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Vous en auriez été, dans une autre rencontre,

Pour votre diamant, votre argent, & la mon

tre.

CLARICE.

Là, courtisez-moi donc, mon aimable ga

lant.

Quoi! votre amour pour moi, n'est-il plus violent ?

CLIDAMANT.

Ah! le Ciel par deux fois l'ayant fait naître extrême,

Madame, il eft certain qu'il faut que je vous

aime,

Et que je ne fçaurois jamais aimer que vous.

Lucreffe n'a pas moins de bonheur que Clarice: dans la voiture à cinq fols, elle lie connoiffance avec Clindor & touve le fecret de lui dérober tout fon argent, enfuite elle se fait connoître.

CLINDOR.

,

Quoi! Madame, c'est vous qui m'avez sçû

voler?

GUILLOT à Clindor & à Clidamant. Puifque tous deux vos biens fe trouvent en vos femmes,

Pour elles il vous faut renouveller vos flâmes.

Meffieurs, tous vos difcours font fuperflus.

à Clindor.

à Clidamant. Mon Maître, aimez chez vous. Et yous ne jouez plus.

1662.

1662.

la vie & les

L'ÉCOLE DES FEMMES,

Comédie en vers, en cinq Actes de
M. MOLIERE,

Représentée fur le Théatre du Palais Royaf
le 26. Décembre.

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Ette Comédie qu'on peut mettre au nombre des chefs-d'œuvres de fon Auteur, eut tout le fuccès qu'elle méritoit, mais en même-temps elle efMémoire fur fuya beaucoup de critiques. «Soit maliOuvrages de "gnité, foit cabale, on infifta fur de légers défauts, on releva jusqu'aux » moindres négligences. (a) Le défaut » le plus effentiel ne fut pas remarqué : » il eft des images dangereufes qu'on ne » doit jamais expofer fur la Scene: mais fi l'on ne confidere que l'art qui regne

Moliere.

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כלי

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les

Vie de Mo- (a) « On fe révolta généralement contre quelques exliere, avec des » preffions qui paroiffent indignes de Moliere. On defapJugemens » prouva le Corbillon la Tarte à la crême fur fes Ou-» Enfants faits par l'oreille. Mais auffi les connoiffeurs vrages,

» admirent avec quelle adreffe Moliere avoit fçu atta» cher & plaire pendant cinq Actes, par la feule confi»dence d'Horace au vieillard, & par de fimples récits. » Il fembloit qu'un fujet ainfi traité, ne dût fournir » qu'un Acte mais c'eft le caractere du vrai génie de » répandre fa fécondité fur un sujet ftérile & de » varier ce qui femble uniforme. On peut dire en paffant, que c'eft le grand art des Tragédies, de Ra ́cine, »

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dans cette Piéce, on fera forcé de con» venir que l'École des Femmes est une » des plus excellentes productions de l'ef» prit humain. Les refforts en font ca» chés, & la machine en produit un "mouvement plus brillant: la confidence » que fait Horace au jaloux Arnolphe, toujours la dupe, malgré fes précau, tions,

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Le caractere inimitable d'Agnès, le »jeu des perfonnages fubalternes, tous » formés pour elle; le paffage promt & » naturel de furprise en furprife, font autant de coups de maître. Ce qui diftingue encore plus particulierement » l'Ecole des Femmes, & dont l'antiquité ni les Théatres modernes, n'ont donné aucun modéle, c'eft que tout paroît en récit, & tout eft en action: » chaque récit, par fa proximité avec » l'incident qui y a donné lieu, le retrace » fi vivement, que le fpectateur croit » en être le témoin ; & par un avan» tage fingulier que le récit a fur l'action » dans cette Piéce en apprenant le 1ɔ fait, on jouit en même temps de » l'effet qu'il produit, parce que la perfonne qui a intérêt d'être inftruite, Tome IX.

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P

16624

1662.

C'eft-à

dire le 5. ou le 6. Janvier

1663.

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apprend tout de celle qui a le plus d'intérêt à le lui cacher. La reffemblan» ce que l'on pourroit trouver entre l'É"cole des Maris & l'École des Femmes » fur ce qu'Arnolphe & Sganarelle font » tous deux trompés par les mesures qu'ils » prennent pour affurer leur tranquillité, »ne peut tourner qu'à la gloire de Mo» liere, qui a trouvé le fecret de varier » ce qui paroît uniforme. Les traits naïfs » d'Agnès ingénue & fpirituelle, qui »ne pêche contre les bienféances, que » parce qu'Arnolphe les lui a laiffé igno»rer, ne font pas les mêmes que ceux d'Ifabelle fine & déliée, qui n'ont » d'autre principe que la contrainte où » la tient fon Tuteur. »

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Avant de paffer aux critiques qui parurent fur la Comédie de l'École des Femmes, nous croyons devoir rapporter ce que Loret a dit de cette Piéce.

Mufe Hiftorique du 13, Janvier 1663.

Le Roy fétoya l'autre jour,

La plus fine fleur de fa Cour,
Sçavoir fa mere, & son épouse,
Et d'autres jufqu'à plus de douze,
Dont ce Monarque avoit fait choix.
Ce fut la veille, ou jour des Rois, *
Certes, ce feftin admirable,
N'eut jamais rien de comparable,

Plufieurs font d'accord fur ce point:

Et quoique je n'y fusse point,
J'en puis bien tenir ce langage,
Car un folide personnage,
Qui vit ce rare fouper-là,
M'en a parlé comme celà,
Mais fans me dire chofe aucune,
Des noms de chacun & chacune,
Qui furent du fufdit repas;
Ainfi, je ne les nomme pas.
Pour premier & charmant régale,
Avant cette chere royale,
Où raifonna maint violon,
Dans une Sale ou beau Salon,
Pour divertir Seigneurs & Dames
On joua l'ECOLE DES FEMMES
Qui fit rire leurs Majeftés,
Jufqu'à s'en tenir les côtés ;
Piéce aucunement instructive,
Et tout-à-fait récréative,
Piéce, dont Moliere eft Auteur,
Et même principal Acteur :
Piéce qu'en plufieurs lieux on fronde
Mais ou pourtant va tant de monde,
Que jamais fujet important,
Pour le voir n'en attira tant.
Quant à moi, ce que j'en puis dire
C'est que pour extrêmement rire,
Faut voir avec attention "
Cette représentation,

1662

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