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pris d'assaut la dernière ville, il fit couper les deux mains à tous les hommes qui s'y trouvèrent et s'en vanta lui-même dans ses « Commentaires. » Il leur fallait du sang humain dans toutes leurs joies; ils avaient pour ce plaisir, dans toutes leurs villes, des théâtres où les dames romaines assistaient comme les hommes, et où l'on obligeait de pauvres prison niers de guerre à se battre jusqu'à la mort, ou bien contre des bêtes féroces, ou bien les uns contre les autres. Dès que l'un d'eux était blessé, tout le peuple criait: Il en a! il en a! et il fallait alors que le malheureux, baissant aussitôt son bouclier, mît un genou en terre, et tendît la gorge avec une grâce théâtrale pour se laisser tuer; le peuple, à cette vue, hommes et femmes, donnait le signal en élevant le pouce; et aussitôt le vainqueur, s'approchant du vaincu, lui mettait son épée sur la veine jugulaire au-dessus de l'épaule, et la lui enfonçait jusqu'à la garde. Alors, si le malheureux, en mourant, savait conserver une attitude héroïque et des mouvements gracieux, les applaudissements de toute la foule saluaient à grands cris son dernier soupir. Quand Jules-César, à son retour de France, donna ses fêtes au peuple de Rome, il y eut, dit-on, des combats semblables dans chacune des rues de cette immense cité : c'était entre des prisonniers allemands ou français. Le fameux Titus, celui qui prit Jérusalem, et qu'on a nommé « le plus doux des Romains et les délices du genre humain, » fit tuer de sang-froid tous les vieillards, tous les malades et tous les gens mal faits; et quand il se mit en marche joyeuse pour retourner à Rome, il prit à sa suite les quatre-vingt mille jeunes Juifs qui restaient et les fit tuer par milliers à coups d'épée ou dévorer par les bêtes féroces pour amuser le peuple dans les villes de son passage. Dans un seul jour, par exemple, à Césarée, le 24 octobre, pour célébrer le jour de naissance de son frère, il en

fit

mourir deux mille cinq cents, dont les uns furent brûlés, les autres égorgés et les autres mangés par les bêtes. Ce qui survécut de cette multitude fut employé à bâtir le Colysée ou à donner sa vie à son tour pour les jeux cruels qu'on y célébra. Nous tenons ces détails de Josèphe, qui suivit ce prince à Jérusalem et qui fut son ardent admirateur.

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Il y aura un quatrième

Les jambes étaient de fer. royaume qui sera comme du fer, parce que le fer brise et met en pièces toutes choses; car comme le fer met en pièces toutes choses, ainsi il brisera et mettra tout en pièces (v. 30).

Vous verrez plus tard, au chapitre VIIe, lorsque le prophète représentera les Monarchies sous l'image de quatre bêtes féroces, que la quatrième était épouvantable, affreuse et très-forte; elle avait de grandes dents de fer; elle mangeait et brisait, et elle foulait à ses pieds ce qui restait.

Nous avons dit, en second lieu, que ce quatrième royaume, dans la statue, étant représenté dès son commencement par deux jambes de fer, devait être d'abord gouverné par deux autorités égales en pouvoir. — Tel fut en effet l'empire romain, lorsqu'il devint partie de la statue, c'est-à-dire lorsqu'il eut réduit le royaume grec de Syrie en province romaine, l'an 65 avant Jésus-Christ, et qu'il eut pris Jérusalem, l'an 63. - Cet empire alors n'était point monarchique; il avait officiellement deux chefs d'un pouvoir égal, qu'on appelait consuls, auxquels on remettait l'imperium, au nom desquels on administrait les affaires publiques, et par lesquels, dans les fastes, on désignait les années.

Nous avons dit, en troisième lieu, que l'empire étant, dans sa partie inférieure, représenté par les dix doigts des pieds, devait être partagé en dix royaumes; et en quatrième lieu, que ce partage devait avoir lieu dans la dernière partie de son règne.

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C'est en effet là ce qui s'accomplit avec éclat vers l'an 400 de l'ère chrétienne et dans tout le siècle qui suivit. Alors accoururent presque toutes à la fois, du fond de l'aquilon, dix nations gothes, parlant la même langue, belliqueuses, innombrables, cruelles: elles traversèrent à la nage ou sur la glace le Danube et le Rhin; elles se précipitèrent sur tout l'empire latin, et s'établirent même dans Rome, l'an 476 après Jésus-Christ. Mais bientôt elles reçurent toutes également les usages, la religion, le culte, les lois et la langue même des Romains ; en sorte qu'elles continuèrent, malgré l'invasion, ce quatrième empire sous une forme nouvelle, et que leur église s'appela l'Eglise Latine; leur religion, la Religion Romaine; leur empire, le Saint Empire des Latins; leur langue sainte, la Langue Latine; et leur histoire pendant des siècles, l'Histoire de l'Eglise et de l'Empire.

Je n'ai pas le temps aujourd'hui de m'arrêter sur ces grands faits de l'histoire, et je vais me contenter de vous nommer ces dix nations et leurs dix rois; parce que nous serons appelés à les revoir avec plus de détail, lorsque nous étudierons le chapitre VIIe, où Daniel viendra les remettre sous nos yeux, dans une prophétie plus précise encore et bien plus étendue.

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C'étaient 1o Les Visigoths, sous leur roi Alaric. Ils se fixèrent en Espagne.

2o Les Ostrogoths, sous leur roi Théodoric. Ils s'établirent en Italie.

3o Les Hérules, sous leur roi Odoacre. Ils prirent Rome et l'y proclamèrent roi d'Italie et des Hérules.

40 Les Lombards, sous leur roi Alboin. Ils s'emparèrent de la haute Italie.

5o Les Français, sous leur roi Pharamond. Ils parlaient une espèce d'allemand, comme tous les autres; ils s'établi

rent dans Paris et dans une grande partie du pays envi

ronnant.

60 Les Bourguignons, qui envahirent une partie de la France et de la Suisse. Leur roi Gondebaud, qui parlait aussi l'allemand, résidait à Genève dans une maison dont une aile domine encore aujourd'hui l'ancienne porte du Bourg de Four (1),

70 Les Alains, sous leur roi Gonderic. Ils s'établirent d'abord en France et ensuite en Espagne.

80 Les Suèves, sous leur roi Hermanric. Ils passèrent au sud du Danube, dans le pays appelé d'après eux la Souabe.

9o Les Gépides, sous leur roi Cunermond. Ils vinrent se fixer en Pannonie, et l'on appela dès-lors leur territoire Royaume de Syrmium, comme on l'avait auparavant nommé Royaume de Gépidie.

100 Enfin les terribles Vandales, sous leur roi Genséric. Ils s'établirent d'abord en Espagne, où ils donnèrent leur nom à l'Andalousie (ou Vandalousie), puis ensuite en Afrioù ils fondèrent un royaume de Carthage.

que,

Quelques personnes ont voulu compter au nombre des dix rois les Anglo-Saxons qui s'établirent alors en Angleterre, et les Huns qui ravagèrent le monde sous le trop célèbre Attila ; mais c'est une double erreur : quant aux premiers, parce que l'Angleterre n'appartenait plus à l'empire des Latins et ne faisait pas partie de la terre prophétique; quant aux seconds, parce que, s'ils ont ravagé l'empire romain, ils ne s'y sont point établis, et qu'ils n'étaient ni de la même langue ni de la même race que les dix autres rois.

Cependant l'heure nous presse, il faut donc que je renvoie à un autre jour le mélange de l'argile avec le fer, et les

(1) Voyez note a.

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dernières destinées du quatrième empire. Seulement, je voudrais vous faire encore une seule observation.

En m'occupant pour vous du quatrième empire avec l'Atlas de Lesage que plusieurs d'entre vous étudient dans leurs écoles de la semaine, combien n'ai-je pas été rempli d'admiration pour son accord avec Daniel! Vous savez que M. Lesage (ou Las Cases) était un ami de l'empereur Napoléon, et que, pendant sa résidence à Sainte-Hélène avec son maître, il composa, pour mettre les grands faits de l'histoire à la portée de la jeunesse, une suite de tableaux synoptiques, où il a distingué par diverses couleurs et les empires et leurs subdivisions.

Ce savant qui, je le crois, vit encore, était bien loin, lorsqu'il composait son livre à côté de son ami l'empereur Bonaparte, de penser au prophète Daniel, qui cependant aurait pu le lui dicter, il y a 2443 ans, à côté de son ami l'empereur Nébucadnétsar. - N'aurait-il pas éprouvé lui-même une admiration profonde, s'il avait su voir la ressemblance de leurs travaux? Il divise, comme Daniel, l'histoire du monde en quatre parties, et il emploie quatre couleurs pour désigner les quatre monarchies des Babyloniens, des Perses, des Grecs et des Romains. Quand il en est aux Grecs-Macédoniens, il les partage en quatre royaumes; mais il en signale deux, ceux de Syrie et d'Egypte, comme beaucoup plus puissants que les autres; puis enfin, quand il arrive à l'empire de Rome, il le divise à peu près comme nous par l'invasion des Barbares.

Il a composé une carte que je vous montrerai quelqu'autre jour et qui semble faite d'après Daniel. Son but est d'y montrer la marche de ces dix rois : il les nomme et les énumère à peu près comme je viens de le faire (si ce n'est seulement qu'il se tromperait en y comprenant les Huns et les Anglais);

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