témérairement la malade à un grand danger; & lorfqu'on peut traiter le mal avec moins de risque, si on n'a foin de tenir pendant long-tems le vagin bien dilaté avec des tentes qui fe gonflent beaucoup par l'humidité & fur la fin avec des canules & des peffaires convenables, après la guèrifon le vagin peut aisément se refferrer au point de ne pas permettre enfuite l'introduction de la verge. C'eft ce que j'ai vu moimême autrefois dans un cas où je fus obligé d'en venir de nouveau à l'opération; & Roonhuys, inftruit par l'expérience, avertit les Chirurgiens de fe précautionner contre cet accident (a). L'incifion eft encore très-dangereuse lorfque les parois du vagin font totalement collés enfemble, & fur-tout à une profondeur un peu confidérable, comme j'ai eu occafion de l'observer chez la femme d'un boucher, à la fuite d'un accouchement difficile: quoique je ne péche certainement pas par un excès de timidité dans les opérations, j'aimai mieux laiffer cette femme avec fon incommodité, que de lui faire courir le rifque de l'incifion, quoiqu'elle la défirât paffionnement ainfi que fon mari, par l'envie qu'ils avoient l'un & l'autre de fe procurer des enfans. Si l'orifice du vagin eft bouché par une excroiffance charnue, il ne fuffit pas ordinairement d'y faire une fimple incifion; la chair repouffe quelquefois ou s'endurcit au point qu'on eft forcé d'en emporter une portion, fi on peut le faire en toute fûreté, après avoir attentivement examiné l'état de la partie, nonfeulement à la fimple vue, mais en fe fervant

(a) Dans les obfervat. de chir. liv. II. où il traite de la clôture du vagin.

Tom. IV.

B

du Speculum uteri. Si la chair revient encore, on aura foin de la reprimer avec des cathéretiques & des defficatifs, ainfi qu'avec des tentes convenables, & des canules de plomb d'une groffeur fuffifante, jufqu'à ce que la voie foit fuffifamment élargie, & les parois du vagin bien cicatrifés, fans quoi ce conduit fe reprendroit bientôt, ou fe retréciroit fi fort dérechef, que la malade & le Chirurgien perdroient également tout le fruit d'une cure qui leur a couté à tous deux tant de peine & d'ennui. Les meilleurs Auteurs à confulter fur la matière de ce chapitre font Roonhuys (a) Mauriceau (b) & Becker (c), qui y ont répandu un grand jour par leurs obfervations. Roonhuys (d) traite auffi de la manière de remédier à la clôture de l'orifice interne de la matrice. Mais comme il eft impoffible, ou du moins très-difficile , que la vue porte jufques à cet orifice, & par conféquent qu'on puiffe l'incifer avec fûreté, & plus difficile encore de le maintenir ouvert, tout accès nous étant prefque interdit à une telle profondeur, je regarde cette opération comme trop dangereuse, & par une fuite néceffaire, je tiens le mal dont il s'agit pour incurable, avec Fab. d'Aquapendente (e).

(a) Ibidem.

(b) Obf. 231. 489. 495. 583. (c) Lib. fæpius jam

fuiv. voy. auffi les pag. (d) L. C. p. 133 & (e) Pag. 280.

citato §. XXVIII. pag. 37 & 101 & 101.

fuiv.

粉

CHAPITRE CXLVIII.

De quelle manière on remédie à l'excessive

longueur du clitoris.

I.

E clitoris prend un accroiffement fi prodi- Caractère

Lieus dans certaines femmes, qu'il ref. de la maladie.

semble à la verge des hommes (a), ce qui a fait donner à ces femmes le nom d'hermaphrodites, bien qu'il ne fe trouve à cette partie ni urethre ni trou par où l'urine ou la fémence puiffent fortir. L'obftacle confidérable que l'excès de volume du clitoris apporte à l'acte du mariage, & le dégoût qu'il caufe aux deux époux, déterminent quelquefois à demander le fecours de la chirurgie pour cette incommodité. Elle est très commune, dit on, chez les Arabes & les Ægyptiens: dès que les petites filles font nées, on leur retranche ce qu'elles ont de trop à cet égard; mais cette opération se fait beaucoup plus rarement en Europe, parce que les femmes qui ont un gros clitoris, en font détournées, les unes par un motif de lubricité, les autres par la honte, & plufieurs par la crainte de la douleur.

I I.

On peut procéder à la cure de deux ma- Sa cure. nières ; 1o. par la ligature, au moyen de laquelle on fait tomber tout ce qu'il y a d'excé

(a) On peut en voir des exemples dans Tulpius, Graaf, Plater, Rhodius, Plazzoni, Panaroles, Paulli, &c.

dent dans le clitoris, comme nous l'avons expofé plus haut à propos des tumeurs tuberculeufes, & de la verge attaquée de gangrene; & 2°. par l'inftrument tranchant, ainfi que Paul d'Egine l'avoit déja pratiqué. Après qu'on a laiffé couler le fang autant qu'on le juge néceffaire, on l'arrête avec des médicamens propres à reprimer les hémorragies; on applique fur la plaie un appareil convenable, & on la conduit à cicatrice le plutôt qu'il eft poffible. Baillou dit que dans les Indes on fe fert du cautère actuel pour remédier à l'excès de longueur du clitoris.

Defcription & traitement.

CHAPITRE CXLIX.

Comment on procéde au rétranchement d'une partie des nymphes, lorfqu'elles ont pris trop d'accroiffement.

Es nymphes s'accroiffent quelquefois au point, dans les femmes, qu'elles excédent non-feulement les grandes lévres & pendent hors de la vulve, mais qu'elles gênent encore la perfonne quand elle veut marcher, s'affeoir, ou fatisfaire au devoir conjugal (a), ce qui exige qu'on y apporte quelque reméde. Pour procéder heureufement à la cure on commencera par faire coucher la femme fur le dos, & on lui écartera foigneufement les cuiffes & les grandes lévres, après quoi on prend alternativement

,

(a) Solingen dans la 20e. de fes obfervations fur les maladies des femmes, en rapporte un exemple dont lui-même a été témoin.

les deux nymphes avec les doigts de la main gauche, & on coupe de chacune avec des cizeaux qu'on tient de la main droite, ce qu'elle a de fuperflu (a). Mais comme le fang que la femme perd dans cette opération peut la faire tomber en défaillance ainfi que Mauriceau a eu occafion de l'obferver (b), il eft néceffaire que le Chirurgien ait fous la main les remédes, tant internes qu'externes, qui font propres à arrêter l'hémorragie, & à rappeller les forces. On amene enfuite très-facilement la plaie à cicatrice en la pansant avec un baume vulnéraire (c). Solingen parle dans fa 80°. observation de l'amputation des deux nymphes dont la gangrene s'étoit emparée.

Cure des tubercules, des fungus, des fics, des caroncules, & des farcomes &c. qui fe forment dans le vagin.

I

I.

L fe forme quelquefois à l'entrée ou dans la Defcription. cavité du vagin, des excroiffances charnues qui prenent naiffance de la partie antérieure, poftérieure, ou fupérieure de ce canal. Ces excroiffances font de différente nature & de différentes figures, mais le plus fouvent elles

(a) C'est ainsi que Paul d'Egine traitoit cette incommodité.

(b) Obf. 174 & 313.

(c) On lit dans Panarole ( pentecoft. 4. cbf. 3.) une cure remarquable fur le fujet dont il s'agit.