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Oui, il y a 2443 ans que, sur les bords de ce fleuve d'Euphrate où se promènent à présent les lions du désert, il y avait une cité magnifique, des palais somptueux, un peuple de conquérants, un commerce immense, des canaux gigantesques, des sages, des astronomes, des politiques, des généraux, des gouverneurs, des royaumes, des reines, des princes, des fêtes splendides, des concerts mélodieux, des cris de joie et des scènes de triomphe. Au milieu de tout ce bruit et de toute cette gloire, il y avait dans le palais des rois une salle fastueuse où l'on vit, l'an 604 avant JésusChrist, assis sur son trône d'or, un conquérant qui faisait trembler la terre, et devant lui un jeune homme de dix-sept ans, qui lui racontait les destinées des empires à venir comme on réciterait aujourd'hui l'histoire du passé. - Ces empires sont venus, puis ils sont tombés; toutes les puissances de la terre doivent tomber de même; mais ce livre qui raconte leurs élévations et leurs chutes, ce livre que nous avons ici dans nos mains, tandis que nous aussi nous nous envolons, ce livre ne passera jamais!

Voyons maintenant le sort du quatrième empire.

Je lis d'abord au v. 33: Ses jambes étaient de fer, et ses pieds en partie de terre et en partie de fer.

Et je lis plus bas son interprétation, aux v. 40, 41, 42 et 43: Puis il y aura un quatrième royaume qui sera comme du fer, parce que le fer brise et met en pièces toutes choses; car comme le fer met en pièces toutes ces choses, ainsi il brisera et mettra tout en pièces. Et quant à ce que tu as vu que les pieds et les orteils étaient en partie de terre de potier et en partie de fer, c'est que le royaume sera divisé, et il y aura en lui de la force du fer, selon que tu as vu le fer mêlé avec la terre de potier. Et ce que les orteils des pieds étaient en partie de fer et en partie de terre, c'est que ce royaume sera en par

tie fort et en partie frêle. Mais ce que tu as vu le fer mêlé avec la terre de potier, c'est qu'ils se mêleront par semence humaine, mais ils ne se joindront point l'un avec l'autre, ainsi que le fer ne peut point se mêler avec la terre.

Voilà ce qu'il s'agit d'expliquer. Cependant, avant d'ouvrir pour cela le livre de l'Histoire et de nommer ce quatrième empire, il faut nous attacher à reconnaître d'abord, par le seul témoignage de notre texte, quels devaient être les caractères et les destinées de ce quatrième royaume. Voyons ce que nous en eussions déjà pu dire au temps de Nébucadnétsar par la simple lecture de Daniel.

1° Il devait être de fer (v. 33); il devait être fait comme du fer (v. 40), parce que le fer brise et met er pièces toutes choses; car comme le fer met en pièces toutes ces choses, ainsi il devait briser et mettre tout en pièces. -Cette quatrième monarchie devra donc être celle d'un peuple plus belliqueux, plus cruel, plus puissant et plus oppresseur qu'aucun des précédents.

2o Il était d'abord représenté par deux jambes, parce qu'il ne devait d'abord point être monarchique, mais républicain, et gouverné par deux pouvoirs égaux.

30 Les doigts de ses pieds sont expressément mentionnés dans la prophétie; ce qui, d'après le langage ordinaire des emblêmes, indique que ce quatrième royaume, dans les derniers temps de son empire, serait partagé en dix Etats distincts et ainsi continué (toujours comme empire latin) sous cette forme nouvelle; de la même manière que nous avons vu l'empire d'airain continuer d'exister après sa division dans les deux cuisses d'airain. - Et si vous voulez une explication infaillible de cet emblême, vous la trouverez au chapitre VIIe, où vous verrez le prophète nous représenter les quatre mêmes monarchies sous l'image de quatre bêtes

féroces, dont la quatrième a dix cornes comme les pieds de notre statue ont dix doigts; et vous entendrez l'un des assistants lui dire (v. 23 et 24): La quatrième bête sera un quatrième royaume sur la terre, lequel sera différent de tous les royaumes et dévorera toute la terre et la foulera et la brimais les dix cornes sont dix rois qui s'élèveront de ce royaume.

sera;

40 Le bas des jambes et les pieds étaient en partie de fer et en partie de terre (v. 33); et nous voyons (au v. 41), que c'étaient les pieds et leurs doigts qui devaient être en partie de terre de potier et en partie de fer, parce que ce royaume devait être divisé : en partie, fort; et en partie, faible.

Ces derniers traits nous indiquent qu'il devait s'opérer un changement intime dans la constitution de ce royaume; par où je veux dire que ce ne devait pas être un partage extérieur comme celui qu'indiquaient les dix doigts, mais une division intestine, essentielle, en deux gouvernements, ou deux peuples, ou deux langues, ou deux puissances; une division qui devait être commune aux dix royaumes, et à laquelle auraient part également et les pieds de la statue et chacun de leurs dix doigts.

5o Ce changement essentiel dans la constitution intime de cet empire devait se faire.... quand? D'après notre règle de chronologie, vous ne devez pas avoir de peine à me répondre. Vous savez que la hauteur respective des emblêmes, dans le corps de la statue, détermine la suite des temps dans les destinées successives des Quatre Monarchies.

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Ce changement devait avoir lieu vers la fin de cette

monarchie, puisqu'il ne commence que dans les pieds.

Très-bien, cher enfant; et cependant aussi ce même changement intime devait s'opérer avant la division de l'empire, puisqu'il commence au-dessus des orteils.

TOME I.

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6o Enfin, le fer et la terre de potier, mêlés dans les pieds de la statue, ne pouvaient cependant jamais se confondre l'un avec l'autre ; et cet emblême, comme cela nous est expliqué au v. 43, signifiait que les deux parties de cette division intime, introduite dans le quatrième empire, seraient unies sans se confondre jamais. Elles s'uniraient par semence humaine, c'est-à-dire qu'elles seraient prises dans les mêmes races et les mêmes familles, sans pouvoir cependant jamais se mêler réellement l'une avec l'autre.

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Voilà donc six caractères bien prononcés qui nous sont donnés de ce quatrième empire. - Voulez-vous me les répéter? (LES ENFANTS LES RÉPÈTENT.)

Maintenant, mes amis, j'ouvre le livre de l'Histoire, et je vais vous dire en peu de mots les destinées de la quatrième monarchie. Quiconque a quelque connaissance des révolutions de l'empire romain admirera profondément l'exactitude, la variété et la précision de ce tableau. Il n'en a jamais été fait, même après l'événement, ni de plus précis, ni de plus clair en si peu de mots, ni de plus propre par conséquent à résumer toute l'histoire.

On a fait souvent, dans ces derniers temps, des tableaux synoptiques, destinés à présenter à la jeunesse, d'une manière facile et frappante, les grands traits de l'histoire ancienne. Cependant, je ne pense pas qu'il en existe aucun d'aussi convenable que Daniel. Vous en allez bientôt juger

avec moi.

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Le quatrième empire était de fer de fer! On ne peut mieux définir le caractère des Romains: tout en eux était de fer. Leur gouvernement était de fer, inflexible, dur, écrasant, impitoyable. — Leur courage était de fer, cruel, sanguinaire, indomptable. -Leurs soldats étaient de fer; jamais peuple ne fut plus redoutablement armé dans les combats :

leurs cuirasses, leurs casques, leurs longs boucliers, leurs dards, leurs javelots, leurs courtes et pesantes épées à deux tranchants, toutes leurs armes étaient ingénieusement terribles. Leur discipline était de fer : le général juif Josèphe nous l'a décrite, après qu'il eut vu défiler toute leur armée se rendant au siége de Jérusalem. « Leurs lois, dit-il, ordonnent la peine de mort, non-seulement pour la désertion, mais pour les moindres négligences; et quelque sévères que soient ces lois, les officiers qui les font observer le sont encore davantage. » — Leur joug sur les vaincus était de fer: pesant, insupportable, et cependant inébranlable, inévitable. Dans leurs conquêtes, ils écrasaient tout; ils réduisaient en provinces romaines toutes les contrées soumises; ils ne leur laissaient rien de leur nationalité, et dans peu de temps ils leur avaient tout ôté jusqu'à leur langue ; il fallut bientôt qu'on parlât latin, non-seulement dans toute l'Italie, mais en Allemagne au midi du Danube, mais dans toute la France, mais dans la Belgique, dans la Suisse, à Genève, en Espagne, en Portugal et jusques en Afrique. Leurs cœurs étaient de fer : jamais ils ne connurent la pitié ; ils faisaient couler le sang des hommes comme de l'eau; il leur fallait ces joies de cannibale dans la paix comme dans la guerre. Quand ils coupaient la tête d'un homme, ce n'était jamais sans l'avoir auparavant déchiré jusqu'aux os, en le frappant de bâtons flexibles qu'on appelait des verges. Quand ils avaient vaincu quelque roi, ils l'attelaient à leur char de triomphe au jour de leur entrée dans Rome; et pendant les festins que l'empereur donnait alors à son armée dans les palais du Capitole, on fouettait ce malheureux jusqu'à sa mort apparente; puis, lui coupant la tête avec des cris de joie, on le tirait enfin par un croc dans la rivière du Tibre. - Quand Jules-César, qui s'empara de toute la France et la réduisit en province romaine, en eut

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