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CHAPITRE XXVI.

De l'inftallation des Dames de Noify à Saint-Cyr en 1686.

LE

E jour où la Communauté, qui réfidoit à Noify, prit poffeffion de la Maison royale de Saint-Cyr, fut un jour de triomphe pour le Royaume & pour la Religion. L'on vit une troupe de vierges, partagées en différentes claffes, se rendre proceffionnellement dans le nouvel afile qui leur étoit deftiné. L'on y dépofa le corps de SaintCandide avec toute la piété qui convenoit à cette augufte cérémonie.

L'Inftitutrice, abîmée devant Dieu, le conjuroit avec ferveur de bénir fon ouvrage, tandis qu'une multitude innombrable admiroit avec transport la majesté de l'édifice, & fe félicitoit

d'avoir

d'avoir vu naître un pareil établiffe

ment.

Toutes les chofes néceffaires fe trouværent fous la main dans un ordre admirable, & l'on n'eut rien à défirer. « Il n'y a de trop dans tout cela, >> difoit Madame de Maintenon, que » les louanges qu'on me donne, fans » penser que nous fommes tous des fer» viteurs inutiles, & que la feule Pro»vidence est le grand Architecte qui » fonde & qui bâtit ». Mais plus elle fe déroboit aux éloges, & plus la reconnoiffance la célébroit dans toutes les Provinces.

Les peres alloient voir leurs filles au berceau, & leur difoient en les embraffant: Vous connoîtrez un jour la bienfaitrice qui vous affure du pain; &, dès l'âge de fept ans, vous apprendrez à bénir Madame de Maintenon.

Que de meres de famille formées par fes foins, & qui ont répandu dans le Royaume cet efprit d'économie &

CHAPITRE XXVI.

De l'inftallation des Dames de Noify à Saint-Cyr en 1686.

LE

jour où la Communauté, qui réfidoit à Noify, prit poffeffion de la Maison royale de Saint-Cyr, fut un jour de triomphe pour le Royaume & pour la Religion. L'on vit une troupe de vierges, partagées en différentes claffes, fe rendre proceffionnellement dans le nouvel afile qui leur étoit deftiné. L'on y dépofa le corps de SaintCandide avec toute la piété qui convenoit à cette augufte cérémonie.

L'Inftitutrice, abîmée devant Dieu, le conjuroit avec ferveur de bénir fon ouvrage, tandis qu'une multitude innombrable admiroit avec transport la majefté de l'édifice

& fe félicitoit

d'avoir

d'avoir vu naître un pareil établiffe

ment.

Toutes les chofes néceffaires fe trouværent fous la main dans un ordre admirable, & l'on n'eut rien à défirer. «Il n'y a de trop dans tout cela, >> difoit Madame de Maintenon, que » les louanges qu'on me donne, fans » penfer que nous fommes tous des fer>> viteurs inutiles, & que la feule Pro»vidence est le grand Architecte qui » fonde & qui bâtit ». Mais plus elle fe déroboit aux éloges, & plus la reconnoiffance la célébroit dans toutes les Provinces.

Les peres alloient voir leurs filles au berceau, & leur difoient en les embraf fant: Vous connoîtrez un jour la bienfaitrice qui vous affure du pain; &, dès l'âge de fept ans, vous apprendrez à bénir Madame de Maintenon.

Que de meres de famille formées par fes foins, & qui ont répandu dans le Royaume cet efprit d'économie &

de piété, qui fait le bonheur & la fûreté des ménages! L'on follicitoit de toutes parts des places à Saint-Cyr, & l'on travailloit aux preuves de No blesse avec la plus grande activité, Madame de Maintenon n'en exigea pas de celles qu'on avoit amenées de Noify; mais il ne fut plus poffible de la vaincre fur cet article.

Le Roi, pleinement fatisfait de la nouvelle fondation,nomma un Confeil pour examiner, une fois l'année, les comptes de la Maifon; & Madame de Maintenon y attacha Manfeau l'homme le plus exact & le plus capable de veiller fur les dépenfes. Il eut ordre de modérer celles de Madame de Brinon, & de le faire avec autant de difcrétion que de respect..

Cette Dame, douée d'une éloquence rare, parloit de la Religion comme le plus excellent Orateur; mais devenue Supérieure d'une Maison auffi diftinguée, elle crut devoir à son rang un

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