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Jefus-Chrift de la croix, à cause de la difficulté qu'il y a en cette occafion de groupper en l'air des objets qui puiffent contribuer à étendre la lumiere; néan moins Rubens y a merveilleufement réuffi par l'invention d'un grand drap qui eft derriere le corps du Chrift, & qui a fervi à le foutenir. Voici de quelle maniere les figures font difpofées.

Deux perfonnes font au haut de la Croix, dont l'une foutient encore le corps du Chrift d'une main, pendant que le Saint Jean, qui eft au bas, le reçoit, & en porte prefque toute la pefanteur. Les Maries font à genoux pour aider Saint Jean dans cette action, & la Vierge qui eft à côté des Maries dans le tournant du grouppe, s'avance pour recevoir le corps de fon fils, qu'elle regarde avec une douleur dont on eft foi-même pénétré, quand on voit cette figure avec quelque attention.

Jofeph d'Arimathie eft d'un côté fur le milieu d'une échelle, & foutient le

corps par-deffous le bras. Vis-à-vis de lui & du côté oppofé, eft un autre vieillard qui defcend d'une échelle, après avoir quitté l'un des coins du linceul, & s'être déchargé de fon fardeau entre les bras de Saint Jean qui eft auprès de lui.

Au milieu de ces huit figures eft le Chrift dans une attitude extrêmement touchante, & d'un caractere de corps mort, s'il y en eût jamais. La lumiere qui frappe fur ce corps & fur le drap qui eft deffous, fait un effet merveilleux, & attire fortement la vûe.

Ce tableau n'eft que l'efquiffe d'un plus grand, qui eft au maître-Autel de Notre-Dame d'Anvers; mais cette efquiffe eft fi belle & fi terminée dans toutes fes parties, que l'on peut dire avec plus de raifon qu'il en eft l'étude. Au refte, le peintre eft tellement entré dans l'expreffion de fon fujet, que la vûe de cet ouvrage est une des chofes des plus capables de toucher une ame endurcie,

& d'y faire entrer le reffentiment des douleurs que Jefus-Christ a souffertes pour le racheter.

L'ANDROMEDE.

Cette figure eft vûe de front, le corps un peu plié, les mains attachées par-deffus la tête qu'elle leve en haut, pour regarder l'Amour qui vient la confoler, & lui apprendre que Perfée vient à son secours. Elle paroît à cette nouvelle entre l'espérance & la crainte, & fon vifage exprime merveilleu fement bien cet état incertain. La crainte a fait retirer le fang au-dedans, ce qui fe remarque principalement dans les extrêmités qui font fort pâles. Quoique dans cette figure il n'y ait prefque pas de rouge, néanmoins on ne peut jamais rien voir qui foit plus de chair, & cela paroît d'autant plus, qu'elle eft accompagnée d'un fond bleuâtre compofé du ciel & de la mer. Elle eft peinte

avec un grand foin, & la carnation en eft d'une délicateffe extraordinaire. Ses cheveux, qui tombent par derriere, fervent à la détacher de fon champ; & comme depuis le défaut de fes cheveux jufqu'en bas, le tournant du corps tomberoit dans le même ton du fond d'avec lequel on auroit de la peine à le diftinguer, le peintre a mis avec beaucoup d'adreffe une draperie de linge d'un blanc fort vif, qui les détache l'un de l'autre. Ce tableau avec le Bacchus font les derniers ouvrages de Rubens ; & fans mentir, il eft étonnant de voir deux tableaux faits en même tems fi oppofés de maniere; car celui-ci eft extrêmement fini, & le Bacchus eft touché d'un merveilleux artifice, & ces deux différentes manieres font dans ces tableaux leur effet admirablement,

LES TROIS BACCHANALES.

Ces ouvrages font des plus forts qu'ait jamais fait Rubens en toutes les parties de la peinture : il a pris plaifir d'y raffembler beaucoup de variété dans les figures comme dans la couleur.

PREMIER TABLEAU.

Il représente Bacchus affis fur un tonneau, & qui, fous la figure d'un homme extrêmement gras, tient une coupe d'une main, & fe carre de l'au tre. Derriere lui font un Satyre qui hauffe un vafe où il boit, & une Bac chante qui, d'une maniere libre & enjouće, verfe à boire avec profufion dans la coupe de ce Dieu; & ce qui fe répand, tombe de haut en la bouche d'un petit Satyre, qui la tête panchée en arriere, la main négligemment fur gorge, & les yeux fermés, montre la joie que le vin lui donne, pendant

fa

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