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toujours regardé comme une opinion très-innocente & trèsprobable, l'erreur abfurde de la propagation des ames. Il n'y auroit néanmoins rien de plus injufte & de plus fcandaleux que d'ofer traiter d'héretique ce grand & merveilleux Docteur de l'Eglife. On voit par ces éxemples que des Evêques trèsfaints & très-fçavans peuvent ignorer quelque point de la tradition, qui aura été obscurci & enveloppé par de vaines subtilitez en leurs païs, fans qu'on puiffe donner la moindre atteinte à leur zéle pour la foi catholique. C'est l'obstination & la révolte contre l'autorité de l'Eglife qui fait les héretiques. Pour la prévention en faveur d'un dogme, qu'on croit catholique & qui ne l'eft pas, c'est une méprife qui eft arrivée aux plus fublimes & aux plus faints Doc

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teurs, comme je viens de le remarquer. Peut-on dire que je fais injure à certains Théologiens qui font peut-être prévenus contre l'infaillibilité fur les textes puifque je ne dis d'eux que ce qu'on dit tous les jours de faint Cyprien, de faint Auguftin, de faint Hilaire d'Arles, & des autres Peres de l'Eglife qu'on admire & qu'on révere le plus ?

Je dirai volontiers fur notre queftion ce que faint Augustin difoit fur celle des Rébaptifans. De Bap. Si les uns ont penfe differemment 1.1.c.18. des autres fur cette queftion fans troubler la paix..

Ibidem.

l'amour de l'unité couvroit l'erreur de l'infirmité humaine. J'ajoûterai ce que ce grand Docteur disoit de faint Cyprien, & je l'appliquerai avec refpect à tout Evêque qui feroit prévenu contre la doctrine que je foûtiens. Dieu a permis qu'il ne vit pas une vérité contenuë

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dans la tradition, afin que

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de fût édifié de voir par lui une autre vérité encore plus grande Dieu ne lui a point découvert cette vérité, dans le deffein de faire éclater fon humble pieté & fon zéle pour conferver la falutaire paix de l'Eglife.

Onziéme Objection.

M. de Cambray ne voit-il pas qu'il n'eft point néceffaire que chaque particulier qui figne, ait fait l'éxamen duLivre de Janfenius, ni qu'il ait une certitude. de ce fait ? İl fuffit que l'Eglife ait fait l'éxamen de ceLivre pour les particuliers qui n'ont pas befoin de le faire, & qu'elle ait la certitude qu'ils n'ont pas. C'eft l'Eglife qui répond devant Dieu de la fignature de ceux qui ne fignent que par pure foûmiffion & fur la parole.

Poyez notre 4. Inftruc.

185.

212

Réponse.

1. On ne peut justifier ni l'Eglife qui fait jurer, ni les particuliers qui jurent, qu'autant qu'on prouve que le ferment commandé par l'Eglise & fait Paftor. p. par les particuliers eft légitime en foi. Il est inutile de dire que l'Eglife répondra devant Dieu de ce ferment qu'elle éxige puifque c'est l'Eglife elle-même qui demeure convaincuë de tirannie par le parti, fur ce qu'elle extorque un ferment téméraire, à moins qu'on ne prouve que ce ferment n'a en foi aucune témerité. Or il eft témeraire s'il eft fait fans aucune certitude, fur une autorité incertaine. Donc en ce cas, & l'Eglife qui fait jurer, & ceux qui jurent fur fa parole incertaine font inexcufables. Il eft vrai que l'Eglife quoique faillible, pourroit croire le

Fait de Janfenius, fuppofé qu'el le en eût une évidence & une certitude réelle. Mais en ce cas elle n'eft nullement en droit d'éxiger fur ce fait la croyance & le ferment des particuliers, qui n'ont pas la même évidence ou conviction qu'elle, & qui ne doivent point jurer fur fa feule autorité, s'ils la fuppofent incertaine & capable de les tromper. D'un côté elle éxige le ferment avec injuftice, de l'autre les particuliers qui n'ont point cette évidence intime ou conviction du fait font un ferment témeraire, puifqu'ils jurent fans aucune certitude fur cette autorité capable de les tromper.

2. Il eft inutile d'alleguer la certitude, où l'Eglife croit être du fait de Jansenius. Ne fçait-on pas que l'Eglife eft de trop bonne foi pour décider jamais fur le fens d'un texte & pour vou

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