temps de la jeuneffe.

CE que nous avons dit dans les quatre derniers Chapitres, vous a fait voir l'obligation que vous avez de fervir Dieu dans votre jeuneffe, par le refpe&t que vous devez avoir

pour l'honneur qu'il vous fait de défirer votre fervice, & pour l'amour qu'il a de votre falut: respect auquel vous ne pouvez manquer fans lui faire une extrême injure : & fans encourir fon averfion & fa difgrace. Maintenant je veux vous faire connoître la même obligation par votre propre intérêt, & vous montrer clairement que votre falut a une grande & prefque entiere dépendance de la vie que vous menerez durant votre jeuneffe.

O plût à Dieu, THÉOTIME, que vous & tous ceux de votre âge puiffiez bien comprendre & n'oublier jamais cette vérité, qui eft ignorée du commun des hommes, & dont l'ignorance caufe la perte & la damnation de plufieurs. Plût à Dieu que tous les hommes connuffent que cette grande éternité de bonheur ou de malheur qui les attend après cette vie, dépend fouvent de ce premier temps que tout le monde méprife, & que la plûpart emploient fi mal.

Pour vous convaincre de cette vérité, je ne veux vous avancer rien moins que le fentiment de l'Écriture fainte, c'eft-à-dire, du SaintEfprit même qui en rend des témoignages fi exprès, qu'il eft impoffible d'en douter.

Car pourquoi eft-ce qu'elle avertit en tant d'endroits les jeunes gens de penser de bonne heure à leur falut, & de fe porter à la vertu dans la jeuneffe, fi ce n'eft pour montrer combien ce temps-là eft de grande importance pour le falut éternel?

Pourquoi dit-elle dans l'Eccléfiafte: Souvenez-vous de votre Créateur durant votre jeu

neffe, avant que le temps de l'affliction foit arrivé, & que vous approchiez des années triftes & fâcheufes? D'où vient qu'elle affure dans les Proverbes, que le jeune homme fuit ordinairement fa premiere voie, c'est-à-dire, la maniere de vivre qu'il a commencée dans fa jeuneffe; & qu'il ne la quitte pas même dans fa vieilleffe? Pourquoi dit-elle par le Prophete Jérémie, qu'il eft utile a l'homme de porter le joug dans fa jeuneffe, c'est-à-dire, de s'adonner à la vertu, & à porter le joug agréable des commandemens de Dieu ?

Pourquoi dans l'Eccléfiaftique (C. 6.) exhor te-t-elle fi fortement les jeunes gens à la vertu par ces belles paroles, capables de gagner les cœurs les plus infenfibles? Mon fils, dès votre jeunesse aimez à être inftruit, & vous acquerrez une fageffe qui vous durera jufqu'en votre vieilleffe. Approchez d'elle comme un homme qui veut cultiver une terre & attendez avec patience les agréables fruits qu'elle vous ap portera: vous travaillerez un peu à la cultiver, mais bientôt après vous goûterez la douceur de fes fruits. La fageffe eft amere & difficile à ceux qui ne la connoiffent pas. Celui qui n'a pas le cœur pour en aimer la beauté, ne demeurera point avec elle. Ceux qui l'ont une fois connue, la trouvent fi agréable, qu'ils ne la quittent jamais ; & elle demeure avec eux jufqu'à ce qu'elle les conduife à la vue de Dieu. Tout le refte de ce Chapitre n'eft qu'une continuelle exhortation à la vertu pour la jeuneffe.

Pourquoi au Chapitre 25. dit-elle qu'il n'eft pas poffible de trouver dans la vieilleffe

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ce qu'il n'a pas amaffe durant fa jeuneffe?

Et enfin, pourquoi entre les Livres de l'Écriture fainte y en a-t-il un qui eft fait exprès pour l'inftruction de la jeuneffe, qui eft le Livre des Proverbes ? Tout cela ne montre-t-il pas clairement que le Saint Efprit. a voulu: donner à connoître aux hommes que le temps: de la jeuneffe eft d'une importance beaucoup plus grande que le commun des hommes ne l'eftime; & que tout le bonheur ou le malheur d'un homme pour cette vie, & pour l'autre dépend ordinairement de ce temps-là, felon qu'il eft bien ou mal employé étant véritable, pour l'ordinaire, que ceux-là font leur falut, qui font élevés en leur jeuneffe dans la crainte de Dieu & dans la pratique de fes commandemens; & que ceux qui n'ont pas été nourris dans cette crainte, ou qui l'ont rejettée de devant les yeux pour fuivre le vice avec liberté, fe perdent fans reffource.

Toute cette vérité eft appuyée fur ces deux fondemens, dont le premier eft, que ceux qui ont fuivi la vertu dans la jeuneffe, y demeurent facilement le refte de leur vie ; & le fecond, que tout au contraire ceux qui ont été abandonnés au vice dans ce temps-là, ne s'en corrigent que très difficilement, & qu'il arrive fouvent qu'ils ne s'en retirent jamais. Il faut montrer plus au long ces deux vérités.

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