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SUR

L'ODE:

XXOUS prétexte que vous CS prétendez que le fublime XX tient à l'Ode, vous m'en demandez raifon. Rien, dites-vous, de ce que vous avez vû à ce sujet ne vous a contenté. De grands mots ne vous fuffifent pas, vous voulez des idées claires : mais croyez-vous qu'il foit bien facile de vous en donner. Non, MonTome V.

A

fieur

fieur, il n'est pas dit parce que nous fentons une chofe que nous la connoîtrons quand nous voudrons, & nos retours fur nousmêmes ne réuffiffent pas toûjours. Tel endroit nous frappe, qui doit fa beauté à une demie-douzaine de chofes qui concourent à la former; comment parvenir à les démêler,& fi l'on en eft verà bout le moyen d'évaluer & de fixer la part que chacune de ces chofes peut avoir à la beauté dont on est charmé.

Encore autre embarras. Vous avez attrappé la fource d'un agré ment: il s'en présente un dans vo tre chemin, qui, à une nuance près, eft de la même efpece.Vous croyez n'avoir qu'à appliquer votre prin

tipe; vous êtes tout étonné qu'il ne va plus, il faut recourir à un autre, l'unir à celui que vous a viez déjà, parce que votre beauté coule de l'union de ces deux principes.

Tel eft le fublime. Il dérive d'un endroit, fouvent de deux, quelquefois de trois; tantôt il est dans les images, tantôt, & c'est-là fon plus beau, il eft dans les tours; d'autres fois il doit à l'orgueil, ou tout, ou une partie de ce qu'il eft. Or je vous prie, comment déméler des refforts fi délicats qu'ils en deviennent imperceptibles? Nous fentons bien, à la vérité, l'action de ces refforts, mais la difficulté

n'est pas de les fentir, il s'agit de

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les voir, de trouver ce qu'ils ont de particulier, de débrouiller leur jeu général; & ce qu'il y a de trifte, c'eft que même avec de bons yeux, on court rifque de ne pas voir bien nettement les chofes, & de rendre en conféquence un compte brouillé de ce qu'on a vû. Mais je vous l'ai promis, & duffai-je me déshonorer, il faut vous tenir parole. Voici donc deux ou trois exemples d'une espece de Sublime, que pour ranger vos idées & les miennes j'appellerai Sublime des images. Homere en parlant de Neptune dit en je ne fais quel endroit de l'Iliade:

Neptune ainfi marchant dans ces vastes campa

gnes,

Fait trembler fous fes piés & forêts & montagnes. Ne

Ne voilà-t-il pas une belle image: mais où Homere eft encore admirable, c'est au vingtieme Livre de l'Iliade, où en peignant le combat des Dieux, il dit :

2

L'enfer s'émeut au bruit de Neptune en furie,
Pluton fort de fon trône, il pâlit, il s'écrie ;
Il a peur que ce Dieu dans cet affreux féjour,
D'un coup de fon Trident ne fafle entrer le jour;
Et par le centre ouvert de la terre ébranlée 2

Ne fafle voir du ftix la rive désolée,

P

Ne découvre aux vivans cet Empire odieux, Abhorré des mortels, & craint même des Dieux..

Que ne nous fait point voir ici Homere. Le Roi des enfers, qui effrayé fort de fon trône. La terre ébranlée d'un coup de Trident. La rive du ftix tremblante & défolée. Que de grands objets, Monsieur,

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