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» fent, pour ainsi dire, à chaque inftant, & le Tuteur devient avec plus de con» venance le confident de fa pupille, » que le Confeffeur ne l'eft d'une femme » mariée. Dans Bocace elle ne court au»cun rifque en mettant le Confeffeur » dans fa confidence; c'est l'homme du » monde le plus aifé à tromper, dès que » la fourberie fe couvre du voile de la Religion au lieu que dans Moliere, la jeune fille, qui ne peut avoir d'entretien » qu'avec fon Tuteur, s'expofe à mille in» convéniens pour fe tirer de la fituation » où elle eft; & toutes les démarches qu'elle fait dans cette vue, deviennent,

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» pour ainfi dire autant de coups de

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Théatre, ou des fituations neuves, » amenées, interreffantes, & d'où fort » enfin un dénouement auffi jufte qu'ad» mirable.

» La Bourfe & la ceinture, que Bo"cace fait envoyer par la femme à fon ne font pas felon les mœurs

"amant,.

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» du moins en France, des préfens con-
» venables. Une femme qui aime, fi fon
» amant eft d'une condition égale à la
» fienne, ne lui donne point une bourse
d'argent, & fur-tout une premiere fois
qu'elle lui fait une galanterie. Moliere
qui a fenti ce défaut de bienséance
a imaginé, en corrigeant fon original,

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1661,

F661.

4. pages 52,

6. p. 70.

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*

» un coup de Théatre merveilleux; ati » lieu d'une bourse, & d'une ceinture, la pupille donne à fon amant une boëte d'or, dans laquelle eft une lettre qu'elle " vient de lui écrire ; elle fait accroire à »fonTuteur,que le jeune homme la lui a »jettée dans fa fenêtre, & lui persuade » encore de reporter lui-même la boëte & » la lettre fans la lire. Pour éviter les répétitions, car nous avons déja parlé Livre pre-» de cette Piéce, il fuffira de rappeller mier, article » en paffant le coup de Théatre, par 58. & article lequel Ifabelle feignant d'embrafler "fon Tuteur, fe fert de ce moyen pour » donner à fon amant fa main à baifer', » & lui engager fa foi. On connoîtra par» là avec quel efprit & avec quel art Mo. »liere fait usage, pour ainsi dire, d'un » ombre, de coup de Théatre, que Vega » lui avoit fait entrevoir dans fa Comé» die De la Difcreta Enamorada: Je » n'entrerai point dans un plus long dé» tail des beautés dont Moliere a enrichi » fa Piéce; beautés, que la nouvelle de » Bocace, & la Comédie de Vega, ne pouvoient lui fournir, & que lui feul "a pu imaginer. Comme il connoilloit » parfaitement tous les refforts du cœur, tous les replis de l'efprit humain ; il étoit avantageux qu'il entreprît de traiter ce fujet, pour nous apprendre de

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» quelle

quelle maniere on peut s'approprier les » idées d'autrui, & leur donner les gra»ces de la nouveauté. »>

M. Riccoboni tâche, autant qu'il lui eft poffible,de rapprocher toutes les idées du Théatre, du côté des Poëtes Italiens; c'eft pourquoi, malgré les louanges qu'il donne à Moliere, il veut que ce grand Auteur comique ait puifé le fond de l'Ecole des Maris chez les Auteurs de fa nation, & ne dit pas un mot de Térence, à qui Moliere doit la principale idée de fa Comédie. Dorimon dans celle de la Femme industrieufe, & qui n'eft pas connue de M. Riccoboni, a employé en partie la nouvelle de Bocace, & en partie la Piéce Espagnole de Lopes de Vega; & on pourroit dire que Moliere a emprunté quelque chofe de cette Piéce de Dorimon. Cependant fes plus féveres Cenfeurs n'en ont point parlé. M. Riccoboni dans le même Chapitre que nous avons cité plus haut, après avoir dit que Moliere a pris quelques-uns de fes fujets dans les Piéces que la Troupe des Comédiens Italiens repréfentoient fur le Théatre du Palais Royal, ajoute: « Les Italiens avoient peut-être repréfenté cinquante fois telle Piéce, dont il a » tiré quelqu'une de celles dont nous nous avons parlé ; mais cela ne l'empê Tome IX.

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E

16614

1661.

Nouvelles

troifiéme par

tie,

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choit pas de la donner comme nouvelle » à ces mêmes Spectateurs, qui, peu de jours auparavant en avoient vû, mais fous une autre forme, le fond, le ca»ractere, les lazzi, & quelquefois même des Scenes entieres.

» Tout autre que Moliere, en de pa» reilles circonftances, auroit fans doute » beaucoup risqué; mais il fçavoit trop » de quelle maniere il avoit traité fes fujets, , pour ne pas compter avec raison » que le public, en les reconnoiffant, lui » rendroit juftice. »

"

رو

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M. de Vifé, conftant ennemi des talens de Moliere, a parlé de l'Ecole des Maris: voici le jugement qu'il en porte. Nouvelles, «L'Ecole des Maris parut après le Cocu Imaginaire; c'eft encore un de ces tableaux, des chofes que l'on voit le plus fréquemment arriver dans le mon» de, ce qui a fait qu'elle n'a pas moins été fuivie que les précédentes. Les vers » en font moins bons que ceux du Cocu » Imaginaire, mais le fujer en eft tout» à-fait bien conduit ; & fi cette Piece » avoit eu cinq Actes, elle pourroit tenir

رو

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رو

rang dans la poftérité, après le Men»teur & les Vifionnaires.» Cette derniere phrafe n'eft-elle pas d'un homme d'un goût bien für ?

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LE DOM GUILLOT;

Comédie en vers & en cinq Actes, par
M. DORIM ON,

Représentée par la Troupe de MADB

MOISELLE.

Om Carlos, Gentilhomme de Madrid, ne confultant que fon intérêt, eft fur le point de marier fa fille Angélique avec Dom Pedre. Dom Juan, amant aimé d'Angélique, tâche de diffé rer fon malheur de quelques jours, & après avoir fait prendre à Guillot fon laquais, des habits magnifiques, il le produit à Dom Carlos fous le nom du Marquis Dom Guillot, riche de vingt mille écus de rente, qui recherche Angélique en mariage. Dom Carlos l'accepte bien vîte, (a) & rompt avec Dom Pedre. Dom

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DOM CARLOS.

Vingt mille écus de rente ah bon Dieu il peut

bien

Parler comme il voudra, je ne lui dirai rien,
Vingt mille écus de rente, ah ! le merveilleux gendre!
Qu'il parle inceffamment, je fuis prêt de l'entendre,

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