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cheurs qui vivent long-temps, & qui vieilliffent dans les vices qu'ils ont contractés dans leur jeuneffe, femblables à celui que Daniel appelle de ce nom, Inveterate dierum malorum: pécheur dont la vieilleffe n'est composée que de mauvais jours, dont la longue vie, comme dit le Sage, eft condamnée par la mort avancée d'un juste qui meurt à la fleur de fon âge; parce que celui ci s'eft rendu digne du Čiel dans le peu de temps qu'il a vécu, & la longue vie de ceux-là n'a fervi qu'à multiplier leurs crimes & augmenter leur damnation.

Mais je dis auffi qu'il eft très-véritable que plufieurs meurent dans la jeuneffe en punition de leur mauvaise vie, & qu'il arrive souvent que les péchés de cet âge avancent la mort. L'Ecriture y eft expreffe en plufieurs endroits. Elle en produit une infinité d'exemples, & l'expérience journaliere le fait voir évidemment.

Job, parlant du méchant, dit qu'il périra devant que le nombre de fes jours foit accompli, & qu'il fera comme la grappe de raifin que le mauvais temps fait couler en fa premiere fleur, & comme l'olivier qui perd fes fleurs au premier vent.

Salomon dans fes Proverbes dit que les années des méchans feront abrégées, & que. le pécheur fera femblable à un tourbillon qui passe

en un moment.

Dans fon Eccléfiafte, Chapitre 7. il vous avertit que vous preniez bien garde de vous abandonner au péché, ou d'être du nombre des infenfés, c'eft-à-dire, des pécheurs; de peur que vous ne mouriez en un autre temps que le

D

vôtre, c'est-à-dire, que vous ne devez felon le cours naturel de vos jours.

Et au Chapitre 8. il fouhaite par une juste indignation que le méchant n'ait jamais aucun. bien, & que fes jours ne foient pas longs; & que tous ceux qui n'ont aucun respect pour la majefté de ce Dieu qui voit tout, & qui ne craignent point de l'offenser en fa présence, ne durent pas plus que l'ombre qui n'a aucu ne confiftence & qui périt en un moment, c'eft-à-dire, qu'ils meurent bientôt.

Toutes ces paroles font claires dans l'Ecriture. Les effets y font encore plus évidents. Voyez les exemples que nous avons apportés au Chapitre précédent en la perfonne d'Ochozias, Amon, Joachim & Sédécias; & au Chapitre 6. en la perfonne des enfans de Juda, d'Heli, & en celle d'Amnon & d'Abfalon..

Et quand nous n'aurions point d'autres preu ves de cette vérité, les exemples que nous en voyons tous les jours, la font voir fenfiblement. Combien voit-on de jeunes gens.mourir? les uns par maladie; les autres dans une querelle, ou dans une mauvaise rencontre; les autres dans les duels, qui perdent une infinité d'ames; les autres tués à la guerre ; d'autres noyés, & d'autres par d'autres accidens funeftes & ino. pinés? Toutes ces morts qui ne font que trop fréquentes, font des effets de la colere de Dieu contre les jeunes gens qui méprifent fes graces, & qui refusent de le fervir dans le temps où ils font le plus obligés. O THÉOTIME, craignez que cette punition vous arrive.

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Le fecond mal qui arrive des péchés commis en la jeuneffe, l'aveuglement de l'efprit & l'endurciffement dans le vice.

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La mort corporelle n'eft pas le feul ni le

A

plus trifte effet des péchés de la jeuneffe: celle qu'ils donnent à l'ame par l'aveuglement intérieur, & par l'endurciffement au mal dans lefquels ils la jettent, n'eft pas moins commune; & celle-là eft beaucoup plus funeste & plus déplorable. Il faut pleurer un homme qui eft mort, dit le Sage, à caufe qu'il a perdu la lumiere; mais il faut pleurer le pécheur, parce qu'il a perdu le jugement & la fageffe. Le regret d'un mort ne doit durer que fept jours c'eft-à-dire, peu de temps; mais il faut pleu rer le pécheur tout le temps de fa vie. Carcomment pourroit-on confidérer fans larmes & fans douleur le malheur fi grand & fi univerfel que nous voyons en beaucoup de jeunes, gens, que les péchés de leur jeuneffe condui fent à un endurciffement prodigieux qui les jette dans le vice fans aucune retenue? Le nombre eft incroyable de ceux qu'on voit tous les jours, après avoir paffé leur premiere jeuneffe dans le défordre du péché, & principalement du vice déshonnête, devenir infenfi bles à leur falut, aveuglés en leur propre bien s'endurcir dans le mal, méprifer tous les avertiffemens les plus falutaires, fe glorifier dans leurs iniquités, fe moquer de tout le bien qu'ils voient faire aux autres, & n'ayant autre penfée que de prendre leurs plaifirs & fuivre)

tous les mouvemens de leurs inclinations dépravées, courir ainfi aveuglément à leur perdition, fans que rien foit capable de les retenir. O THÉOTIME, n'eft-ce pas là un mal bien déplorable? Mais plût à Dieu qu'il ne fût pas auffi fréquent comme il eft grand. Saint Auguftin l'avoit éprouvé notablement en fa perfonne, comme il le rapporte lui-même en fes Confeffions, où il déplore son malheur avec des paroles capables de toucher les cœurs les plus durs, & qui méritent d'être ici couchées tout au long, pour apprendre aux jeunes gens combien ils doivent craindre ce malheureux effet des péchés de la jeuneffe.

Cette fale concupifcence de la chair & le bouillon de ma premiere jeunesse envoyoient des nuages en mon efprit qui le remplifoient de grandes obfcurités, & lui ôtoient tous les moyens de difcerner la férénité de l'amour honnête d'avec les tenebres de l'amour impudique : chacune de ces deux caufes faifant en moi des agitations turbulentes, entraînoit mon âge fragile par les précipices de toutes fortes de convoitifes, & le plongeoit dans un goufre de péchés.

Et après il ajoûte que, la paffion brutale de l'amour impudique étoit comme une chaîne qui le tenoit captif; & que le bruit de cette chaîne agitée fans ceffe lui avoit caufé une furdité intérieure qui l'empêchoit d'entendre tout ce qui le pouvoit avertir de fon bien; fembla. ble à une bête fortement enchaînée que l'agitation de ses chaînes empêche d'ouir le bruit qu'on fait autour d'elle. Et ce qui eft encore

bien remarquable, eft qu'il ajoûte que cette furdité étoit une punition de fon orgueil, par laquelle it s'éloignoit de Dieu, & Dieu le laiffoit aller après fes fales convoitises.

Voilà, mon cher THÉOTIME, où les péchés de la jeuneffe conduisent, & où les vôtres vous conduiront infailliblement, fi vous ne vous en retirez entiérement & de bonne heure.

Ce fujet de l'aveuglement & de l'endurciffement dans le vice caufé par les péchés de la jeuneffe, & fpécialement par le péché de l'impureté, mériteroit un plus long difcours; mais il en fera encore traité plus amplement en la III. Part. Chap. 8. Art. 2. où je vous renvoie. ARTICLE I I I.

Troisieme mal la perte de plufieurs belles efpérances.

CE eft-trop E mal eft trop vifible, & il n'a pas befoin d'autres preuves que de celle de l'expérience que nous en faifons tous les jours. Combien voit-on de jeunes gens qui donnent de grandes efpérances par les belles qualités de leur efprit, qui pourroient fe rendre capables de quelque chofe de grand, & réuffir un jour en des emplois confidérables, où Dieu feroit honoré, & le public fervi notablement ! Combien, dis-je, en voit-on qui vont fe perdre dès le port, & qui venant à fe détraquer dans la jeuneffe, fe rendent incapables des grandes chofes pour lesquelles ils fembloient être nés? Combien qui avec toutes ces belles qualités deviennent inutiles & fainéans durant toute leur vie, femblables aux arbres tout couverts de

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