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L'arbre de cette roue porte auffi une dent qui engrene dans une roue de quinze, dont elle ne fait passer auffi qu'une dent à chacune de fes révolutions; ce qui fait que le guindre fait cent cinquante tours pendant un feul de cette feconde roue. Enfin l'arbre de celle-ci porte auffi une dent qui engrene dans la roue du cadran. Celle-ci porte l'aiguille & a feize dents, dont il ne paffe encore qu'une à chaque révolution de la feconde roue; ce qui fait que le guindre fait dix multiplié par quinze, multiplié par feize, c'est-à-dire, deux mille quatre cent tours pendant un feul de cette derniere roue, ou de l'aiguille qu'elle porte. Les dents de ces trois petites roues font coniques & placées dans les plans des roues.

Lorfque cette aiguille vient à marquer deux mille quatre cent tours, le marteau frappe un coup fur le timbre; enforte qu'on est averti par les yeux & par les oreilles que l'écheveau eft fini.

ARTICLE V.

Développement du fyftême du Moulin.

POUR ne pas diftraire de l'examen des piéces qui conftituent la machine, j'ai laiffé à l'écart les proportions dans lesquelles font les diametres des poulies qui constituent les rouages des fuseaux & des guindres, & qui réglent leurs tours contemporains : j'ai paffé, en un mot, un peu légérement fur le méchanisme des fuseaux & des guindres; ceci eft cependant la partie principale, ou pour mieux dire, la partie conftitutive du Moulin. Le va-&-vient, le compte-tours, n'en font que les acceffoires. La fimple defcription que j'ai donnée des premiers pourroit faire penfer que cette partie principale eit comme tout ce que j'ai vu en ce genre, c'est-à-dire, fait au hazard; i eft bon d'y revenir.

Je ne crois pas pouvoir plus aifément me faire entendre qu'en re

traçant fimplement, foit les principes d'où je fuis parti, foit la toute que j'ai tenue en conféquence.

L'objet des Moulins à foie étant de la tordre & retordre, ils doivent avoir, & ont tous effectivement, une partie qui tord la foie; ce font les fufeaux: ils doivent en avoir une autre destinée à la tirer & s'en charger au fur & à mesure qu'elle fe tord; ce font les guindres.

En fecond lieu la partie qui tord doit avoir une vitesse fortement accélérée fur celle de la partie qui reçoit; enforte que la viteffe de celle-ci foit retardée affez pour qu'elle ne reçoive la foie qu'après que la premiere lui aura donné le tord convenable (a).

Il fuit évidemment, de ce que je viens de dire, que l'effet de la machine ou la vîteffe de l'ouvrage, dépend de celle des fuseaux;, puifque c'eft à celle-ci que la viteffe des guindres doit. se propor tionner (b).

J'ai cru cependant devoir me borner là deffus, c'est-à-dire, fur cette vîteffe des fufeaux; foit pour ne pas être obligé d'augmenter la puissance motrice, foit pour ménager la machine. On fait qu'en méchanique ce qu'on gagne en vîteffe on le perd en force; & réci quement...... on fait auffi qu'une trop grande viteffe, imprimée aux pièces d'une machine, fait qu'elle fe détraque bientôt.

J'ai donc fait le diametre de la grande poulie M [Fig. 3.], qui

(a) Par exemple, fuppofons que le pourtour d'un guindre eft d'un pied de longueur, ou qu'il enleve douze pouces de foie à chaque révolution; fi l'on veut que l'effet du Moulin foit de donner vingt-cinq points de tord par pouce, il faudra faire enforte que les fufeaux faffent douze fois vingt-cinq, c'est-à-dire, trois cent tours pendant un feul du guindre; ainfi les nombres des tours contemporains des fufeaux & des guindres, feront dans le rapport de trois cent,à un.

(b) Il ne faut pas croire en effet que des grands guindres feront plus d'ouvrage que des petits: c'eft l'erreur de ceux qui n'ont point examiné les chofes d'affez près. Si les guindres enlévent davantage de foie par chaque révolution, il faut que leur viteffe foit retardée à proportion, & par conféquent que celle de l'ouvrage foit retardée aussi: c'est done, on le répète, de la vitelle des fufeaux que dépend celle de l'ouvage.

mene la corde des fufeaux, feulement quinze fois auffi grand que celui de la petite poulie fixée à l'axe de chaque fufeau, Par-là, à chacun des tours de cette grande poulie, les fufeaux en font quinze; & comme le rouet de la manivelle (qui, ainfi que je l'ai dit, a feize dents & engrene avec la lanterne à fept fufeaux que porte la tige du Moulin), fait faire à cette grande poulie deux tours & deux feptiémes pour un feul de cette manivelle, il arrive que les fuseaux font trente-quatre tours à chaque sévolution de cette même manivelle; or on peut, fans la mener fort rapidement, lui faire faire quarante tours par minute; ainfi les fuseaux feront au moins treize cent foixante tours par minute. Cette vîteffe de l'ouvrage m'a paru fuffifante.

Cette partie réglée je fuis venu à la feconde; elle eft la principale des deux; avant tout j'ai remarqué, comme je l'ai dit précédemment, que de l'organfin affez beau, mais qui n'étoit pas le plus fin, n'avoit gueres reçu au fecond apprêt que vingt-deux à vingt-trois, points de tord par pouce de longueur de foie; au premier apprêt il m'a paru en avoir reçu encore moins.

Partant de là, j'ai regardé le tord de 22,5 points (a) par pouce comme celui qui conviendroit ordinairement, ou plutôt comme un tord moyen entre deux extrêmes dont je parlerai ci-après.

J'ai ensuite réglé le pourtour des guindres, c'est-à-dire, la longueur du fil de foie dont ils doivent fe charger à chaque révolution; cette longueur eft de douze pouces. Pour parvenir à répartir fur cette longueur le tord moyen dont j'ai parlé; savoir, les 22,5 points de tord par pouce, il falloit faire enforte que les fuseaux

(a) Cette expreffion 22,5 fignifie vingt-deux cinq dixiémes; enforte que le chiffre 5 qui eft à la droite de la virgule eft une fraction décimale, & l'on fait que celui qui eft le plus proche de la virgule marque des dixiémes; celui fuivant, toujours vers la droite, marque des centiémes; le troifiéme, des milliémes; le quatrième, des dix milliémes, &c. enforte qu'il n'y a que les chiffres qui font à la gauche de la virgule qui marquent des nombres entiers.

fiffent douze fois 22,5 tours, c'est-à-dire, deux cent foixante-dix
révolutions, pendant une feule du guindre. C'est à quoi je suis par-
venu par deux fimples paires de poulies menées chacune des paires
par
leur corde fans fin ; & par les rapports de 10 à 81, de 18 à
40, que j'ai mis entre les diametres de ces quatre poulies, dont les
deux plus grandes représentent deux roues dentées, & les deux plus
petites, les pignons qui y engreneroient. La poulie-pignon, de dix
lignes de diametre, eft la plus petite de la fufée marquée 1 au haut
de la tige [Fig. 3]; elle engrene avec les deux poulies-roues Y&Z,
qui ont chacune 81 lignes de diametre.

La feconde poulie-pignon, de dix-huit lignes de diametre, est la poulie du milieu de la fusée 2 qui engrene avec la poulie-roue V de quarante lignes de diametre (a).

Si les quatre poulies de 10, 81, 18 & 40 lignes de diametre fuffent reftées conftamment les mêmes, le tord du moulin eut été, comme il l'est à bien d'autre, toujours le même. On n'eut gueres pu y mouliner qu'une espéce de foie; cependant la plus groffe n'eft pas susceptible de 22,5 points de tord par pouce, & la plus fine peut en recevoir davantage.

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Pour pouvoir varier les tords fuivant les différentes espéces de foie, ou fuivant les ufages différens auxquels on les destine, il m'a fuffi de rendre variable une de ces quatre poulies; c'eft celle marquée 2 [Fig. 3 ], & qui par un cordon de foie mene la poulie V enarbrée

(a) Jobferverai que le diametre d'une poulie eft augmenté par l'épaiffeur de la corde qui l'embraffe, & qu'il l'eft encore ici par la rondeur de la corde qui l'empêche de pénétrer jufqu'au fommet de l'angle aigu que forme la gorge de cette poulie, enforte que le diametre d'une poulie eft la ligne qui, paffant par fon centre, fe termine, de part & d'autre, à l'axe de la corde qui l'embraffe. On verra dans la troifiéme Partie, Chap. 1. Art. IV, la méthode de faire uue poulie, de forte qu'avec la corde qui doit l'embraffer, elle n'ait que le diametre qu'on veut lui donner,

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enarbrée aux guindres. Cette fufée eft compofée de onze poulies de différens diametres, pour donner onze tords différens, selon le diametre de la poulie dans laquelle on placera le cordon de foie: voici la compofition ou construction de cette fufée.

La poulie qui eft au milieu étant fuppofée de 18 lignes de diametre & donnant le tord moyen de 22,5 points par pouce, celle qui aura un diametre double de 18 lignes, ne donnera que la moitié du tord de 22,5, c'est-à-dire, que celui de 11,25 par pouce; & au contraire celle qui n'aura que la moitié de 18 lignes donnera un tord double, c'eft-à-dire, celui de 45 points par pouce.

Ayant, avec la poulie moyenne de 18 lignes de diametre, ces deux poulies extrêmes, l'une de 36 lignes, l'autre de 9, auffi de diametre; pour avoir les intermédiaires, j'ai pris, entre 18 & 36, quatre moyens proportionnels arithmétiques; & entre 18 & 9, quatre autres. J'ai fait les cinq poulies de part & d'autre de la moyenne, enforte que leurs diametres font les termes des deux progreffions arithmétiques dont je viens de parler, & j'ai rendu par-là cette fusée propre à varier les tords & à en donner onze différens en defcendant du fort au foible, c'est-à-dire, de 45 points par pouce à onze un quart.

REMARQUE.

On voit qu'il n'est pas bien difficile de déduire de tout ce que je viens de dire une méthode de composition d'un Moulin de l'espéce de celui-ci & de telle grandeur qu'on voudra; l'application de cette méthode à la construction d'un Moulin à deux vargues & d'une grandeur moyenne, fera l'objet de la troifiéme Partie : les détails, foit de théorie, foit de pratique, qui ne feroient pas fuffifans ici, pour ceux qui voudroient en venir à l'exécution de ce Moulin à deux vargues, fe trouveront là.

II. Part.

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