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La belle & éloquente Préface qu'il a mise à la tête des Oeuvres de Sarafin, fi connue & si estimée, a paffé pour un chef-d'œuvre en ce genre-là.

Sa Paraphrafe fur les Instituts de Justinien, est écrite d'une pureté & d'une élégance, dont on ne croyoit pas jufqu'alors que cette matiére fût capable...

Il y a dans les priéres qu'il a faites, pour dire pendant la Meffe, un feu divin, & une fainte on&ion, qui marquent tous les fentimens d'une véritable piété.

Ses ouvrages de controverfe éloignés de toute forte d'emportement, ont une certaine tendreffe qui gagne le cœur de ceux dont il veut convaincre l'efprit, & la foi y eft partout inféparable de la

charité...

Le plus grand honneur que l'Académie lui pouvoit faire, après tant de réputation qu'il s'eft ac

quife, c'étoit, Monfieur, de vous nommer pour être fon fucceffeur, & de faire connoître au Public que pour bien remplir la place d'un Académicien comme lui, elle a jugé qu'il en faloit un com

me vous.

Extrait du Songe de Bocace, traduit de l'Italien. Amft. 1702.

A

CANTE étoit un galant homme dont le mérite & l'efprit ont fort brillé dans le monde. Dieu lui fit la grace de lui ouvrir les yeux fur les erreurs d'une fecte dans laquelle il avoit été nourri. Sa converfion fut fin cére: il quitta la bagatelle, & n'employa plus fes talens qu'à la gloire de Dieu, & à celle de fon Roi. Il conferva jufqu'au dernier foupir l'attachement qu'il avoit eu toute la vie pour Sapho, dont la vertu a toujours été si généra

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lement connue, que l'on n'a ja mais douté de l'innocence de leur commerce. Acante fut furpris par la mort. Il avoit fait fes dévotions la yeille qu'il décéda, & ne croyant pas être fi proche de fa derniére heure, il expira fans avoir pû recevoir le Viatique. L'envie qui fait fouvent paffer pour des crimes les malheurs qui arrivent aux plus honnêtes gens, publia qu'Acante avoit fini fes jours comme un réprouvé. La généreufe Sapho ne manqua pas de donner en cette occafion des marques de fon bon cœur.

METAMORPHOSE D'ACANTE EN ORANGER, Ces aimables contrées, où régné le Rhône lorfqu'il va mêler fes ondes avec les flots de la mer, vin rent autrefois naître un Berger qui fut l'honneur de fon pays, & l'amour des Nymphes de fon

temps. Elles étoient charmées de fon efprit & de fon chant, & briguoient avec foin l'honneur d'avoir part à fes chanfons. Mais comme le difcernement d'Acante. n'avoit pas moins de jufteffe que fa voix, dès qu'il connut la Nym. phe Sapho, il méprifa toutes les autres. Sa Mufette fut uniquement employée à célébrer les louanges. de cette merveille de fon fiècle, & à chanter les douceurs d'une amitié la plus pure, la plus folide, & la plus fidèle qui fut ja

mais.

Jupiter jaloux de voir d'autres autels que les fiens, parfumés d'un encens fi délicat & fi exquis, entreprit d'attirer à lui-feul l'hommage d'un fi agréable culte. Il alluma dans le cœur d'Acante un ardent amour pour fa divinité fuprême, & le Berger auffitôt confacra fes veilles & fa Mufe à la gloire de ce maître de l'Uni

vers, & à celle d'un Prince qui en eft la plus parfaite image. Enfin après avoir compofé des Cantiques inimitables,après avoir vaincu par fon éloquence des monftres plus dangereux que ceux que vainquit Hercule, & mérité fon Apothéofe par mille faits éclatans, ce grand homme fut appellé fur l'Olympe; fon efprit s'envola dans le fein de Jupiter, & fon corps fut métamorphofé en Oranger; afin que des reftes fi précieux fuf fent honorés fous la figure du plus précieux de tous les arbres ; & d'un arbre qui ressemble fi parfaitement au Berger que nous regretons.

En effet il eft, comme étoit Acante, agréable & utile. Son odeur l'emporte fur l'odeur des autres fleurs. Il eft propre à cent ufages différens. If a des vertus fecretes, ou plûtôt une vertu universelle. Auffi le destin pour con

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