207 vient enfin annoncer que Céphise a remporté le prix, qui eft une pomme d'or, d'or, 1663. que les Graces lui ont donnée. Il ne reste plus qu'à décider le différent entre Ovide & Hyacinthe, qui viennent le présenter au tribunal des Graces. Le premier foutient qu'un inconftant, qui rend hommage à la beauté, par-tout où il la trouve, s'acquitte plus fouvent du tribut que l'on doit au Dieu d'Amour, & mérite par conféquent la préférence. Hyacinthe prétend au contraire qu'elle eft due aux amans fidéles,dont il défend la cause,comme aux plus parfaits. Les Graces n'ofans prononcer fur une matiere auffi délicate, Le retirent pour confulter Venus. Le jugement de cette Déeffe eft conforme aux vœux d'Hyacinthe. Ovide, & Corinne refusent d'y foufcrire, & en appellent à Rome au tribunal de l'Empereur, plus équitable, difent-ils, que celui des Graces, qui ayans pris naiffance en Grece, favorifent en cette occafion, leurs Compatriotes. L'Amour accorde ce différent, en uniffant Céphife avec fon cher Hyacinthe. L'AMOUR. Scene der Je veux que déformais on puiffe dans le niere. monde, Aimer également & la brune & la blonde, 1663. Sans que pas un Amant ait droit de décider, Soyez toujours Amant, & foyez toujours libre, Cédez aux plus conftans le prix de la victoire, avec lui. Cette Piéce n'a prefque point d'action: la conduite n'a pas le fens commun; on ne fçait quel but ont lès Acteurs. Au lieu de préfenter Ovide avec ce caractere aimable que l'antiquité nous en a tracé, & qu'il s'eft dépeint luimême dans fes Ouvrages : l'Auteur introduit un petit Maître François, qui débite de jolis madrigaux. Corinne eft trop coquette : & Céphife le feroit aussi très-volontiers, fi Ovide vouloit avoir plus d'adreffe; Hyacinthe eft un véritable imbécille, & le refte des perfonnages ne fert à rien. Malgré ces défauts, cette Piéce peut paffer pour une des meilleures de M. Gilbert. On y trouve un nombre de penfées fines & fpirituelles, qui, quoiqu'affoiblies par l'expreffion, & miférablement miférablement enchaffées, ont pû faire effet (a). D'ailleurs, comme ce Poëme 1663. (a) En voici quelques éxemples. Ovide foutient que les femmes ne peuvent avoir les unes pour les autres une amitié fincere. Oui, leur fexe jamais ne s'aime, à bien parler, Célie, confidente de Corinne, lui fait des reproches fur fes plaintes Qu'avez-vous, lui dit-elle ? Un amant vous fuffit dans Rome, ou dans cette Ile. CORINN E. L'amour n'en voudroit qu'un, mais la gloire en veut mille; Une ame ambitieuse en a toujours trop peu. ACTE I.4 ACTE II) Voici les leçons qu'Ovide donne pour se conduire avec ACTE HI les femmes. C'eft être peu galant, fçavoir peu l'art de plaire, Et bannit la raifon qui bannit les plaifirs :- Et mettent tous leurs foins, & toute leur étude SCENE IV eft accompagné de machines, de muft 1663. que, &c. on peut croire que ces agré mens ont concouru à fon fuccès; & que Loret n'a pas éxagéré dans l'éloge qu'il en fit en annonçant la premiere repré fentation. Mufe Hiftorique du 2. Juin 1663 Les grands Comédiens du Roy, Leur accueil, leurs dédains, leurs amoureuses plaintes Les deux plaidoyers d'Ovide & d'Hyacinthe, font femés de traits délicats; nous finirons par deux Stances de la premiere Scene du cinquiéme Acte, où Céphise fait des réfléxions fur fa fituation. La vertu par fois elle-même Où tout eft fort, & rien n'est plat, LA CRITIQUE DE L'ÉCOLE DES FEMMES, Comédie en Représentée fur le Théatre du Palais Royal, Mufe Hiftorique de Loret, du 2. Juin 1663. L Es Comédiens de MONSIEUR, Pour qui dans mon intérieur J'ai de l'amour & de l'eftime Et fur-tout pour un Anonyme, ) 1663. Vendredi premier Juing * Elle cat trente & une repréfentations, la derniere le 12. Août Regiftre de Moliere, |