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le fçait, le quart de sa substance ou de fon poids; cette gomme qui réuniffoit les fils de cocons les uns aux autres, fans qu'on pût les défunir; cette gomme, dis-je, enlevée, les fils qui compofoient le brin total font défunis. Les efpaces qu'occupoit la gomme entre-eux reftent vuides. Ces mêmes fils, de toute part attaqués par les alkalis du favon, que l'eau bouillante y a introduit, feront aussi bien que le brin qu'ils compofent, couverts d'un petit duvet, par lequel ils s'accrocheront à tout ce qu'ils rencontreront. Plufieurs fe déchireront, fe cafferont au chevillage dont ils auront à fupporter les efforts, & à la reinture, & au luftrage. Ils feront à l'ouvrage encore plus expofés à fe déchirer & fe caffer par les frottemens qu'ils y effuyeront. Dans les endroits multipliés où quelques-uns de ces fils compofans auront été caffés, le brin en fera d'autant moins fort. Enfin, les étoffes dans lesquelles le fil de foie, en cet état, sera employé, fe cotonneront.

Pour prévenir tous ces mauvais effets du décreusement, on doit donc réunir auparavant, par le tord, les fils que l'on fçait qu'il défunira. Le fil, par exemple, qu'on nomme poil, composé d'un seul brin de foie, & qui ne doit être employé que dans la bonneterie, pourroit-il ne pas fe cotonner à la teinture & à l'ouvrage, après ce que le décreufement lui aura fait fupporter, fi l'on ne travailloit à réunir par avance & par un tord leger, les fils qui le compofent? La trame formée de deux ou trois brins, n'a-t-elle pas befoin auffi de cette réunion par le tord, pour ne pas être expofée au mêmes inconvéniens, soit à la teinture, foit au dévidage, soit à l'ouvrage? Elle fouffrira moins de frottemens que la chaîne; auffi fe contentera-t-on de la réunion qui peut s'opérer par le fimple tortillement des brins qui la compofent les uns fur les autres. La chaîne, comme on vient de le faire preffentir, indépendamment des frottemens qu'elle doit effuyer comme la trame, elle

aura à fupporter au par-delà ceux multipliés du paffage du fil de trame; ainfi il faudra une réunion plus intime, pour ainfi dire; une réunion double de l'autre ; il faudra donc faire précéder l'apprêt, pareil à celui de la trame, par un autre qui réunira d'abord les fils de chacun des deux ou trois brins particuliers dont l'organfin doit être compofé. Ces deux apprêts, donnés à contre-sens l'un de l'autre, oppofés l'un à l'autre, fe feront réciproquement équilibre, fe maintiendront l'un par l'autre, & maintiendront d'autant plus la réunion. Non-feulement les fils particuliers qui compofent chaque brin, mais encore les brins même en particulier, & qui compofent celui total de l'organfin, ne feront plus expofés à supporter seuls & féparément des autres, les frottemens auxquels ils ne résisteroient pas.

Ce n'est qu'en ce fens, felon moi, que le moulinage qui les unit, qui réunit les forces particulieres que le tortillement & le décreufement leur ont laiffés, peut être dit fortifier la foie. Le peu que ces fils perdent de leurs forces par un moulinage modéré, n'eft pas comparable aux rifques qu'ils courroient fans cette réunion, ni aux avantages qui en résultent pour la facilité, la bonté, la perfection de l'ouvrage. Il fuit donc delà qu'encore qu'en général le tord, quel qu'il foit, diminue les forces particulieres des fils qui en compofent un autre; le moulinage devient néceffaire à la foie qui doit fouffrir le décreusement: mais il n'est utile qu'à la réunion dont nous avons parlé, il faut donc le borner à ce qui en est néceffaire à cette même réunion; tout ce qui feroit au-delà deviendroit non-feulement inutile, mais nuifible, par l'effet général du tortillement fur les fils.

Ce tord porté au-delà du néceffaire nuiroit encore par une autre raison, la voici :

Plus le tord fera fort, plus il diftendra les fils qui composeront

le brin total or plus leur distension sera forte, moins ils feront capables d'effuyer, fans altération, l'action violente des fels dans le décreusement, cela est évident; c'est cependant ce à quoi l'on ne paroît pas avoir fait grande attention jusqu'à présent.

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Quelle paroit être la quantité de tord propre à remédier aux effets du décreufement.

LA néceffité du moulinage devant être, ainfi que je crois l'avoir fait voir, bornée à la foie qui doit fouffrir le décreusement, & le tord lui-même devant se restraindre auffi à ce qui eft néceffaire à la réunion des fils que ce même décreufement défunira; peut-être demandera-t-on quelle eft, du moins à-peu- près, la quantité de tord fuffifante à cette réunion?

S'il m'eft permis d'expofer mon fentiment là deffus, je dirai qu'il me paroît que deux révolutions du fil en hélice, réparties fur la petite longueur d'une ligne; ou ( ce qui est le même) que vingtquatre à vingt-cinq points de tord par pouce, fuffiront à cette réunion, & cela tant au premier apprêt qu'au fecond.

A l'appui de cette opinion viennent, 1°. des espéces d'analyses que j'ai faites à l'œil, de quelques échantillons d'organfin de Piémont & de France, qui m'ont été envoyés de Lyon; j'ai remarqué que cet organsin, assez fin, n'avoit reçu que vingt-deux à vingt-trois points de tord par pouce au fecond apprêt: au premier, il m'a semblé en avoir reçu encore moins. En fecond lieu je ferai remarquer que cette même opinion est bien relative à tout ce qui a été dit auparavant fur l'arrangement des moulins Piémontois : il est très-poffible même de l'en déduire; car d'un côté il fuit, comme je l'ai dit, de la combinaison des deux régles préfentées par l'auteur qui nous a fait

connoître cet arrangement: que, felon cet auteur même, le tord de vingt-cinq à vingt-fix points par pouce eft bien fuffifant, dü moins au second apprêt; & de l'autre, j'ai fait voir que c'est beaucoup fi en Piémont le tord du premier apprêt égale celui du fe

cond.

Ceci n'est présenté au reste qu'en attendant que quelque personne impartiale & déprévenue, plus à portée que moi d'obferver les effets du trop grand tord fur la foie, nous aura donné quelque chose de mieux.

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Le tord du premier apprêt doit être égal à celui du fecond.

C'EST

'EST encore en attendant ceci que je ferai remarquer qu'en avançant, comme je viens de le faire, que la réunion des fils ne me paroiffoit pas demander communément un tord plus fort que celui de vingt-cinq points par pouce; j'ai ajouté, foit au premier, foit au fecond apprêt. Par-là j'ai fait entendre que je ne pensois pas qu'il dût y avoir de la différence entre un apprêt & l'autre. Je pense en effet (s'il m'eft permis de le dire) que quelle que foit d'ailleurs & en général la quantité de tord déterminée nécessaire à la réunion des fils, après avoir donné cette quantité au premier apprêt, on doit la donner encore au fecond. Je ne fuis pas feul de ce fentiment, j'avouerai même que je ne fais ici qu'adhérer à celui d'un Méchanicien des plus habiles (a), dont l'opinion mérite d'autant plus de confidération, qu'il eft parfaitement au fait de nos Manufactures d'étoffes de foie & de nos Moulins à foie; mais n'étant plus d'ufage en matieres phyfiques de fe contenter d'étayer fes fentimens de ceux même des perfonnes auxquelles il paroîtroit convenir

(4) M. Goeffons de la Société royale des Sciences à Lyon.

de fe rapporter, je déduirai les raifons fur lesquelles je fonde

celui-ci.

Il y a à la vérité bien de la différence entre faire de la corde & faire de l'organfin; entre commettre la corde & donner les deux apprêts à la foie pour en faire de l'organfin. On commet la corda par une feule & même opération que je définirai bientôt. On fait l'organfin par deux opérations différentes, par deux moulinages féparés & fucceffifs: mais par les deux méthodes on aboutit au même point, & l'on attend d'elles le même effet.

L'organfin eft proprement une petite corde de foie; il en est même qui le nomment un petit cable. En le faisant, on donne à ses fils, comme à ceux de la corde, deux tords contraires & opposés : on a en vue par-là de maintenir dans l'organfin, comme dans la corde, un tortillement par l'autre ; enforte qu'ils fe faffent réciproquement équilibre.

Or examinons ce qui maintient cet équilibre, de façon que la corde, une fois commife, ne fe détortille pas; fi c'est parce qu'un tortillement eft égal à l'autre ; fi c'eft parce qu'il n'est aucun pas d'hélice qui n'ait fon contre-pas d'hélice oppofé dans l'autre tortillement: il fera aifé d'en conclurre que pour établir & maintenir cet équilibre dans l'organfin, il faudra que les deux apprêts foient égaux; c'est-à-dire, que fi l'on fe détermine à donner, par exemple, vingt points par pouce au premier apprêt, il faudra au second apprêt en donner vingt auffi par pouce.

Le bitord des Cordiers, qui est une ficelle compofée de deux fils, répond à l'organfin à deux bouts; le merlin, compofé de trois fils, répond à celui à trois bouts. Je ne décrirai pas ici comment l'un & l'autre fe commettent: je dirai feulement que commettre le bitord, par exemple, c'eft tordre du même fens les deux brins d'un même

fil;

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