E T LA DOCTRINE SPIRITUELLE DU PERE L. LALLEMANT, DE LA COMPAGNIE DE JESUS. A PARIS > M. DC. XCIV. Avec Approbation & Privilege de Sa Majesté dit du colombier A MONSEIGNEUR MONSEIGNEUR GILLES DE BEAUVAU EVESQUE DE NANTES. MONSEIGNEVR, Te prefente à V.G. la Vie & la DoEtrine fpirituelle d'un des hommes du monde qui a le mieux fçû, le plus folidement enfeigné, & le plus exactement pratiqué la perfection de la vie apoftolique, dont les premiers Maîtres font les Evêques, & les Princes de l'Eglife. Vousy reconnoîtrez ces fain tes maximes de la morale de l'Evan gile la plus pure, qui font les regles de vôtre conduite ; ces nobles fentimens d'un cœur penetré de Dieu ; cet efprit de pieté, cet efprit de Zele que vous joignez ensemble avec tant d'édification. C'eft-là, Monfeigneur, ce que je confidere plus, que tant d'autres grands avantages qu'on admire en vous: la noblesse d'un fang allié avec celuy de toutes les Maifons Royales de l'Europe ; une grandeur d'ame égale à cette haute naiffance ; une élevation de génie, qui vous met au deffus des affaires les plus difficiles ; une étendue d'efprit capable de tous les emplois ; & qui fait que fans vous détourner de vôtre continuelle application au miniftere, vous rendez à l'Estat des fervices importans. Il eft vray, Monfeigneur, que ces éminentes qualitez vous diftinguent entre les Prelats : mais l'accés qu'il a plû à V. G. de me donner auprés de vous, m'a fait connoître en vous des avantages plus confiderables aux yeux de Dieu, & d'autres vertus qui font géneralement connues. Cette bonté qui vous eft naturelle, & qui vous porte à faire du bien à tout le monde, cette charité fi compatifante aux miferables, & fi ingenieuse à leur procurer de la confolation & du foulagement ; cette humilité fans affectation, qui vous fait Souvent oublier ce que vous eftes pour vous rendre égal aux autres; cette fa cilité à écouter le pauvre comme le riche, & à donner à chacun les fccours, & les confeils qui leur font néceffaires; cette prudence fi éclairée, qui fait prendre des mesures fi juftes pour executer fes deffeins, & dont les décifions dans les matieres morales les plus embrouillées font fi folides & fi fures; cette équité fi conftante, qui fait Souhaiter à votre peuple de vous avoir pour arbitre de fes differends, & qui vous fait fi bien ménager le bon droit &les interefts de tous ceux qui fe foûmettent à vos jugemens; cette fermeté à combattre le vice, & à maintenir le bon ordre dans votre Diocefe, font des vertus, qui paroiffent en vous avec un éclat que vôtre modeftie ne peut cacher. Mais, Monfeigneur, me permettra-t-elle de dire, que ceux qui ont l'honneur de vous approcher de plus prés, découvrent d'autres vertus plus fecretes, qui les charment: un dégagement des chofes de la terre ; une aufterité réguliere, une égalité d'efprit, & une moderation à l'épreuve de tous les contre-temps; une vigi |