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me, ni aucun des remédes qu'on donne pour hâter l'accouchement, ne peuvent rien dans cette occafion; loin qu'ils puiffent corriger la situation vicieuse de l'enfant & la rendre naturelle, il est bien plutôt à craindre que l'enfant & la mere ne foient enfin forcés de périr, le premier, par la violente compreffion qu'il fouffre de la part de la matrice contre les os du baffin, & la feconde, par l'épuisement des forces, par une perte de fang exceffive, par la gangrene de l'uterus, par le déchirement de cette partie (a), ou qu'il ne lui refte du moins, fi elle échappe au danger, quelque incommodité considérable. On doit donc n'avoir rien de plus preffé que de tourner & de retirer l'enfant, en introduifant habilement la main dans la matrice, après l'avoir frottée auparavant avec de l'huile. On trouve d'autant plus de difficulté à tourner l'enfant, que sa situation, ainsi que celle de la matrice, font plus obliques. Les Auteurs, particulièrement ceux des derniers fiécles, ont propofé beaucoup de manœuvres pour parvenir à cette fin, mais la plupart font abfurdes, dangereufes, & ordinairement impraticables (b). Il n'y a pas de moyen

(a) Personne ne doute que la matrice ne se rompe quelquefois dans les accouchemens difficiles: j'en ai vu un exemple près d'Altorf, fur une femme de Nuremberg, & j'ai donné le détail de ce cas très-remarquable, dans ma differtation de fætu ex utero gravida mortuæ maturè excidendo, & enfuite dans les Mém. des Cur. de la Nature, tom. I. obf. 176. p. 397. Voyez aufli Piftor differt. de fætu erupto utero in abdomen prominente in-4°. Strasb. 1726; & l'hiftoire d'une rupture de matrice, obfervée & décrite à Altorf en 1736 par Singer, qui, à cette occafion, rapporte plusieurs autres exemples du même accident.

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(b) Comme par exemple, lorfqu'ils prefcrivent de

plus sûr ni plus commode pour tourner l'enfant & en délivrer la mere, fur-tout lorsqu'il se préfente fort obliquement, que d'introduire prudemment & promptement la main dans la matrice ( voy. pl. XXXIII fig. 6. 10. & 11), de chercher les pieds du fœtus, & de le tirer peu. à-peu par là, lorfqu'on les a bien faifis. C'est la régle la plus importante & la plus générale qu'on puiffe établir dans tous les cas où l'enfant eft mal fitué, & c'eft auffi celle dont nous croyons devoir recommander le plus fortement l'obfervation aux jeunes Chirurgiens. La plupart des anciens, moins habiles & certainement moins expérimentés que les modernes dans la pratique des accouchemens, veulent qu'on amene la tête de l'enfant à l'orifice de la matrice, toutes les fois qu'il préfente quelque autre partie que ce foit; mais l'étonnante conftriction de l'uterus pendant le travail, jointe à la rotondité & à la lubricité de la tête du foetus, s'oppofent prefque toujours à ce qu'on puiffe, dans un espace auffi étroit, parvenir à retourner l'enfant & à rétablir la fituation naturelle; les efforts qu'on feroit obligé de faire pour cela, ne feroient pas fans danger; on pourroit comprimer & bleffer grièvement le cerveau, un œil, ou quelqu'autre partie de la tête, en faififfant cette dernière avec la force qui feroit néceffaire pour la réduire à la position naturelle. C'eft donc un précepte ridicule, nuifible, & défavoué par l'expérience, que celui qui ordonne de retourner l'enfant de

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tourner l'enfant de façon qu'il préfente la tête comme à l'ordinaire à l'orifice de la matrice, quand il vient par les pieds, les bras, les feffes, l'épaule, le ventre, &c.

cette manière, dans tous les cas où il préfente toute autre partie que la tête ; je ne ferois pas même éloigné du fentiment de la Motte, qui, en fuppofant même qu'on pût ramener la tête de l'enfant à fa fituation naturelle, aime cependant mieux encore le tirer par les pieds (a); car il eft ordinairement plus facile & plus court de faifir ces derniers & de s'en fervir pour tirer l'enfant, que de remettre la tête dans la fitua- tion où elle doit être naturellement ; en procédant de cette façon, la femme fe trouve toutà-coup délivrée de fon fardeau & l'enfant fort communément en vie, au lieu que quand, après beaucoup de travail on eft enfin parvenu à

mettre la tête de l'enfant dans la fituation naturelle, l'accouchement n'eft pas fini pour cela, ni la femme délivrée; elle n'en eft pas plus avancée qu'au commencement, & l'on eft encore obligé, pour achever l'ouvrage, de s'en remettre à la nature, qui y trouve fouvent de grandes difficultés, fur-tout lorfque l'enfant préfente la tête un peu de côté, ou qu'il est malheureusement accroché par une épaule, ou que la femme enfin a perdu fes forces: on eft encore réduit dans ces triftes circonftances, après bien du tems & des peines perdues, à aller chercher les pieds de l'enfant, &, par furcroi d'infortune, la tête fortement comprimée par l'orifice de la matrice, empêche que la main de l'accoucheur ne puiffe parvenir jufqu'à eux, ou rend du moins la chofe extrêmement difficile. Tandis qu'on temporife, l'enfant qu'on auroit pu tirer en vie & dans toute fa vigueur,

(a) Voyez fon tr. des accouchem. liv. III. chap. 32..

périt dans la matrice ou pendant qu'on en fait l'extraction, & la femme, dont les forces s'affoibliffent toujours davantage, fubit fouvent enfuite le même fort: on eft même quelquefois obligé, pour tâcher de la fauver, d'en venir à la cruelle & dernière reffource des crochets , avec lefquels on tire l'enfant. Concluons donc qu'il vaut infiniment mieux le tirer à bonne heure par les pieds, que de s'obftiner à vouloir, par un travail pénible & fouvent infructueux, reduire la tête à la situation naturelle.

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retourner.

Avant de nous engager plus particulièrement En quels dans le détail de ce qu'il y a à faire pour re- cas il faut le tourner l'enfant & le tirer par les pieds, nous croyons devoir expofer quels font en général les principaux cas où ces opérations deviennent indifpenfablement néceffaires; elles le font 1°. dans toutes les occafions où l'enfant préfente à l'orifice de la matrice toute autre partie que la tête, & toute autre partie de la tête que le vertex, ou qu'il n'a pas la face tournée du côté du rectum (voy. dans la pl. XXIII. les fig. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. & 12.); 2°. dans tous les cas où il fort, outre la tête, quelqu'autre partie de la matrice, & fur-tout le cordon ombilical, fuppofé que la fage-femme ou l'accoucheur ne puiffent pas le faire rentrer de façon qu'il ne refforte plus par les nouvelles douleurs ; 3°. toutes les fois que l'enfant préfente à l'orifice de la matrice un côté de la tête, comme les oreilles, le vifage, le menton, l'occiput, comme on le voit fig. 8. & 9 ; 4°. quand il se présente par le dos, ou par le ventre, comme dans les fig. 5. & 7; 5°. lorfque l'enfant, quoique très- bien

fitué, fe trouve cependant trop long-tems arrêté dans le baffin, par quelqu'une des caufes dont nous avons déja parlé en partie, & que les accidens donnent lieu de craindre pour fa vie & pour celle de la mere; de ce nombre font une perte de fang exceffive, l'épuifement des forces de la femme, les convulfions & l'épilepfie. Dans toutes ces circonftances comme la mere & fon fruit font dans le danger de mort le plus imminent, on ne peut trop fe hâter de tirer l'enfant par les pieds, en faifant gliffer la main fous fon vifage, fa poitrine & son abdomen; car il eft beaucoup plus fûr & plus avantageux en pareil cas, de tirer au plutôt l'enfant de cette manière, tandis que fes forces & celles de la mere fe foutiennent, que de perdre un tems confidérable en voulant le retourner, ce qui eft prefque toujours préjudiciable à l'un & à l'autre. 6°. On fe conduira de même quand le cordon fort avant la tête de l'enfant, car fi on ne fe preffoit de le tirer par les pieds, il périroit bientôt néceffairement par la compreffion du cordon, puifque toute circulation est alors interrompue entre la mere & lui. 7°. Enfin, il faut prendre le même parti, lorsque la matrice fe trouve fituée obliquement, quoique l'enfant foit parfaitement bien difpofé, parce qu'on a communément moins de peine alors à tirer l'enfant par les pieds, qu'à remédier à cette obliquité de la matrice, & à la remettre dans sa situation naturelle, bien qu'on y réuffiffe quelquefois. Dans tous ces différens cas, & autres femblables, il vaut donc mieux, par plufieurs raifons, & particulièrement parceque tout délai feroit dangereux, accélerer l'extraction de l'enfant, que de la retarder un peu trop, com

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