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ESSAI

SUR LES MOULINS A SOIE.

PREMIERE PARTIE.

DU MOULINAGE ET DES APPRÊTS DE LA SOIE.

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Ce que c'est que mouliner, organfiner, & idée des Machines qui y ont fervi jufqu'à préfent.

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Les différentes dénominations de la Soie en conféquence de fes différens moulinages.

OUR mouliner la foie, on porte les bobines qui en sont P chargées fur un moulin, dont l'effet eft de la tordre en hélice, à-peu-près comme l'on tord les chanvres & lins. On ne mouline que les foies gréfes, c'est-à-dire, celles qui ont encore cette gomme aurore qui leur refte après qu'elles ont été tirées des cocons en écheveaux, qui les roidit, & qui par-là facilite

Ire Part.

A

merveilleufement toutes les opérations des dévidages & moulinages; ce n'est qu'après qu'elles ont été moulinées qu'on la leur ôte, en la faifant cuire dans de l'eau de favon. Cette opération se nomme décreufement; & les foies qui l'ont foufferte, font appellées foies décreusées. Cette gomme, qui étoit fi utile au moulinage, empêcheroit la foie de recevoir la teinture.

Celle qui n'a pas paffé au moulin eft appellée foie plate; celle qui y a paffé eft de trois fortes, le poil, la trame & l'organfin.

Le poil eft de la foie à un seul brin, qui a reçu au moulin un tord foible pour le mettre en état de fervir aux ouvrages de bonneterie, auxquels feuls il eft permis de l'employer. La trame eft formée de deux ou trois fils de foie, que l'on réunit, & que l'on tord ensemble pour n'en former qu'un.

L'organfin ou la chaîne (car la chaîne des étoffes de foie eft toujours de l'organfin) eft compofé de deux, trois, quelquefois quatre brins de foie. Chacun de ces brins eft tordu d'abord féparément & d'un côté ; & ce tord particulier qu'on leur donne, fe nomme le premier apprêt (a). On réunit enfuite deux, trois ou quatre de ces fils qui ont reçu le premier apprêt, on les retord ensemble; mais à contre-fens du premier tord qu'ils ont reçu chacun féparément ce second tord eft ce qui fe nomme le fecond apprêt. La foie qui a paffé par ces deux opérations, qui a reçu ces deux apprêts, eft organfinée.

On dit que l'organfin eft à deux, trois ou quatre bouts, selon qu'il eft composé de deux, trois ou quatre brins de soie qui ont reçu chacun le premier apprêt.

(a) C'eft la différence du tord qui fait celle de la foie nommée poil, d'avec celle qui a reçu le premier apprêt; la derniere a reçu un tord plus fort que la premiere.

ARTICLE I I.

Pourquoi les apprêts fe donnent l'un à contre-fens de l'autre. QUELQUES perfonnes auront peine à concevoir que le fecond tord donné à l'organfin à contre-fens du premier, ne détruise pas ce premier; mais pour peu qu'on y fasse attention on concevra qu'il doit arriver précisément le contraire.

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En effet un fil à un feul brin tordu d'un côté tend à se détordre, & à tourner du côté contraire au tord qu'il a reçu. Si l'on réunit deux brins tordus d'abord féparément & d'un même côté, & qu'on les retorde ensemble encore du même côté ; ils tendront à tourner ensemble & l'un fur l'autre, du côté contraire au tord qu'ils viennent de recevoir; ce côté fera le même que celui vers lequel le premier tord les faisoit déjà tendre à tourner; enforte que ce fecond reffort s'uniffant au premier (puisqu'il se dirige du même côté) le fil total en aura d'autant plus de force pour fe remettre en fon premier état.

Au contraire fi les brins qui compofent un fil ont été tordus d'abord féparément & d'un côté, & qu'enfuite on les retorde ensemble de l'autre côté, les deux efforts pour se remettre au premier état feront alors oppofés, ils feront dans une espèce d'équilibre: il faut donc pour établir cet équilibre & pour qu'il se maintienne, que les brins qui compofent un fil, & qui ont été d'abord tordus féparément d'un côté, foient ensuite retors ensemble de l'autre côté.

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Différence entre filer & mouliner.

J'AI dit qu'on tordoit la foie par le moulinage à-peu-près comme on tord les chanvres & lins en les filant; il y a cependant une grande différence entre filer & mouliner. On tord le chanvre &

autre filaffe, pour de plufieurs brins courts & foibles, former un fil long & de réfiftance, en les réuniffant & les ferrant les uns contre les autres par le tortillement. A cette premiere espèce de tord (c'està-dire au filage) indépendamment de la machine, les doigts d'une perfonne font néceffaires.

Il en faut une ce femble pour chaque fil à former; & les rouets à deux mains qu'on a imaginés, ne paroiffent pas avoir été ou devoir être long-tems en grande considération.

En effet une perfonne ne peut gueres former qu'un fil à la fois, fi l'on veut qu'elle puiffe nettoyer fa filaffe, fi l'on veut qu'elle puiffe empêcher que les extrémités du fil formé, en grippant de la nouvelle filaffe n'en tirent trop, ou trop peu pour former un fil égal & uni.

La foie, indépendamment de tous fes grands avantages fur les autres matieres de nos étoffes, à le mérite particulier d'être filée par l'infecte même qui la produit. La coque du ver à foie est composée d'un feul fil très-long, enforte que cette coque est un vrai peloton de fil, qui, quelque fin qu'il foit, eft capable de résistance, puisqu'il foutient fans fe caffer un poids de deux gros & demi.

Pour en former un qui ait plus de force, & qui foit après cela encore très-fin, il fuffit donc d'unir & de dévider à la fois plufieurs de ces coques ou pelotons de fil formé; c'eft ce qui fe fait, comme on le fait, au tirage de la foie des cocons ; & l'on remarque que cette opération n'eft pas un filage, mais uniquement un dévidage, c'est ce qui est cause qu'elle fe fait avec une vîteffe extrême. La gomme de la foie qui eft en fufion pour lors, réunit les fils particuliers & les colle les uns aux autres, enforte que cette gomme une fois defféchée, ils ne fe fépareront plus; ils formeront un feul fil ou un feul brin (a) du moins tant que cette gomme y restera.

( 4 ) J'ai déjà appellé brin de foie un fil compofé de plufieurs autres; je continuerai à le faire,

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