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fe, il l'encourage à imiter fes vertus, & à profiter de fes AN. 391, exemples (e).

Le corps de cet Empereur fut porté cette même année à LXXIX. Conftantinople; & foit dans l'Italie qu'il venoit de délivrer des tyrans, foit dans l'Orient qu'il avoit gouverné avec beaucoup de fageffe & de bonté, on lui rendit des honneurs qui reffembloient plutôt à des triomphes qu'à des pompes funèbres. Arcadius, fon fils aîné, le reçut le huitième de Novembre, & le fit mettre, avec une magnificence digne d'un fi grand Empereur, dans le fépulcre de Conftantin.

Les auteurs eccléfiaftiques, & les payens même, de- LXXX. Auguft. meurèrent d'accord que ce fut un Prince très-accompli. Ceux Ambrof. qui avoient lu les hiftoires, ou vu les portraits des anciens Socrat. Sozom.

Perfonne ne connoiffoit mieux que le faint Evêque de Milan toutes les qualités vraiment royales qui formoient le caractère de Théodofe, fa foi, fa piété, fa grandeur d'ame, fon application & fon zèle à s'acquitter de fes devoirs, fa bonté, fa clémence, fon amour pour la vertu, fon horreur pour le vice, fon courage infatigable, fa fermeté dans les dangers, l'élévation de fes fentimens, & fa modération dans l'ufage du pouvoir fuprême; perfonne n'étoit plus en état de donner à ce Prince les juftes éloges qu'il méritoit, & perfonne auffi n'en étoit plus digne c'eft à celui qui a conftamment pratiqué la justice & la vertu, qu'il appartient de louer l'homme jufte & vertueux. Saint Ambroise rendit ce devoir à la mémoire de Théodofe, au nom de la Religion & de l'Empire, en présence de l'armée, le jour qu'Honorius fon fils, qui étoit venu à Milan sur le bruit de fa maladie, fit célébrer fes funérailles, avec un appareil & une magnificence conforme au rang de celui qui en étoit l'objet, L'idée que Monfieur Fléchier donne ici de cet éloquent difcours, nous paroît fuffifante, & les morceaux qu'il en rapporte font bien propres à faire connoître le ton de nobleffe & de fenfibilité dont l'heureux mélange le caractérise. L'Orateur plein de son sujet, s'attache principalement aux vertus chrétiennes & morales qu'il avoit admirées dans Théodofe, qui n'eût rien de caché pour lui, & dont il fut conftamment le confeil & l'ami. Après avoir rapporté les plus heaux traits de fa vie & les plus dignes de louanges dans les principes de la Religion, il apoftrophe d'une manière vive & touchan& le jeune Empereur Honorius qui partageoit avec son frère Arcadius, l'héritage de ce grand homme, & les foldats qui avoient remporté tant de victoires fous la conduite du Héros qu'ils pleurojent. Théodofe, dit-il, n'a fait que changer d'Empire, il rẻgne dans le Ciel avec Gratien fon fils, avec le grand Conftantin, & plus puifiant qu'il ne le fut jamais fur la terre, il obtiendra, par fes prières, aux Princes fes fils, la fageffe néceffaire pour régner avec gloire, & aux armées, le courage de combattre avec fuccès les ennemis de l'état. Cette façon de s'exprimer, marque la haute eftime dont faint Ambroife étoit rempli pour Théodofe, & la confiance où il étoit, que Dieu l'avoit reçu dans fa miféricorde,

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Empereurs, trouvoient qu'il reffembloit à Trajan, de qui il tiroit fon origine. Il avoit, comme lui, la taille haute, la tête belle, l'air grand & noble, le tour & les traits du vifage réguliers, & tout le corps bien proportionné.

Pour les qualités de l'ame, il poffèda toutes les perfections de cet Empereur, & n'eut aucun de fes défauts. II étoit, comme lui, bienfaisant, juste, magnifique, humain, & toujours prêt à affister les malheureux. Il se communiquoit à fes courtifans, & ne fe diftinguoit d'eux que par la pourpre dont il étoit revêtu. Sa civilité pour les grands de fa cour, & fon eftime pour les gens de mérite & de vertu, lui acquirent l'amitié des uns & des autres. Il aimoit les efprits francs & fincères, & il admiroit de plus tous ceux qui excelloient dans les lettres ou dans les beaux arts, pourvu qu'il n'y remarquât ni de l'orgueil, ni de la malignité. Tous ceux qui méritèrent d'avoir part à fes libéralités, en reffentirent les effets. Il faifoit de grands préfens, & les faifoit avec grandeur. Il se plaifoit à publier jusqu'aux moindres offices qu'il avoit reçus des particuliers dans fa première fortune, & n'épargnoit rien pour leur témoigner fa reconnoiffance. L'ambition ne lui fit pas entreprendre de conquérir les provinces de fes voifins; mais il fut châtier ceux qui ufurpoient les fiennes, ou celles de fes collègues. Auffi ne fe fit il point d'ennemis durant fon règne, mais il vainquit ceux qui le devinrent. Il avoit affez de connoiffance des belles-lettres, & s'en fervoit fans affectation. La lecture des hiftoires ne lui fut pas inutile, & il s'appliqua à former fes mœurs fur les vertus des grands Princes qui l'avoient précédé. Il déteftoit souvent en public l'orgueil, la cruauté, l'ambition & la tyrannie de Cinna, de Marius, de Sylla & de leurs femblables, afin de s'imposer une heureuse néceffité de fuivre une conduite oppofée à celle qu'il blâmoit; fur-tout il étoit ennemi déclaré des traîtres & des ingrats.

On peut lui reprocher qu'il fe laiffoit emportér quelquefois à la colère, mais il falloit qu'il en eût de grands fujets, encore étoit-il bientôt apaisé. Son abord étoit agréable & facile; & ce qui eft rare parmi les grands, fes profpérités & fes victoires, au lieu de l'enfler & de le corrompre, ne firent que le rendre plus doux & plus obligeant. Il eut foin qu'on fournît des vivres en abondance aux provinces que la guerre avoit ruinées, & il reftitua de fon argent des fommes

confidérables, que les tyrans avoient enlevées à des parti- AN. 395. culiers. Dans la guerre, il marchoit toujours à la tête de fes armées, s'expofant au péril, & partageant toutes les fatigues avec les moindres foldats.

Il étoit chafte, & par des lois févères il abolit les coutumes qui étoient contraires à la bienféance & à la pudeur. Quoiqu'il fût d'une complexion affez délicate, il entretenoit fa fanté par un exercice modéré & par la diète. C'étoit pourtant un de fes plaifirs de donner à manger à fes amis, & de cultiver l'amitié par toute forte d'honnêtes rẻjouiffances. Dans ces feftins particuliers, où il vouloit plus de propreté & de politeffe, que de luxe & de profufion, il jouiffoit des douceurs de la fociété, & fe communiquoit avec une familiarité raisonnable, qui donnoit de la confiance, & qui ne diminuoit pas le refpe&t qu'on avoit pour lui. Ses principaux divertiffemens étoient la converfation & la promenade, lorsqu'il vouloit se délaffer des foins qu'il prenoit des affaires.

Jamais Prince ne vécut fi bien dans fon domestique. II honora fon oncle comme fon père. Après la mort de fon frère, il eut autant de foin de fes enfans que des fiens propres. Il avança dans les charges ceux qui s'attachoient à fon service, & fervit de père à tous fes parens. Ainfi, après avoir réglé pendant le jour les affaires de l'empire, & donné des lois à tout le monde, il fe renfermoit avec joie dans fa famille, où par fes foins, fes tendreffes & fes bontés, il montroit aux fiens qu'il étoit auffi bon ami, auffi bon parent, auffi bon maître, auffi bon mari, & auffi bon père, que fage & puiffant Empereur.

C'eft-là le portrait que nous ont laiffé, du grand Théodose, des auteurs payens qui ont vécu de fon temps, quoique prévenus contre lui pour l'intérêt de leur religion. Le philofophe Thémiftius, & Symmaque même, ce grand dé- Themift. fenfeur du paganisme, avouent de bonne foi, que les ver- orat. §. tus de ce Prince font au-deffus de toutes les louanges qu'on ach. l. Symlui a données. Il n'y a que l'hiftorien Zozime, qui, par des fauffetés étudiées, cherche à décrier les Empereurs chrétiens 13. qui ont ruiné le culte des idoles. Il déguise la vérité felon fon caprice & fa paffion, & s'efforce à faire des vices de toutes les vertus de cet Empereur. Il nomme fes libéralités des profufions, fa modération fainéantife, fes feftins d'a

2. epift.

mitié des diffolutionis, & cette vie agréable & douce qu'il AN. 395. menoit durant la paix, une vie molle & voluptueuse. Il est pourtant contraint par la force de la vérité, d'avouer que durant la guerre il fe faifoit en lui un renversement de mœurs extraordinaires; qu'il oublioit tout d'un coup fes Sep.1.4. amusemens & fes plaifirs, pour prendre les foins & les vertus néceffaires à la fureté de l'empire, & que d'un Prince foible & voluptueux, il s'en formoit un Prince vaillant & laborieux, par une espèce de prodige.

Ce n'eft pas que Théodofe n'ait eu des défauts. Ses emportemens de colère, fa facilité à croire ceux en qui il avoit quelque confiance, & fa prévention en faveur de ceux qu'il avoit choifis pour fes principaux amis, font des taches qui terniroient tin peu la vie de cet Empereur, fi elles n'étoient confondues dans une infinité d'actions éclatantes, ou effacées par une pénitence très-fincère.

Les faints pères qui l'ont mieux connu, ne peuvent fe laffer de louer fa piété. Saint Ambroife & faint Augustin en ont laiffé des éloges en plufieurs endroits de leurs écrits; & faint Paulin s'étant retiré à Nole, fit, en l'honneur de cé Prince, une éloquente & docté apologie, que faint Jérôme Hieron, appelle un excellent panegyrique, dont on ne fauroit affez regretter la perte.

13.

FIN de la première Partie du Tome premier.

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TABLE

DES MATIERES

CONTENUES DANS CE VOLUME.

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FRIQUE. Une partie de l'Afrique révoltée, Agapius. Son différent avec GebaEdius pour l'évêché de Boftres, 244 Alatée, excellent capitaine des Grotungues, 35, 36, 160, 161. Les Allemands domptés par l'empereur Valentinien

8

S. Ambroife, fon élection à l'archevêché de Milan, & fa conduite depuis fon élection, 25, & suiv. Sa réfiftance aux entreprises de l'impératrice Juftine, 85. Il va trouver le tyran Maxime de la part de cette impératrice, 132. Il arrête ibid. ce tyran au delà des Alpes, Sa lettre à Valentinien, fur le fujet de la requête de Symmaque 143, 144. Sa réponse à la même requête, ibid. & fuiv. Il eft provoqué à la difpute devant l'empereur & refuse de s'y trouver, 154, 155. 11 refufe d'abandonner la Cathédrale de Milan aux Ariens, 156, & fuiv. Son courage à réfifter aux efforts de l'impératrice Juftine, 157, & fuiv. Sa feconde ambaffade vers Maxime, 165, & fuiv. Il découvre les deffeins de Maxime, mais on ne l'en croit pas, 166, 167. Remontrance de S. Ambroise à l'empereur Théodo. fe, 185, & fuiv. Ille reprend publiquement dans un fermon, 186, & fuiv. S. Ambroise apaise la colère de Théodofe contre les habitans de Theffalonique, 199, & fuiv. La remontrance de S. Ambroife à cet empereur, fur le châTome I. Première Partie.

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timent des habitans de Theffalonique, 201 & fuiv. S. Ambroife excommunie Théodofe, 202, 203, & fuiv. Il est député par les villes 'd'Italie vers l'empereur Valentinien, 222, 223. Il fait l'éloge funèbre de l'empereur Valentinien 225, 226. Conduite de S. Ambroi Te à l'égard de l'empereur Eugè ne, 228, 229. Son affection pour Théodose, 240, 241. Leur entrevue, 241. Il fait l'éloge de Théodofe en préfence d'Honorius

249, & fuiv. Amphiloque, prélat vénérable, & fa fainte fimplicité, 140, 141 Anaftafie, églife des catholiques dans Conftantinople,. 81, 82 Anatole, précepteur de Théodofe

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37

&

L'Angleterre ravagée par les barba8, 9, & fuiv. La ville d'Antioche défolée pourquoi, 30, & fuiv. L'origine & les progrès du fchifme d'Antioche, 100, 101, & fuiv. Grande fédition dans la ville d'Antioche 168, jufqu'à 176 Aquilée. Concile d'Aquilée, & députation de ce concile vers l'empereur Théodofe, Arbogaste, François de nation, & capitaine de grande réputation 77. Sa révolte, fes emplois, & fes mœurs 219, & fuiv. Sa 246 mort, Arcadius, fils de l'empereur Théo R

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