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Trois ou quatre hommes fe cachent près d'un chemin, & s'ils apperçoivent quelque ennemi, ils tirent fur lui, & prennent auffi-tôt la fuite, ayant foin de laiffer derrière eux des ranjows, ou pieux pointus, plantés en terre, pour éviter d'être pourfuivis. Dans ces occafions un homme fe contente fouvent d'une patate par jour, en quoi les Battas ont l'avantage fur les Malais, contre qui ils font fouvent en guerre, lefquels veulent

être mieux nourris.

Fortifica- Ils fortifient leurs villages par de grands murs

tions.

de terre, au milieu defquels ils plantent des halliers. Hors du mur eft un foffé, de chaque côté duquel il y a une haute paliffade de bois de camphre. Au-delà eft une haie impénétrable de bambous hérifiés de piquans, qui, en croissant, deviennent extrêmement touffus, & cachent entièrement la vue des villages. Au-delà de toutes ces barrières, font difpofés des ranjows, d'une longueur convenable au corps & aux pieds, lesquels rendent l'approche dangereux aux assaillans qui font prefque nuds. A chaque angle de cette efpèce de fort, au lieu d'une tour ou d'une vedette, ils ont imaginé de mettre un grand arbre, fur lequel ils montent pour reconnoître l'ennemi ou tirer fur lui. Mais ils n'aiment pas refter fur la défenfive dans leurs villages, & c'est pourquoi, après y avoir laiffé quelques hommes pour lés

garder, ils s'avancent ordinairement dans le pays, & fe font des parapets & des retranchemens felon le befoin. Ils ne combattent jamais corps à corps, mais ils fe tiennent toujours à une distance raifonnable de l'ennemi, rarement plus près que ła portée du fufil, excepté dans le cas d'une furprife.

Leur étendard militaire eft une tête de cheval, Armes. d'où flotte une longue crinière, ou une queue de cheveux. Leurs armes font le fufil à mèche, la lance de bambou, & une efpèce de fabre ou de grand couteau. Ils ne portent point de cris comme les Malais. Leurs gibecières contiennent plufieurs petites cafes de bois, dans chacune defquelles eft une charge pour leur fufil. Ils y mettent affi leurs mêches, & les plus petits ranjows, portant les grands dans un bambou pendu fur l'épaule, comme un carquois. Ils ont des espèces de boîtes fculptées & ornées d'une manière curieufe, pour tenir leurs balles; & d'autres d'une conftruction particulière, pour y mettre en réferve de la poudre à tirer, qu'ils fabriquent euxmêmes, le fumier de chèvres leur fourniffant le falpêtre. Ils tirent leurs fufils à mèche des trafiquans, qui les apportent de Menangcabow, où ils font fabriqués. Leurs fabres font de leurs manufactures.

Les Naturels de la côte échangent leur benjoin commerce.

& leur camphre pour du fer, de l'acier, du fil d'archal & du fel. De ce dernier article, ils enlèvent annuellement environ cent mille bambous ou gallons dans la baie de Tappanooly. Ils échangent de nouveau ces marchandises avec les Habitans de l'intérieur, de la manière dont je le dirai tout-à-l'heure, pour les productions & les ouvrages du Pays, & particulièrement des toiles de coton, dont on n'importe dans l'île qu'une petite quantité. Quelques-uns portent autour de la tête une espèce de bandeau d'étoffe étrangère bleue, à l'imitation du daytar des Malais, & un petit nombre ont des badjoos (1) de Perse; mais en général la vente des toiles eft fidérable dans la baie. (2).

peu con

(1) Efpèce de furtout ou de robe-de-chambre. Voy. T. I, p. 86.

(2) Il fe fait un grand commerce entre Natal & l'île de Neas, qui n'en eft pas éloignée. Les articles qu'on tire de cette île, font le riz & les efclaves, dont le nombre annuellement eft au moins de quatre cens cinquante, outre cent cinquante qui font transportés dans les ports du nord de Sumatra. On ne compte pas moins de deux cens de ces infortunées victimes de l'avarice des Chefs, qui font tués quand on va pour les prendre ce qui fait en tout, environ huit cens elclaves qu'on en tire chaque année, nombre confidéra

N'ayant

fes fervent de

N'ayant point de monnoies, toute valeur eft Marchandi eftimée parmi eux par certaines marchandifes. monnoies,

ble pour une île comme Neas. Les Naturels de cette île font de petite taille, mais d'un beau teint, fur-tout les femmes, qu'on envoie principalement à Batavia. Mais la plupart, hommes & femmes; font infectés d'une espèce de lèpre, qui couvre leur peau d'écailles blanches, & leurs oreilles font étendues d'une fi prodigieufe manière, qu'elles tombent fouvent fur leurs épaules. Ceux qui achètent les femmes, les font quelquefois revenir à leur grandeur naturelle. Ils fe diftinguent par leur adreffe dans les ouvrages manuels, &, pour donner un exemple de leur dextérité, ils faignent prefque de la même manière que nous. (En cela ils font plus avancés que les Turcs & les Arabes, chez lefquels à peine trouve-t-on un homme qui fache faigner avec la flamme, espèce de lancette à reffort qui ne suppose aucune adrelle. Voy. Voyage en Syrie & en Egypte, par M. Volney. T. II, p. 405. Note du Traducteur). Chez les Sumatranois le fang n'eft jamais tiré dans d'auffi bonnes intentions. Le langage & les mœurs de ces infulaires reffemblent à celles des Battas en général ; mais ils en diffèrent en plufieurs points importans. Leur principale nourriture eft le cochon, & les Chefs ornent leurs maifons des mâchoires de ces animaux, ainsi que des crânes des ennemis qu'ils ont tués. Ils font vindicatifs, & paflent pour de dangereux esclaves domeftiques; vices que les Philofophes n'hésiteront pas d'excufer dans des hommes indépendans arrachés de leurs pays, & des bras de leurs parens & de leurs amis.

Tome II

Foires.

Dans le commerce ils calculent par tampangs ou gâteaux de benjoins ; dans les affaires qu'ils font entr'eux, plus ordinairement par bifons : quelquefois le fil d'archal, ou les grains font leur monnoie repréfentative. Un galloon, ou paquet de fil d'archal, représente environ la valeur d'une piaftre. Mais pour de petits objets, le fel eft le moyen le plus en ufage. Une mefure appelée faloop, qui pèfe environ deux livres, eft égale à

in fanon, ou environ fix fols tournois: un ballee, autre mefure plus petite, paffe pour quatre keppeng, ou environ quinze deniers.

Pour la commodité du commerce, on a établi dans l'intérieur de Tappanooly, qui eft leur grand entrepôt, quatre marchés, où ils tiennent foire fucceffivement un jour entier pendant toute l'année. Les Habitans du diftrict du quatrième marché, c'est-à-dire, de celui qui eft le plus éloigné de la côte, fe raffemblent avec leurs denrées dans le lieu deftiné pour cela; ceux du troisième s'y rendent, & achettent d'eux: ceux-ci à leur tour fourniffent de la même manière aux befoins des Habitans du fecond, & ceux-ci du premier, qui donnent en échange, leur jour de foire, les marchandifes qu'ils ont reçues des Européens & des Malais. Dans ces occafions, toutes hoftilités font fufpendues. Chacun porte fon moufquet, s'il en a, avec une branche d'arbre verte dans le canon,

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