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1664.

Corneille.

,

»ment. Quant aux vers on n'en' a point vû de moi que j'aye travaillé avec Vie de M. » plus de foin (a). Après Agéfilas (6), »(c'eft M. de Fontenelle qui parle) vint » Othon, Ouvrage où Tacite eft mis en » œuvre par le grand Corneille, & bù » fe font unis deux génies fi fublimes, M. Corneille y a peint la corruption de la » Cour des Empereurs, du même pin» ceau, dont il avoit peint les vertus de » la République.»

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Dans une differtation que M. Taffignon a donné fur les caracteres de Meffieurs Corneille & Racine, contre le fentiment de M. de la Bruyere: ce Critique parle en ces termes de la Tragédie, qui fait le fujet de cet article.

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Je m'arrêterois avant que de finir >> aux caracteres de la Tragédie d'Othon, » fi l'usage des cours & du monde, n'ap prenoit affez les intrigues de ceux qui » n'agiffent que felon leurs intérêts par»ticuliers. D'ailleurs, comme cette Piéce »abonde plus en chofes, qu'en nrots, je

(a) Il pouvoit le dire avec vérité: on affure même que le cinquiéme Acte lui avoit couté plus de douze cent vers, & qu'il l'a refait jufqu'à trois fois; cependant on y trouve beaucoup de négligence dans la verfification, auffi-bien que dans le refte du Poë me.

(b) M. de Fontenelle s'eft trompé : Agéfilas eft poftérieur à Othon, & ne parût que deux ans après.

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ne pourrois en rapporter quelques en» droits, qu'en en laiffant un grand nom- 1664. >>bre de plus beaux ; car Corneille a ceci » d'admirable, que ce qu'un perfonnage »y dit, femble fans réponse, & qu'on » entend après dans la replique ; quel»que chofe encore de plus fort, tant eft grande fa pénétration.... Toutes les Tragédies de Corneille ont ce merveilleux.... Celle-ci n'eft pas, à la vérité, la plus agréable. Mais c'eft peut-être la plus belle & la plus utile. La plus fine politique s'y dévelope; ceux qui ont "part au gouvernement, s'y inftrui»roient avec plus de fuccès, que n'au»roit fait Denis le Tyran, dans une "Comédie d'Ariftophane; intitulée les Nuées, que Platon lui recommandoit de lire, pour apprendre l'art de regner. Ses autres Piéces ont la même utilité; » & M. le Maréchal de Gramon avoit »raifon de dire, que Corneille mérite d'être confervée dans le cabinet des » Rois.

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Quelque foin que M. Corneille ait pris pour perfectionner cet Ouvrage, faut avouer que la partie la plus néceffaire y manque. L'intérêt est l'ame d'une Piéce, & le Spectateur n'en prend ici pour aucun des perfonnages. « At Bolearra, inrefte, M. Defpréaux n'étoit du tout 12. p. 132.

1664.

'Art Poétique,

رو

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point content de la Tragédie d'Othon} qui fe paffoit toute en raifonnemens, » & où il n'y avoit point d'action tragi»que. Corneille avoit affecté d'y faire parler trois Miniftres d'Etat, dans le » temps où Louis XIV. n'en avoit pas » moins que Galba; c'est-à-dire, Mef» fieurs le Tellier, Colbert, & de Lyon» ne. M. Defpréaux ne fe cachoit point » d'avoir attaqué directement Othon dans ces quatre vers de fon Art Poëtique.

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Vos froids raisonnemens ne feront qu'at

tiédir

chant 3. vers Un Spectateur toujours paresseux d'applaudir ; Et qui des vains efforts de votre Réthorique, Juftement fatigué s'endort, & vous critique,

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Lorfque la Tragédie d'Othon fut imprimée en 1665.) M. de Salo en parla dans fon Journal des Sçavans, il eft aifé de voir que les termes qu'il employa, en l'annonçant, tiennent plus à l'ironie, qu'à la louange: on en va juger. Journal des «Il fuffit de dire que cette Piéce (OTHON) Sçavans, du, eft de M. Corneille, pour en faire convrier 1665. »cevoir quelque chofe de grand. Car fi » de vingt-fept Piéces qu'il a données au

Lundi 16. Fé

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» Public, il n'y en a pas une qui n'ait été
reçûe avec applaudiffement, il eft cer-
tain celle-ci ne peut
être mauvaise

que

puifque M. Corneille affure dans fa » Préface, qu'elle ne céde a pas une des 1664. » autres, foit qu'on confidere la conduite, ou qu'on en éxamine la versifi24cation. Il y a peu de perfonnes curieufes à Paris, qui n'ayent vû jouer cette » Piéce; auffi n'eft-ce que pour les étran»gers, & ceux qui font dans les Provin»ces qu'on en parle; afin que n'ayant pû la voir repréfenter, ils ayent au » moins le plaifir de la lire,

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La Tragédie d'Othon fut représentée à Fontainebleau avant que de l'être à Paris; c'eft Loret qui nous apprend ce fait dans fa Muse Historique du 2.Août 1664,

Ce qu'illec (1) je fçu davantage,
C'eft qu'OTHON, excellent Ouvrage,
Que Corneille plein d'un beau feu,
A produit au jour depuis peu,
De fa plume docte & dorée,
(Devoit la fuivante foirée) (2)
Ravir & charmer à fon tour,
Le Legat & toute la Cour,
Je l'appris de fon Auteur même;
Et j'eus un déplaisir extrême,
Qui me fis bien de fois pester,
De ne pouvoir encor refter,
Pour voir dudit Sieur de Corneille,
La fraîche & derniere merveille,
Que je verrai, s'il plaît à Dieu,
Quelque jour en quelqu'autre lieu.

(1) Il parle de Fontainebleau.

(2) Ainfi on peut conjecturer que la Tragédie d'Othon fut jouée à Fontainebleau à la fin de Juillet,

Voici de quelle façon le même Auteur

1664. parle de la premiere repréfentation qui

Le 5.No

vembre.

en fut donnée à Paris.

Mufe Hiftorique du 8. Novembre 1664.

Il faut donc ici que j'avoue,

Qu'à l'Hôtel de Bourgogne on joue,
Depuis un jour ou deux, dit-on,
Un sujet que l'on nomme ОTHON,
Sujet Romain, sujet fublime,
Et digne d'éternelle estime;
Jamais de plus hauts fentimens,
Ni de plus rares ornemens,
Piéce ne fut fi bien pourvûe:
Je ne l'ai point encore vûe,
Et je ne fuis que le rapport,

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Que m'en fit hier maint efprit fort,
Qui dit qu'elle eft incomparable,
Et que fa conduite admirable
Dans Fontainebleau, l'autre jour,
Charma tous les grands de la Cour.
Mais d'où lui vient cet avantage,
Et d'où vient que de cet Ouvrage,
Tout le monde eft adorateur?

C'est que Corneille en eft l'Auteur,
Cet inimitable génie,

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l'illuftre compagnie,

Ou troupe Royale autrement
Qui la récite excellemment,

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