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montrées sur la carte en couleur blanche, et qui constituaient le monde connu des anciens.

Et remarquez bien encore ici quelque chose d'important : cet empire nous a été représenté dans les prophéties comme n'en formant en quelque sorte qu'un seul, figuré par un seul colosse métallique, commencé par le roi de Babylone (qui en est la tête), continué par les rois des Perses et par ceux des Grecs (qui en sont les bras et la poitrine, le ventre et les cuisses), et enfin achevé par les rois latins (qui en sont les jambes et les pieds). Il en résultera que souvent dans les Ecritures, soit de l'ancien, soit du nouveau Testament, Rome sera appelée Babylone; parce qu'aux yeux du Saint-Esprit, qui embrasse d'un coup-d'œil toute la suite des temps, l'empire de Babylone était comme le commencement de l'empire romain, tandis que l'empire romain, à son tour, n'était que Babylone dans son développement et dans sa plénitude.

Je vous ai dit, mes amis, que cette dernière remarque avait de l'importance, parce qu'ellé jettera plus tard une utile lumière sur les études que vous pourrez faire dans la parole des prophètes.

Par exemple, quand vous lirez dans les « Révélations de Saint-Jean » (XVII), comment il décrit ce que devait être dans l'avenir la ville de Rome, la ville aux sept collines (comme il l'appelle, v. 9), la ville qui (de son temps) dominait sur les rois de la terre (v. 18); quand il vous l'aura dépeinte comme une église adultère, sous l'image d'une femme impure et prostituée, revêtue de fin lin, de violet (1) et d'écarlate (XVII,4; XVIII, 16), parée d'or, de pierres précieuses et de perles, et quand alors il finira par vous dire son nom, vous ne serez plus étonnés d'entendre qu'il l'ap

(1) Le violet, chez les anciens, s'appelait pourpre.

pelle: Babylone la grande, la mère des fornicateurs et des abominations de la terre (v. 5). Il lui voit, dit-il, un nom écrit sur son front; et quel est ce nom?

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Mystère.

Mais quel mystère ?

-Babylone la grande.

- Il la voit portée à cheval comme sur l'empire romain, c'est-à-dire sur une bête à sept têtes et dix cornes (v. 3), assise sur les grandes eaux, qui représentent des peuples, et des foules, et des nations, et des langues (v. 15); il la voit enfin sous les traits d'une femme ivre....... ivre! et de quel vin ?

Ivre de sang.

- Et de quel sang?

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sang des saints et des témoins de Jésus !

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-Oui, et quand Jean la vit ainsi, il fut étonné d'un grand étonnement. Vous pouvez donc vous assurer ici très-évidemment (et tous en conviennent) que Rome est mystérieusement appelée par le Saint-Esprit du nom de Babylone.

Mais je crois même qu'il y a là quelque chose de plus; et puisque je vous en ai dit autant, il faut que je vous fasse part d'une observation qui m'a vivement frappé cette semaine, et qui, je l'espère, vous intéressera.

Je pensais, pour vous être agréable et pour vous rendre plus facile la mémoire de tous ces faits, à vous décrire le * costume des rois de Babylone; et, dans ce but, je lisais les anciens historiens qui se sont plu à nous réciter avec un grand détail les usages des Chaldéens. L'un d'eux, entre autres, est un grand géographe nommé Strabon, né près du pays des Mèdes, cinquante-six ans avant Jésus-Christ. Un autre, qu'on appelle Hérodote, le plus ancien des histo8

TOME I.

riens grecs, était un sage voyageur qui visita lui-même Babylone, et qui naquit quarante-cinq ans seulement après la mort de Daniel.

Or, nous apprenons par ces historiens (1) que les rois de la Chaldée, comme ceux de Perse qui leur succédèrent, portaient à leur doigt un anneau qui leur servait de cachet; à leurs pieds, des crépides ou pantoufles que venaient baiser les rois vaincus; sur leur corps, une tunique ou soutane blanche, qui pendait jusqu'à leurs pieds, et par-dessus cette soutane, un grand manteau de couleur blanche; sur leur tête enfin, une tiare ou grand bonnet rond, raide, droit et très-élevé, lequel avait deux bandelettes pendant sur leurs épaules. Les souverains seuls avaient le droit de porter un tel ornement; la peine de mort était prononcée contre quiconque oserait s'en couvrir; et les médaillistes nous déclarent, comme un principe de leur science, que toute monnaie ou médaille dont la figure est coiffée de la tiare, indique nécessairement un prince de l'Orient.

-

Or, mes enfants, pour quiconque a vu de ses yeux la ville de Rome, il est difficile, en lisant ces descriptions des anciens historiens, de ne pas se demander s'ils n'ont pas voulu nous donner la plus exacte description du prince qui règne aujourd'hui dans cette capitale.

Toute sa personne, en effet, ressemble à Nébucadnétsar, depuis la tête jusqu'aux pieds. A son doigt, l'anneau qui lui sert de cachet, qu'il reçoit à son couronnement et qu'il appelle l'anneau du pêcheur; à ses pieds, les pantoufles que viennent baiser les rois de l'Occident et leurs ambassadeurs ; sur son corps, la tunique blanche qui pend jusqu'aux talons, et par-dessus la tunique, un grand manteau de satin blanc,

(1) Voyez, fin du volume, note b.

parsemé d'étoiles d'or, et dont les pans s'étendent pour recevoir l'encens; mais surtout, à sa tête, cette haute coiffure, ronde, droite, élevée, magnifique, que lui-même appelle sa tiare ou son trirègne, et qui, comme celle du roi de Babylone, porte deux bandelettes pendantes de chaque côté. Il est le seul prince moderne qui tienne sur sa tête un tel ornement; et cet inimitable bonnet est même à tel point la parure distinctive de sa personne et l'emblème de son caractère, qu'il l'a prise pour le symbole de sa puissance royale et qu'il en a fait le signe de ses armoiries. Il est gravé sur ses murailles, sur les colonnes de ses temples et sur le front de ses soldats; il est brodé sur ses étendards, on le voit flotter sur les sept collines, sur leurs palais, sur leurs monuments et sur leurs remparts. En voici le dessin.

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Il faut convenir que, par son extrême magnificence, cet ornement de sa tête est digne des monarques de Babylone.Il est, disent les historiens, d'un prix inestimable, resplendissant d'or, de pierres précieuses et de perles (Apoc., XVII, 4). L'on estimait celui de Clément VIII, à 500,000 pièces d'or; celui de Martin V avait, dit-on, 5 1/2 livres de perles et 15 livres d'or. Celui de Faul IV portait une énorme quantité de rubis, d'émeraudes, de saphirs, de chrysolithes, de diamants et de perles achetées à tout prix : celui de Paul V était plus magnifique encore (1). Quant à celui de Grégoire XVI, qui règne cette année, je n'en ai rien appris et je ne l'ai pas vu (2).

Mais si telles sont, quant à leur apparence extérieure, les analogies du prince désigné comme la tête d'or, et de celui dont la place est dans les pieds de la statue, voici cependant trois différences qu'il faut avoir signalées :

(1) Voyez, fin du volume, note c.

(2) Note d.

1° Toute la cour du dernier de ces monarques, ses officiers, son conseil, ses soixante-dix sénateurs (ou cardinaux) est revêtue de violet et d'écarlate, tandis que nous ne saurions point dire que ces deux couleurs aient distingué la cour de Nébucadnétsar (1); ses évêques sont en violet, ses cardinaux (ou sénateurs) sont en écarlate: bonnet, chapeau, bas, gants, souliers, robe, manteau, tout est écarlate. Quand ils vont l'asseoir sur ce qu'ils appellent l'autel de Dieu, à la place du SaintSacrement, pour l'adorer (comme ils disent eux-mêmes), douze hommes, vêtus d'écarlate de la tête aux pieds, le portent sur leurs épaules sous un dais écarlate, pendant que d'autres hommes, également vêtus d'écarlate, tiennent à sa droite et à sa gauche de vastes éventails de plumes de paon (2).

2o Ses pantoufles, que les rois et les prêtres viennent baiser en l'adorant, comme les rois et les astrologues adoraient le roi de Babylone, ses pantoufles portent une image que n'avaient point celles de Nébucadnétsar; mais quelle image! Hélas! est-il permis de le dire sans horreur? Ils ont osé mettre sur l'empeigne de ses pieds la croix de Jésus-Christ notre Seigneur! - Et pour adorer la croix de Jésus-Christ, le peuple, les prêtres et les princes viennent la baiser sur les pantoufles de ce prêtre italien !

3o La tiare romaine, enfin, porte un double caractère que n'avait point, je crois, la tiare babylonienne. Elle est enrichie de trois couronnes, placées les unes au-dessus des autres; les Italiens l'appellent le trirègne (les trois royaumes); et nous verrons plus tard (au chapitre VII de Daniel, v. 8 et 24) le sens providentiel et prophétique de cette étonnante circon

(1) Voyez la leçon 19e.

(2) Note e.

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