loir éxiger le ferment là deffus fi elle ne croyoit pas avoir avec certitude la vérité de fa décifion? Ileft donc vrai que toutes les fois qu'elle décide, elle croit avoir cette entiere certitude. Cependant on affûre qu'elle peut s'y tromper, & on ajoûte même qu'elle s'y trompe quelquefois, comme le parti affûre qu'elle s'eft effectivement trompée fur les textes nommez les trois Chapitres & fur les Lettres d'Honorius. Tous ceux qui difent que l'Eglife peut fe tromper fur une telle queftion, doivent donc néceffairement fuppofer, que fi l'Eglife vient à fe tromper, c'est en prenant une fauffe lueur pour une véritable lumiere, & une évidence imaginaire pour une évidence réelle. Voilà ce qu'on ne peut point s'empêcher de dire dès qu'on fuppofe que l'Eglife peut le tromper dans fa décifion..

Or en ce cas, l'Eglife allegue en vain l'évidence & la certitude qu'elle croit avoir, & qu'elle n'a point. Il eft donc inutile que l'Eglife prétende avoir cette certitude, puifque la prétention de la certitude, & la perfuafion où l'Eglife eft de l'avoir, ne nous affûre point qu'elle l'ait. Autrement il faudroit fuppofer qu'elle a la certitude toutes les fois qu'elle croit l'avoir, & ce feroit la croire infaillible dans la pratique.

3. Ce n'eft point un Pyrrho nifme, comme quelques perfonnes l'ont dit, que de fuppofer que l'Eglife, fi elle eft faillible en un point, peut s'y tromper, étant perfuadée qu'elle a une certitude pour ne s'y tromper pas. Au contraire il eft inconteftable qu'étant de bonne foi, elle ne peut jamais fe tromper autrement: c'eft ainfi que le parti dit qu'elle s'eft trompée, croyant

être affûrée de ne fe tromper pas fur les trois Chapitres & fur les Lettres d'Honorius. Il eft vrai que ce feroit un Pyrrhonisme que de prétendre que l'Eglife peut fe tromper, quand elle croit avoir une certitude fur certaines véritez, comme celles-ci. Į Deux & deux font quatre.] Le tout eft plus grand que fa partie.) Mais dès que vous féparez l'Eglife d'avec les promeffes d'infaillibilité, ce n'eft plus, comme dit faint Thomas, qu'une affemblée d'hommes qui peuvent croire avoir une certitude lorf

qu'ils ne l'ont pas, & lorfqu'ils fe trompent fur la fignification propre d'un texte, où il faut embraffer toute l'étenduë d'un fystême, en raffemblant avec patience tous les correctifs ent matiere fubtile & abftraite. En ce cas la perfuafion où l'Eglife croiroit être d'avoir une certitu

de, ne nous affureroit nullement que fa certitude fût réelle. 4. La prétenduë évidence d'une perfonne faillible ne fait point celle des autres perfonnes à qui. elle parle. Par exemple un homme, qui a la vûë beaucoup meilleure que moi, me mene fur une tour, d'où il me montre un clocher fort éloigné dans l'horison. Il m'affûre qu'il le voit très-diftinctement, & il veut que je jure que ce clocher eft effectivement à l'endroit qu'il me marque.

J'ouvre les yeux, je tâche d'appercevoir ce clocher : je ne fçaurois le découvrir, & je dis à cet homme: Vous pouvez jurer qu'il eft là, puifque vous êtes affûré que vous l'y voyez mais pour moi, qui ne l'y vois point, je n'ai garde de faire un tel ferment. Votre évidence ne fait point la mienne. J'avoue que vos yeux

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font incomparablement meilleurs que les miens les miens: mais enfin les vôtres, quoique incomparablement meilleurs Vous trompent quelquefois. Je défere à votre témoignage: je me défie de mes foibles yeux je suppose fans peine que vous diftinguez parfaitement ce que je fuis incapable d'appercevoir : mais je n'ofe jurer ni fur le témoignage de mes propres yeux qui n'apperçoivent rien, ni fur celui des vôtres qui ne font pas incapables de nous tromper tous deux. Voilà précisément ce que chacun doit dire avec respect & modeftie à l'Eglife fur le fait de Janfenius, fi elle eft faillible en ce point.

Douzième Objection.

Pourquoi M. de Cambray veut-il faire dépendre la fignature du Formulaire de la quef