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ONZIÈME LEÇON.

(Dan., ch. 11, v. 41-49.)

Dieu veuille nous donner de terminer heureusement aujourd'hui l'explication de cette statue prophétique, où sont écrites, depuis vingt-quatre siècles, les annales des nations qui ne sont plus, les destinées de celles qui viendront encore, et les triomphes enfin de ce règne de Jésus-Christ qui doit un jour, en couvrant toute la terre, remplir son Eglise d'une sainteté parfaite et d'une éternelle joie ! Dieu nous donne surtout, en la terminant, d'avoir dans nos âmes quelque chose de cette émotion religieuse et de cette adoration fervente qui pénétrait l'âme encore païenne de Nébucadnétsar, lorsque, tombant sur sa face et prosterné devant Daniel, il s'écria: « Certainement, votre Dieu est le Dieu des dieux et le Seigneur des rois ! » Oh! oui ! que chacun de nous apprenne à l'adorer d'un cœur non moins ému et non moins prosterné, car nous contemplons de nos yeux dans l'Histoire ce que le roi de Babylone ne voyait encore que par la foi, nous portons même nos regards encore par-delà jusqu'au royaume de Dieu,

et nous«< attendons des cieux son Fils Jésus ressuscité des >> morts, qui nous délivre de la colère à venir ! »>

Nous en étions à la quatrième monarchie, et nous avions exposé le v. 40, où il nous est dit qu'il devait y avoir un quatrième royaume qui serait comme du fer, parce que le fer brise et met en pièces toutes choses.

Que nous restait-il donc à faire? Deux choses: premièrement, il fallait dire ce que c'est, dans les jambes de la statue, que cette terre de potier qui commence depuis le tarse, ou depuis la partie supérieure du pied.

En second lieu, il fallait expliquer cette cinquième et dernière monarchie que figure cette pierre coupée sans mains de la montagne.

Qu'est-ce que la montagne d'où la pierre est coupée?

Qu'est-ce que cette pierre elle-même qui est coupée sans mains?

Qu'est-ce que le choc et le brisement de la statue, en ses pieds de terre et de fer?

Qu'est-ce que la destruction simultanée de l'argile, de l'airain, de l'argent et de l'or, tellement qu'ils deviennent comme la paille de l'aire d'été que le vent transporte çà et là, et qu'il n'est plus trouvé de lieu pour eux ?

Qu'est-ce enfin que l'accroissement de cette pierre qui devient une grande montagne et qui remplit toute la terre (v. 35)?

Relisons d'abord, pour notre première tâche, les v. 33, 41, 42 et 43.

33. Ses jambes étaient de fer, et ses pieds étaient en partie de fer et en partie de terre.

41. Et quant à ce que tu as vu que les pieds et les orteils étaient en partie de terre de potier et en partie de fer, c'est

que le royaume sera divisé, et qu'il y aura en lui de la force du fer, selon que tu as vu le fer mêlé avec de la terre de potier.

42. Et ce que les orteils des pieds étaient en partie de fer et en partie de terre, c'est que ce royaume sera en partie fort et en partie frêle.

43. Mais ce que tu as vu le fer mêlé avec la terre de potier, c'est qu'ils se mêleront par semence humaine; mais ils ne se joindront point l'un avec l'autre, ainsi que le fer no peut point se mêler avec la terre.

Expliquons avec soin ces quatre versets.

Nous avons vu comment l'empire romain était devenu membre de la statue et dominateur du monde dès l'année 65 avant Jésus-Christ, alors que le royaume grec de Syrie (l'une des cuisses d'airain ) fut pris avec Jérusalem par le général Pompée; ou bien trente-cinq ans plus tard, alors que le royaume grec d'Egypte, la seconde des cuisses d'airain, fut réduit en province romaine par l'empereur César-Octavien, qui prit trois ans plus tard le titre d'Auguste. C'est alors que commencèrent les jambes de fer et que fut établie, sur le monde et sur le peuple de Dieu, cette quatrième monarchie qui devait surpasser en rigueur, en puissance, en durée, en étendue, tous les empires qui l'avaient précédée. C'est alors aussi que furent fixées les limites de la terre prophétique vers l'Occident: les Alpes, le Danube, le Rhin, la mer du Nord, l'Atlantique, et le mont Atlas.

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César-Auguste, le premier des empereurs de Rome, fut regardé comme le maître du monde et comme un dieu sur la terre. Sa domination s'étendait à quatorze cents lieues en longueur et à sept cents en largeur, dans les trois parties du monde alors connu, l'Europe, l'Afrique et l'Asie. Il avait quatre mille milliers de louis d'or de revenu par année. Ses terribles légions, dont chacune valait une armée, étaient au

nombre de vingt-cinq: il en tenait deux aux pieds des Alpes, quatre sur le Danube, huit sur le Rhin, trois en Espagne, deux en Afrique, deux en Egypte, et quatre sur l'Euphrate. On l'adorait, ai-je dit, comme une divinité; on lui bâtissait des temples (il en avait un, par exemple, d'une grande magnificence, à trente lieues d'ici, dans la ville de Lyon), et l'on instituait, en divers lieux, des prêtres pour lui rendre un culte. Son empire était tranquille, sagement ordonné, fermement administré; et pour célébrer enfin le glorieux terme de ses triomphes et la profonde paix qui les avait suivis, il venait de fermer le temple du dieu Janus qu'on devait tenir ouvert en temps de guerre, et qu'avant lui les Romains avaient fermé deux fois, dans le long espace de sept cent cinquante années.

Or, il y avait déjà vingt-six ans que ce demi-dieu semblait régir le monde, quand arriva, dans un coin retiré de son empire, un événement auquel presque personne ne prenait garde sur la terre, et qui cependant remuait les cieux des cieux.

Dans la plus obscure province de ses Etats, dans une des plus petites villes de cette province et dans une humble auberge de cette ville, on avait vu descendre des montagnes un charpentier et sa jeune femme. Celle-ci était enceinte; tous deux étaient très-pauvres ; et quand ils voulurent prendre leur gîte dans la seule hôtellerie qu'un étranger pût trouver en ce bourg, on n'y avait, leur dit-on, plus de place pour eux; on les reçut dans l'écurie; mais à peine y étaient-ils établis, que la jeune personne y mit au monde son enfant premier-né, l'enveloppa de langes et le coucha dans une crèche. - L'empereur César-Auguste avait donné l'ordre qu'on fît un dénombrement de tout son vaste empire, et c'était pour s'y faire enregistrer que ces pauvres artisans avaient dû se rendre à Bethlehem.

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Qui est-ce qui s'occupait alors de cet enfant sur la terre? Qui est-ce qui pensait à sa naissance? « Il n'y avait en lui ni >> forme, ni apparence quand on le regardait : » il était petit et méprisé; «< il n'y avait rien en lui à le voir qui le fît désiet vous n'en eussiez fait aucun cas ! » Le soleil de ce jour s'était levé comme aux autres matins ; les fleuves continuaient leurs cours sur la terre, et les astres dans le ciel; le vieux empereur Auguste, tranquille en son palais, s'y laissait adorer comme un Dieu; les enfants dans les villes de son empire ne pensaient qu'à leurs jeux; les hommes, qu'à leurs affaires ou qu'à leurs théâtres; et, cependant, il y avait alors d'immenses émotions dans le ciel parmi « les Trônes, les Principautés et les Puissances ! » Le mystère de piété s'accomplissait Dieu était manifesté en chair; ses anges désiraient y voir jusqu'au fond, et des milliers de l'armée céleste s'écriaient dans leurs concerts. « Gloire, gloire à Dieu, dans » les lieux très-hauts! »>

C'était le Roi de gloire qui venait de naître comme un homme; c'était «< l'Agneau de Dieu ôtant le péché du monde et » immolé avant la fondation des siècles; » c'était Celui qui, ayant créé l'univers, soutient toutes choses par la parole de sa puissance; c'était la Parole qui était au commencement avec Dieu et qui était Dieu; c'était Celui qui est pour nous comme un pont jeté par-dessus l'abîme entre l'enfer et le ciel ; c'était notre Sauveur, mes enfants, oui, notre seul Sauveur !

Cet événement n'est pas représenté dans la prophétie de la statue, parce qu'il était tout religieux. Il eut lieu dans le temps où les jambes n'étaient encore que de fer; et vous vous rappelez ce que je vous ai dit : c'est que les prophéties de la Bible, se rapportant, les unes à l'histoire des empires et de la politique, les autres à l'histoire de l'Eglise et de la religion, la vision de la statue, envoyée à un empereur

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