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Et Nyfe, & Polynice, & Calippe, & Phorbas,
Et le vaillant Agis fameux par cent combats,
Qui laiffant fon pays juroit avec tendreffe

De revoir dans trois mois fa nouvelle maitreffe,
Et les bords du Céphife, & le mont Cithéron;
Mais le Prince l'envoye aux bords de l'Achéron.
Là perit Lygdamis qui joint à la vaillance
Le noble art de prédire, & la haute naissance,
Et fuit avec honneur l'une & l'autre Pallas.
Son pere vient d'Orphée & fa mere d'Atlas.

O mortels infenfés! Sortant de Cheronée Lui-même il prédifoit fon heure infortunée; Mais l'amour de la gloire, & fon puissant destin Par de fecrets refforts l'entraînoient à fa fin.

Le combat fe ranime; & la fleur de la Gréce Suit Phalante leur chef plein de cœur,& d'adreffe; Mais la fageffe helas! la rufe, la valeur

Sont un foible fecours contre un puiffant malheur. Le Héros pourroit vaincre hommes & dieux enfemble.

A fes terribles coups l'air bruït, la terre tremble,
Et le brave Phalante abandonné des fiens
Tombe lui-même enfin en d'indignes liens.
Le Héros l'apperçoit. Son ame généreufe
Veut révérer en lui la vertu malheureuse,
Quand un nouvel avis, non fans quelque douleur,
A de nouveaux efforts appelle fa valeur.

Dorylas avoit fait une course forcée;
Il arrive éperdu. L'aile droite eft percée.

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On difpute le champ front à front, pas à pas.
Et Sparte & Macedoine ont d'horribles combats;
Megate en chef prudent voit que le corps chan-
céle,

Et l'envoye à son Prince en porter la nouvelle.

CHANT

SECOND.

ALLONS, dit le Héros, mais en marchant,

di-moi

Quel homme, quel démon, quel Général, quel

Roi

Trouble la Macedoine, étonne fon audace?
Sparte, dit Dorylas, & fa vaillante race.
Inferieurs en nombre, ils font plus valeureux,
Et peuvent tout ofer fous leur chef généreux,
Le terrible Alcidas, dont le fer homicide

Montre mieux que fon nom qu'il vient du fang d'Alcide.

Mais un nouveau fecours renforce leur valeur,
Et de nos combattans fait le plus grand malheur.
Pirithe un defcendant de l'ami de Thesée,
Pirithe eft arrivé. Sa lance étoit brisée ;
Parmi ceux de Corinthe il avoit combattu;
Mais lorsque leur foibleffe a trahi fa vertu,
Maudiffant la fortune, & fa lâche patrie,
Sur nous il eft venu décharger fa furie.
Le lion fanguinaire au milieu des troupeaux,
Les vents impetueux fur l'empire des eaux,

Et la foudre qui tombe au plus fort de l'orage Avec moins de fracas font un moindre ravage.

Mais déja le Héros voit de ses propres yeux
Les Morts même de Sparte, & leurs faits glorieux.
Sparte refpire encore en leur noble présence;
Et furtout de Lycas éclate la vaillance,

Du généreux Lycas, qui fans perdre fon rang,
Mort, est encor debout, & portant dans le flanç
Quatorze javelots en quatorze ouvertures,
Demeure foutenu pár Les propres bleffures.
Le Prince en eft ému de joye & de courroux.
Voici des ennemis qui font dignes de nous,
Dit-il, donnons, amis; & fa trenchante épée
Frape, taille, renverfe au carnage occupée.
Jamais aux champs de Troye, Achille & sa

douleur

Ne la firent agir avec tant de valeur;
Et jamais fous fes coups plus effroyable nombre
En foule ne passa dans le royaume fombre.

Vous à qui la patrie & son fatal amour
Sous la main du Héros a fait perdre le jour,
Magnanimes Guerriers! c'eft avec violence
Que je paffe vos noms fous un ingrat filence.
De vos vertus encor vivroit le fouvenir,
Vous passeriez entiers aux fiecles à venir,
Si le cruel deftin à vos voeux moins contraire
Vous eût fait rencontrer la plume d'un Homére,
Le temps vous a fait tort. Je dis de bonne foi
Ceux que la renommée a portés jusqu'à moi.

Parmi tant d'ennemis, à fa fureur ardente Au milieu du combat Arbase se présente, Arbafe & fes trois fils, trois illuftres guerriers, Dont le plus vieux à peine a cinq luftres entiers. Pleins d'émulation dans leurs ames bouillantes Ils s'arment à l'envi, mais d'armes differentes. L'un eft blond, l'autre eft brun, & le plus jeune eft noir;

Mais fans les reconnoître on ne les fçauroit voir: Tant la fage nature en formant les trois freres Les fit en même tems femblables & contraires.

Ainfi que trois marteaux fur l'enclume battans, Tous trois fur le Héros frapoient en même tems, Quand le plus beau de tous, l'aimable Sofithée: D'un surprenant revers eut la tête emportée. Le vaillant Alphenor qui vient à fon fecours Perd un bras, puis fon cafque,& puis finit les jours. Le noir Arbafidés en écume de rage,

Fait tout ce que peut faire un généreux courage, Mais enfuite percé de trois coups prefqu'égaux Tombe fans mouvement fous les piés des chevaux.

Le pere malheureux, helas! il n'eft plus pere, S'arme dans fa douleur d'impuiffante colere, Et d'une main tremblante il s'adreffe au Héros. Mais le Héros s'éloigne, & lui tient ce propos, Déplorable ennemi, j'excufe ton envie.

Mes mains en ont trop fait :

: je te laiffe la vie, Et s'il m'étoit permis, touché de tes vieux ans, Je te rendrois encor tes malheureux enfans.

Confole tes ennuis,, & fçache pour leur gloire
Qu'Eurymedon lui-même en obtient la victoire.*
A ces mots il s'écarte, & d'une haute voix,
Pyrrhire à moi, Pyrrhite à moi, dit-il trois fois.
C'eft Pyrrhite qu'il cherche, & fa valeur s'irrite
De ne point rencontrer le foudroyant Pyrrhite.
Il furvient à fa droite, & fon bras fans repos
Portoit un coup mortel fur le front du Héros.
Artelide étoit là, dont la vaillante adreffe
Renversoit par monceaux les enfans de la gréce;
Il fe met audevant, & fait tomber fur foi
Ce grand coup que le fort deftinoit à fon Roi.
O généreux fujet, digne de cent couronnes!
Le coup que tu reçois paffe ceux
que tu donnes,
On l'emporte bleffé. Le Prince foupirant
Se jette fur Pyrrhite en lion dévorant.

Que de bruit que de coups! que de mortels

vacarmes

Donnent aux deux partis de contraires allarmes!
Le cafque du Héros de coups eft fracaffé,
Pyrrhite en deux endroits légérement bleffé,
Et voyant à tous coups fon adreffe trompée,
Furieux, à deux mains il hauffe son épée,
De la tête du Prince attaque le fommet;
Mais le coup va glissant sur un reste d'armet,

Imité de Virg. Æneid. 1. x. v. 829.

Hoc tamen, infelix, miferam folabere mortem,
Anex magni destra cadis.

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