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armée du cerveau de Jupiter. « Enfin (dit le même journaliste, dont nous

avouons avec reconnaissance avoir beau coup emprunté dans cette Notice ) « Gil» bert avait plus de génie que d'efprit, » plus de talent que de connaiffances, » plus d'imagination que de jugement, » plus d'enthousiasme que de goût». On ne pouvait mieux caractériser l'auteur dont nous publions les productions; & ce qu'il y a de fingulier, « il avait le cœur » droit & fenfible; il ne fe permit jamais » dans la fociété la raillerie ni les épi» grammes; fon efprit plus que fon cœur lui » avait fait embraffer la fatire ». Ajoutons que la confcience de fon talent, & l'indignation continuelle qu'il reffentait en fecret en fe voyant écrafé des chaînes de la pauvreté, convertissait tout en amertume dans cette ame aigrie. Si J. J. Rouffeau n'eût pas été l'éternelle victime déchirée par le vautour de l'infortune, il y a tout lieu de croire qu'il aurait eu un commerce plus liant, qu'il eût été moins ombrageux. Du refte Gilbert à fans doute mérité l'hon

neur d'être placé dans le très-petit nombre d'Ecrivains originaux, dont puiffe s'enorgueillir le fiècle préfent: nous avons donc cru acquérir quelque droit à la reconnaiffance du public, amateur de la Poésie, en lui offrant l'Edition la plus complète de fes Œuvres : nous n'avons rien négligé pour la rendre agréable au public: nous avons même eu l'attention d'y ajouter le portrait de l'Auteur.

TABLE

Des Pièces contenues dans ce volume.

NOTICE fur la vie & les ouvrages de l'Auteur;

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40

Le Jugement dernier, Ode,

Ode à MONSIEUR fur fon voyage en Piémont; 46

Le Jubilé, Ode,

Ode au Roi,

49

5.3

Ode à S. A. S. Monfeigneur le Prince régnant de

Salm Salm

Ode fur la mort de Louis XV,

57

61

Ode fur la mort de S. A. R. Madame la Princeffe Anne-Charlotte de Lorraine,

64

Ode fur la guerre préfente, après le combat d'Oueffant,

Ode imitée de plufieurs Pfeaumes,

Le Dix-huitième Siècle, Satire à M. Freron
Mon Apologie, Satire,

73

80

82

103

Réflexions de M. Gilbert fur fa fatire du dix-huitième fiècle,

121

La mort d'Abel, Chants VII & VIII, imités de

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PREFACE.

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I EN ne décourage plus les jeunes Poëtes, que la vue de l'aviliffement où est tombée aujourd'hui la Poéfie. Le jargon de M. La-Béquille a pris parmi nous la place du langage des Dieux : hormis la Tragédie, on ne lit plus d'Ouvrages en vers. A peine daigne-t-on encore jetter, quelquefois les yeux fur les merveilles des Defpréaux & des Rouffeaux. Heureux Voltaire d'être né avec un génie si éclatant! Pour attirer fur lui, pour fixer les regards dédaigneux de notre Public, il lui fallait avoir compofé la Henriade, Alzire, Brutus, & tant d'autres chef-d'oeuvres.

Qu'on s'étonne encore qu'il ne s'élève
A

perfonne pour s'affeoir fur le trône de ce fameux Poëte! Ce n'eft point en avilissant l'art militaire que vous ferez naître de grands Guerriers. L'homme ne s'efforce à exceller dans un art, qu'en proportion de la confidération qui y eft attachée. Il en eft des fciences comme des vertus. Pourquoi voyez-vous rarement une Comédienne veftale ? C'est que vous les croyez toutes Laïs.

Mais, dira-t-on, fi la Poéfie eft avilie, fi les Poëtes mêmes font méprifés, c'est que nous ne voyons plus de bons Ouvrages en vers. Oui; mais vous exigez qu'un Poëte débute par un dipe vous ne donnez point au génie le temps de fe développer, de s'élever infenfiblement, & d'aller en fon vol toucher la voûte du ciel. S'il n'éclate

d'abord, vous foupçonnez qu'il ne se figna

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