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1661.

Cette Piéce, du grand Corneille,
Propre pour l'œil & pour l'oreille,

Eft maintenant, en vérité,

La merveille de la Cité,

Par fes Scenes toutes divines,
Par fes furprenantes Machines,
Par fes concerts délicieux,
Par le brillant afpect des Dieux,
Par des incidens mémorables,
Par cent ornemens admirables,
Dont Sourdeac, Marquis Normand,
Pour rendre le tout plus charmant,
Et montrer fa magnificence,
A fait l'exceffive dépense,
Et fi fplendide, fur ma foi,
Qu'on diroit qu'elle vient d'un Roy,
J'apprends que ce rare Spectacle,
Fait à plufieurs crier miracle,
Et je crois qu'au fortir de-là,
On ne plaindra point pour celà,
Pistole, ni demi-Pistole,
Je vous en donne ma parole.
O Corneille! ô charmant Auteur,
Du Parnaffe excellent rimeur,
Illuftre enfant de Normandie,
N'ayant pas vû ta Tragédie,
Qui portera ton nom bien haut,
Je n'en parle pas comme il faut.
C'est de quoi notre fimple Muse,
Te demande humblement excufe?

1661.

Vie de M. Corneille.

(1) 12.Jan

vier.

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Aller admirer ton Ouvrage :
Mais point du tout je m'engage,
A rendre ton los immortel,
Car c'eft toi qui l'a rendu tel. (a)

« La Toifon d'or, dit M. de Fonte-
nelle, eft la plus belle Piéce en Machi-

(a) Les Comédiens du Marais reprirent cette Piéce l'Hiver fuivant, avec un fuccès égal.

Mufe Hiftorique du 3. Décembre 1661.

Dans l'Hôtel du Marais du Temple,
Ce fujet, prefque fans éxemple
Intitulé LA TOISON D'OR,
Maintenant fe rejoue encor.
Corneille, efprit de haut étage,
Eft Auteur de ce rare Ouvrage
Qui brille de tant de beautés
Qu'il plairoit aux plus dégoutés
On y parle d'amours & d'armes,
De Dieux, de Déeffes, de charmes.
Le Théatre a des changemens,
Qu'on prend pour des enchantemens.
Enfin pour un plaifir de Ville,
Il feroit affez difficile

D'en voir fous le rond du Soleil,
Un qui fut à cetui pareil.

Et qui veut voir un beau Spectacle,
Et paffer le temps à miracle
Il ne faut qu'aller là tout droit
Les affiches marquent l'endroit
L'heure, le prix, & la journée,
Et c'eft toujours l'après-dînée.

La réputation de cette Tragédie, engagea le Roy, la Reine, & la Reine Mere, à voir ce magnifique Spec tacle. C'eft Loret qui nous l'apprend encore.

Mufe Hiftorique du 14. Janvier 1662

Jeudy (1) la Majefté Royale,

Fit voir aux Reines pour régale,

nes que nous ayons. Les Machines qui » font ordinairement étrangeres à la Pié- 1661. »ce, deviennent, par l'art du Poëte, né

» ceffaires à celle-là : tout le merveilleux

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que la Fable peut fournir, y , y eft dans » toute fa pompe, fur-tout, le Prologue » doit fervir à tous les Prologues à la » moderne, qui font faits pour exposer, » non pas le fujet de la Piéce, comme les » anciens, mais l'occafion pour laquelle » elle a été faite.

دو

Imitons M. de Fontenelle, & n'entrons pas plus avant dans l'éxamen de cette Tragédie, où le Poëte femble avoir négligé les agrémens qui dépendoient de lui, , pour chercher les moyens de donner occafion au Machinifte d'expofer fes talens dans tout leur jour; indépendamment des Machines, que le fujet dont il avoit fait choix, demande naturelle

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1661.

ment; on voit affez que les épisodes qu'il y a joint, ne font que pour en amener encore. Au refte, pour bien éxécuter cette Tragédie, il faut une dépenfe confidérable: c'eft la raifon qui fait qu'elle n'a point paru au Théatre depuis longtemps. Les Comédiens n'étant plus guére en ufage d'y remettre les Piéces de ce genre.

L'ÉCOLE DES MARIS,

Comédie en vers en trois Actes de

,

M. MOLIERE,

Représentée fur le Théatre du Palais Royal, le 4. Juin.

D

Ans toutes les éditions des Euvres

de M. Moliere, la premiere repréfentation de l'Ecole des Maris eft marquée le 24. Juin. Cependant il eft certain que cette Piéce parût au commencement de ce même mois. Loret, dans fa Muse Historique du 17. Juin 1661. dit que cette Comédie fut jouée à Vaux, chez M. Fouquet, le 12. & ajoute,

Charme, ( à présent) de tout Paris, De forte qu'il y a tout lieu de croire que la date du 24. Juin, eft une faute d'impreffion, qui a été copiée dans toutes les éditions fuivantes, & que c'étoit

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.1661.

le 4. Juin qu'on avoit voulu mettre. Voici

le paffage de Loret.

Mufe Hiftorique du 17. Juin 1661.

Fouquet, dont l'illuftre mémoire,
Vivra toujours dans notre Histoire,
Fouquet, l'amour des beaux efprits,
Et dont un Roman (1) de grand prix,
Dépeint le mérite fublime,

Sous le nom du grand Cléonime;
Ce Sage donc, ce libéral,
Du Roy Procureur Général,
Et plein de hautes connoiffances,
Touchant l'état & les finances,
Lundi dernier (2) traita la Cour,
En fon délicieux féjour.

Qui la Maison de Vaux s'appelle,
Où le Brun de ce temps l'Appelle,
A mis, (je ne le flatte point )

La peinture en fon plus haut point.

Mais pour dire un mot des régales,
Qu'il fit aux Personnes Royales, (3)
Dans cette fuperbe maison,
Admirable en toute saison,
Après qu'on eûr de plufieurs tables,
Défervi cent mets délectables,
Tous confits, en frians appas,
Qu'ici je ne dénombre pas ;
Tome IX.

D

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