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emporter au pays de Scinhar en la maison de son Dieu; et il mit ces vaisseaux en la trésorerie de son Dieu.

Avez vous bien pris garde à ce langage du Saint-Esprit : Le Seigneur livra Jehojakim entre ses mains? Il ne veut pas nous laisser croire que tous ces désastres n'arrivassent que par les chances de la guerre et par la seule violence des combats. Non, non, mes amis ! Les hommes d'alors, comme ceux de notre temps, lisant leurs nouvelles, avaient peut-être aussi la folie de ne voir dans les événements que le bras de la chair et que les jeux aveugles de la Fortune. «Que dit-on des armées? Jéhojakim peut-il soutenir un siége? Ses soldats sont-ils vaillants? ses généraux, habiles?..... » Et toujours, hélas ! sans regarder plus haut ! sans voir la visible main qui gouverne le monde ! sans se rappeler qu'il fait mourir et fait vivre, « qu'il ôte les rois et établit les rois ! »> « On équipe le cheval au jour de la bataille, chers enfants, >> mais c'est l'Eternel qui donne la victoire; et si l'Eternel ne » garde la ville, le soldat qui la garde fait le guet en vain » (Prov., XXI, 31. Ps. CXXVII, 1). »

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Ecoutez donc encore ici son langage; elle ne dit pas : « Jéhojakim et tous les trésors du temple tombèrent entre les mains de Nébucadnétsar; » mais, « Le Seigneur livra Jéhojakim et tous les trésors du temple entre les mains de Nébucadnétsar. » - Oui, ce fut « le Seigneur » qui, de sa main toute-puissante, lui mit tout cela dans les mains.

Voilà ce que devraient savoir tous les rois et ce que devraient savoir tous les hommes. Et cette parole me rappelle un mot du grand Luther (1): « Si le grand Alexandre, disait-il, plaçait toujours Homère sous son chevet, les rois d'à-présent devraient faire mieux encore de Daniel, et

(1) Voyez, fin du volume, note c.

l'avoir toujours, je ne dis pas sous leur tête, mais dans leur cœur; car il leur apprendrait bientôt que c'est Dieu seul qui donne et qui gouverne, qui maintient et qui retire; toutes choses étant dans sa main et se remuant sous son pouvoir, comme le nuage dans les cieux ou le navire sur les

eaux. >>

Ce fut donc ainsi que, pour punir les péchés des Juifs et les avertir par de premières humiliations, avant qu'il en vint, dix-neuf ans plus tard, à renverser leur ville et à brûler leur temple, le Seigneur livra au roi de Babylone les princes de Juda, les vases du sanctuaire et les trésors de la nation.

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Nébucadnétsar n'en prit alors qu'une partie, est-il dit, pour les emporter au pays de Scinhar et les déposer, en signe de triomphe, dans la maison de son Dieu.

Mais ce ne fut pas tout. Non content de ravir à Jérusalem ses vases sacrés et d'humilier ainsi Jéhojakim, le conquérant, pour donner plus d'éclat à sa victoire, et sans doute aussi pour se faire des ôtages qui lui répondissent de la soumission des Juifs, donna l'ordre à son premier chambellan d'enlever de Jérusalem les jeunes gens les plus nobles, les plus beaux de visage et les plus intelligents, pour en faire les pages et les eunuques de son palais royal.

Et le roi dit à Aspenaz, capitaine de ses eunuques, qu'il amenat d'entre les enfants d'Israël, et de la race royale, et des principaux seigneurs, quelques jeunes enfants en qui il n'y eût aucun défaut, beaux de visage, instruits en toute sagesse, connaissant les sciences, qui eussent beaucoup d'intelligence, et en qui il y eût de la force, pour qu'ils se tinssent au palais du roi, et qu'on leur enseignât les lettres et la langue des Chaldéens.

Les rois de Babylone et de Ninive avaient toujours, auprès de leur personne, trois grands officiers militaires qui

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tenaient le premier rang dans leur cour l'un s'appelait le Rab-Saris, ou chef des eunuques; l'autre, le Rab-Shakeh, ou chef des échansons; l'autre enfin, le Rab-Tabbâkia, ou chef des cuisiniers. Vous les voyez ici tous trois à la cour de Babylone c'étaient Aspenaz, Meltsar et Arioc. - Nébucadnétsar, en effet, dès que Jérusalem fut prise, donna l'ordre à Aspenaz (son Rab-Saris) d'emmener à Babylone de jeunes garçons de la famille royale, qui pussent servir à l'ornement de sa cour. Aspenaz ayant fait choix de Daniel, le remit à la garde du Rab-Shakeh Meltsar, et l'ordre lui fut donné de le faire instruire pendant trois ans dans les lettres et dans le langage des Chaldéens, afin qu'on pût le présenter à la cour du grand roi.

que,

Trois ans, c'était bien long! Il est vrai s'il ne se fût agi que de la langue même des Chaldéens proprement dits, cette étude eût été facile pour nos jeunes Hébreux, puisque les Chaldéens n'avaient point cessé, depuis les jours d'Abraham jusqu'à ceux de Daniel, de parler l'araméen, qui n'était qu'un dialecte de la langue parlée à Jérusalem et qui différait aussi peu de l'hébreu que le patois de nos campagnes diffère du français. L'hébreu, le carthaginois, l'araméen ou chaldéen, l'arabe, le syriaque, l'éthiopien même, n'étaient que les dialectes plus ou moins divers d'une même famille de langues appelées «< sémitiques. » Qui pouvait parler l'une savait bientôt les autres. Mais le difficile pour nos jeunes captifs, c'était de connaître les divers langages dont les Chaldéens faisaient usage pour le gouvernement de leurs cent vingt provinces. En effet, outre que l'alphabet employé à Babylone et à Ninive, comme aussi chez les Mèdes et les Perses, était étrange et compliqué (tout composé de têtes de clous bizarrement combinées), on parlait au-delà du Tigre, chez les Perses et les Mèdes, des dialectes d'une toute autre famille,

issue du sanscrit et venue de l'Inde, en sorte que les rois de Babylone, quand ils promulgaient quelque décret, avaient bien soin de le faire écrire dans les divers idiomes de leur immense empire.

Vous comprenez donc pourquoi nos jeunes Hébreux devaient apprendre avec tant de travail les lettres et la langue des Chaldéens, et pourquoi cette étude devait durer trois ans.

-

Et le roi leur assigna pour provision, chaque jour, une portion de la viande royale et du vin dont il buvait, afin qu'on les nourrit ainsi trois ans, et qu'ensuite quelques-uns d'entre eux servissent en la présence du roi. Entre ceuxlà, il y eut, des enfants de Juda, Daniel, Hanania, Misaël et Hazaria. Mais le capitaine des eunuques leur mit d'autres noms; car il donna à Daniel le nom de Beltesatsar; à Hanania, celui de Sadrac; à Misaël, celui de Mésac; et à Hazaria, celui d'Abed-Négo.

Les noms de ces quatre jeunes captifs étaient hébreux et avaient tous un sens, comme c'est l'usage presque constant des pays où l'on parle une langue mère. - Daniel signifiait : << Dieu est mon juge; » Hazaria: « le Seigneur est mon aide; » et Hanania: «< la grâce du Seigneur. » — Mais Aspenaz voulut que, désormais, en souvenance de ce qu'ils étaient devenus les esclaves de son roi, ils prissent des noms nouveaux, empruntés de la langue qu'on parlait à la cour de Babylone.

Ces noms donnés à nos jeunes Hébreux ont embarrassé les savants; car il ne leur a pas été possible d'en reconnaître l'origine. Ce n'est pas du chaldéen, ont-ils dit, ce n'est pas du mède ni du persan; ce ne semble pas même de l'assyrien; car la langue de Ninive appartenait, selon toute apparence, à la même famille que celle des Chaldéens et des Israélites. Qu'est-ce donc ? - On a pensé que ce pourrait être du

scythe (1), et que la dynastie des rois de Babylone pouvait bien alors appartenir à cette nation, qui venait de tenir sous son joug, pendant vingt-huit ans, tous les royaumes de la haute Asie, et qui peut-être parlait à la Cour sa langue maternelle, pendant que le bas peuple parlait araméen; tout comme Clovis, Charlemagne et leurs successeurs parlèrent longtemps allemand à la cour de Paris ou de Soissons, tandis que le peuple parlait français.

Avez-vous su reconnaître ici, mes amis, les voies adorables du Seigneur ? — Daniel était un enfant plein de piété, et d'autant plus recommandable qu'on était alors en un temps. de relâchement universel et d'incrédulité. Qui n'eût cru, à son départ de Jérusalem, que c'en était fait de lui? Qui ne se fût étonné des voies du Seigneur, à la vue de cet aimable prince, le modèle de la jeunesse, l'espoir de la nation, emmené captif à la cour d'un roi païen? Que va-t-il devenir ? Dieu l'abandonne, il est perdu! Ah! rassurez-vous, et n'oubliez pas comment aussi l'enfant Joseph s'en allait esclave en Egypte, mais pour y régner un jour et pour y sauver la famille de son père ! - Daniel, il est vrai, part enchaîné pour Babylone, mais c'est par là que Dieu le mène à de grandes choses. Il se servira de cet enfant captif pour convertir à lui le plus puissant des monarques de la terre; Nébucadnétsarle-Grand le glorifiera sur son trône; Daniel gouvernera deux empires; il aura la confiance du roi des Chaldéens, celle du roi des Mèdes, celle du roi des Perses; il protégera le peuple de Dieu, il préparera sa restauration; il amènera parmi les païens un grand nombre d'âmes à la connaissance du Dieu vivant et vrai; il honorera la Parole sainte de l'Eternel au milieu des Gentils durant une longue vie de quatre-vingt-dix ans.

(1) Voyez, fin du volume, note d.

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