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nombre, dont le peuple Juif étoit furchargé ; mais ils étoient défectueux & impuiffans, infirma & egena elementa (a). Dans la Loi Evangélique, ils font en plus petit nombre (b); Jefus - Christ n'en a inftitué que fept: ils font autant au-deffus de ceux de l'ancienne Loi, que la vérité eft audeffus de la figure. Chaque Sacrement a fa matiere & fa forme (c), c'est-à-dire, des Rits fenfibles & des paroles qui en expriment la vertu & les effets. Il n'eft permis de rien changer ni dans les Rits ni dans les paroles. Si on y faifoit un changement tel que les paroles euffent un autre fens, ou fi les Rits étoient altérés dans ce qui leur eft effentiel, il n'y auroit pas de Sacrement. Perfonne ne doit fe permettre d'y faire le changement le plus léger fans une preffante néceffité, quand même ce changement n'intéref

feroit pas la validité du Sacrement.

La différence des Sacremens de l'ancienne & de la nouvelle Loi confifte principalement en ce que ceux-ci donnent la grace, que ceux-là fignifioient fans la donner (d). Car l'Efprit faint opére dans les Sacremens de la nouvelle Loi (e). Ils n'ont pas été inftitués uniquement pour nourrir la foi, mais encore pour donner la grace à ceux qui les reçoivent avec les difpofitions requifes (f). Il y en a trois qui impriment un caractère; fçavoir, le Baptême, la Confirmation & l'Ordre; c'eft pourquoi on ne peut les réitérer fans facrilége.

Puis donc que les Sacremens conférent la grace, les Pasteurs doivent bien prendre garde, dit S. Cyprien, de ne pas abandonner leurs ouailles dans le danger (g). Dieu ne les leur a pas confiées

(a) Galat. 4. 9. (b) Aug. Ep. 118. (al. 54.) ad Januar. c. 1. Unde Sacramentis numero pauciffimis, obfervatione facillimis, fignificatione præftantiffimis focietatem novi populi colligavit.

(c) Aug. tract. 90. in Joan. c. 3. In aqua verbum mundat: detrahe verbum, & quid eft aqua nifi aqua? accedit verbum ad elementum, & fit Sacramentum, etiam ipfum tanquam vifibile verbum.

(d) Trid. feff. 7. Can. 2. 6. 7. de Sacram.

(e) Cyrill. Jerofol. catech. 3. p. 16. c. Aqua fimplex per fancti Spiritûs, Christi & Patris invocationem acceptâ virtute fan&itatem confequitur... aqua fanè mundat corpus, Spiritus autem fignat animam. Aug. q. 84. in Levit. Dominus autem (fanctificat) invifibili gratiâ per Spiritum fan&tum, ubi eft totus fructus vifibilium Sacramentorum ; nam fine ifta fanctificatione invifibilis gratiæ vifibilia Sacramenta quid profunt? L. 4. de Bapt. c. 22. ( al. 29.) Miniftrorum ope corporaliter adhibetur; fed per hoc Deus hominis confecrationem fpiritaliter operatur.

(f) Tertul. de refur. carn. c. 8. Sed & caro abluitur, ut anima emaculetur; caro ungitur, ut & anima confecretur; caro fignatur, ut & anima muniatur ; caro manus impofitione adumbratur, ut & anima illuminetur; caro corpore & fanguine Chrifti vefcitur, ut & anima de Deo faginetur.

(g) S. Cypr. Ep. 54. ( al. 57.) ad Cornelium.

pour chercher leur propre avan-
tage, mais pour veiller à celui de
leur troupeau. Ainfi en marchant
fur les traces du bon Pasteur, qui
a donné fa vie pour fes brebis, ils
doivent être prêts à affifter leurs
Paroiffiens, à quelque heure que
ce puiffe être du jour ou de la nuit,
fans que ni le mauvais
ni le mauvais temps,
ni
la crainte des maladies les plus
contagieufes puiffe les arrêter,
Dieu leur demandera compte du
fang de leurs freres qu'ils auroient
laiffé mourir par leur négligence,
fans les fecours qu'il les a chargé
de leur diftribuer. On peut bien
dire aux Curés, lorfqu'ils courent
rifque alors de gagner quelque
maladie ce que
Ies SS. Doc-
teurs (a) difoient autrefois aux
Pafteurs pour les détourner de
prendre la fuite dans les tems
des perfécutions; qu'ils expofent
les fidéles au danger de périr éter-

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nellement, lorfqu'ils les laiffent mourir fans recevoir les Sacremens. C'eft pourquoi un Curé doit avertir fouvent fes Paroiffiens, que fi quelqu'un vient à tomber malade, on lui en donne avis fur le champ, & qu'on le faffe venir avec confiance & en toute liberté, fans craindre de l'incommoder. Lorsque le Curé fera appellé, il doit bien prendre garde de témoigner par aucun ligne, qu'il craint la fatigue, l'incommodité ou la maladie : mais il recevra avec bonté ceux qui le viennent chercher; & faisant voir un faint zéle pour le falut des ames, & une charité vraîment paternelle, il fe rendra auffi-tôt dans la maison du malade. Le fecond Concile d'Aix-la-Chapelle explique fort au long tout ce que les Pasteurs doivent à leurs peuples en ces occasions (b).

(a) Aug. Ep. 180. ( al. 228.) c. 8. ad Honoratum. An non cogitamus cùm ad iftorum periculorum pervenitur extrema, nec eft poteftas ulla fugiendi; quantus in Ecclefia fieri foleat ab utroque fexu atque ab omni ætate concurfus; aliis baptifmum flagitantibus, aliis reconciliationem, aliis etiam poenitentiæ ipfius actionem, omnibus confolationem & Sacramentorum confectionem & erogationem ? Ubi fi Miniftri defint, quantum exitium fequitur eos qui de ifto fæculo vel non regenerati exeunt, vel ligati? quantus eft etiam luctus fidelium fuorum, qui eos fecum in vitæ æternæ requiem non habebunt?.., Si autem Miniftri adfint, pro viribus quas eis Dominus fubminiftrat, omnibus fubvenitur; alii baptifantur, alii reconciliantur, nulli Dominici corporis communione fraudantur,

(b) Cap. 2, part, 2. Can. 5. Presbyterorum verò qui præfunt Ecclefiæ Chrifti, & in confectione divini corporis & fanguinis, confortes cum Epifcopis funt, minifterium effe videtur, ut in doctrina præfint populis, & in officio prædicandi ; ne in aliquo defides inventi appareant. Item ut de omnibus hominibus, qui ad Ecclefiam eorum pertinent, per omnia curam gerant; fcientes fe pro certo reddituros rationem pro ipfis in die judicii, quia cooperatores oneris noftri effe procul dubio nofcuntur ; quapropter ab ortu nativitatis cujufque ad fe pertinentis prædictam curam habeat, ne aliquis eorum abfque renatione facri baptifmatis moriatur. Poft ассерtum autem facrum Baptifma fine manûs impofitione Epifcopi non remaneat ; aç deinde imbuatur fcire orationem Dominicam atque Symbolum pofteà verò quas

Que les Pasteurs fe rappellent fouvent l'obligation où ils font de traiter faintement les chofes faintes; car fi la Loi qui n'avoit que l'ombre des biens à venir, & non ia folidité même des chofes (a), exigeoit néanmoins une fi grande fainteté dans fes Prêtres; quelle doit être la fainteté des Prêtres de la nouvelle Loi, dont les fonctions regardent non les figures & les ombres des chofes céleftes (b), mais la vérité même? L'Eglife a défini dans le premier Concile d'Arles (c) & dans le Concile de Trente (d), qu'un Sacrement eft valide, quoiqu'il foit conféré par un Miniftre pécheur & impie ; parce que les Sacremens tirent leur efficace non du mérite des Miniftres, mais du fang de Jefus Chrift. En effet, c'elt Dieu qui donne la grace; ce n'eft pas le Miniftre, qui ne fait que prêter fes mains & fa langue (e). Il n'y a pas différens Baptêmes felon les différentes difpofitions de ceux qui en font les Miniftres ; il n'y en a qu'un à cau

fe de la fainteté du Pere, du Fils, & du Saint-Efprit qui y font invoqués (f). Mais fi les graces que les Miniftres profanes & pécheurs conférent, font utiles aux autres, elles leur font inutiles, ou plutôt elles leur font pernicieufes. Ils reffemblent à ces canaux de pierres qui demeurent ftériles, pendant qu'ils conduifent dans les jardins des eaux qui y portent la fécondité. Ils fe rendent coupables d'autant de facriléges qu'ils adminiftrent ou qu'ils reçoivent de Sacremens, lorfque le péché les en rend indignes: ce qui attire très-fouvent fur eux l'aveuglement de l'efprit & l'endurciffement du coeur, fruits funeftes d'une malheureuse racine.

On exigeoit des Prêtres de l'ancienne Loi pour toucher aux pains de propofition & pour offris des victimes charnelles, qu'ils fuffent exempts de crimes, purs de toutes fouillures légales, & qu'ils fe fuffent abftenu de l'ufage légitime du mariage. Combien donc feroit-il horrible que les Prêtres

liter vivere debeat, doceatur. Si fortè vitiofus vel criminofus apparuerit, qualiter corrigatur provideat: fi autem infirmitate depreffus fuerit, ne confeffione, atque oratione Sacerdotali, necnon & un&tione acrificati olei per ejus negligentiam careat. Denique fi finem urgentem perfpexerit, commendet animam Chriftianam Domino Deo fuo, more Sacerdotali, cum acceptione facræ Communionis; corpufque fepulturæ, non ut mos eft gentium, fed ficut Christianorum.

(a) Hebr. 10. 1. Col. 2. 17. (b) Heb. 8. 5. (c) Can. 8. (d) Seff. 7. Can. 12. de Sacram. Can. 4. de Baptifmo. (e) Chryfoft. Hom. 85. (§. 86.) in Joan. p. 558. d Etiamfi pravi fint Sacerdotes, Deus omnia per eos perficiet & mittet Spiritura fan&tum... Pater, & Filius, & Spiritus San&us omnia facit: Sacerdos & manus & linguam præbet: neque enim juftum eft propter alterius malitiam ad falutis noftræ Symbola fide accedentes offendi. Hom. 3. in 1. ad Cor. p. 22. b. Non enim quæritur qui baptizavit, fed qui invocatur ad Baptisma; is enim remittit peccata. (f) Aug. l. 3. contra Crefcon, c. 6.

de la nouvelle Loi qui touchent le pain de vie & le diftribuent au peuple, qui offrent à Dieu non des veaux & des boucs, mais notre Seigneur Jesus-Chrift, le véritable agneau de Dieu, pur & fans tache, s'approchaffent des chofes faintes fouillés de quelque crime, fur-tout du péché de l'impureté ! L'Eglife a interdit aux Prêtres l'usage même du mariage, afin qu'ils s'acquittent de leurs fonctions avec plus d'exactitude & une plus grande liberté. De quel front un Prêtre, qui fe fent coupable d'un péché d'impureté, ofera-t-il fe préfenter avec une hardieffe téméraire pour adminiftrer les Sacremens ? Si ceux qui font nés de Dieu ne commettent point le péché (a), combien plus les Prêtres doivent-ils être exemts de péché mortel? C'est pourquoi fi un Prêtre, ce qu'à Dieu ne plaife, oubliant la dignité de fon état, étoit tombé dans un péché mortel, il faut qu'il l'expie par une pénitence longue & proportionnée au péché dont il s'eft rendu coupable ; & s'il ne renonce pas pour toujours à fes fonctions, qu'il les fufpende du moins pendant longtemps: qu'il fe fouvienne de l'ancienne difcipline de l'Eglife, qui éloignoit pour toujours du faint Ministère ceux qui avoient commis quelque grand péché (6), principalement contre la pureté.

C'eft un état bien déplorable & bien horrible que celui d'un Pafteur qui fe met par fes crimes dans le cas de priver les fidéles des Sacremens qui leur font dûs, ou de les leur adminiftrer étant coupable de péché mortel. Si quelqu'un néanmoins étoit affez malheureux pour tomber dans cette trifte extrémité, & qu'il ne fe trouvât point d'autre Prêtre qui pût adminiftrer les Sacremens, ni à qui il pût fe confeffer; qu'il demande pardon à Dieu, qu'il mé dite l'énormité du crime qui le jette dans cette funefte néceffité, qu'il faffe un acte de Contrition, & qu'il confére le Sacrement avec frayeur: mais il doit après cela fe retirer du faint Ministère, ou du moins demeurer un tems confidérable fans en faire les fonctions, fe confeffer fans délai de ses péchés, & les expier par des oeuvres de pénitence, fuivant le confeil d'un guide pieux & éclairé.

Que ceux donc qui font chargés des fonctions faintes du Sacerdoce, ayent foin de vivre faintement & avec piété qu'ils fuyent & qu'ils méprifent le monde qui hait les difciples de JefusChrift, & qui a haï Jesus-Chrift le premier: qu'ils s'éloignent des vaines converfations du fiécle: qu'ils ne perdent pas un tems qui leur eft accordé pour travailler à leur falut & à celui de leurs bre

(a) 1. Joan. 3. 9. (b) Bafil. Can, 32. Qui peccatum ad mortem peccant Cle nici, de gradu quidem dejiciuntur.

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