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ftion douteufe & étrangere de l'infaillibilité de l'Eglife fur le fait d'un texte ? Il n'y a aucune conteftation réelle fur le fait de Janfenius. Perfonne n'accufe le Livre de cet Auteur d'enfeigner le fens outré & illufoire de la premiere des trois colomnes qui furent présentées à Innocent X. Le parti foûtient le fens de la feconde colomne, comme le fens propre de Janfenius, & comme la pure doctrine de l'Eglife. C'est ce fens foûtenu par tout le parti que l'Eglife a condamné. Il n'y a donc aucune réelle queftion de fait dans cette controverfe, & la queftion de fait n'a été inventée après coup que pour donner le change fur celle de droit.

Réponse.

1. J'avoue que le parti a voulu donner par la question de fait le change fur la queftion de droit: Mais le Clergé de France a crû

qu'il étoit capital de forcer ce dangereux retranchement, qui ferviroit aux Novateurs de tous les fiécles pour éluder fans fin tous les fymboles, tous les canons & tous les autres décrets les plus décififs. C'est ce qui a fait dire à ce Clergé, que la queftion de l'héreticité du texte de Janfenius n'eft point une question de fait où l'Eglife puiffe faillir, mais une vraye queftion de droit, & que ce prétendu fait eft déclaré par l'Eglife avec la même autorité infaillible qu'elle juge de la foi. Voilà ce que le Clergé de France a crû qu'il étoit effentiel de foûtenir contre le parti, pour couper jufqu'à la racine du mal. Oferoit-on dire que le Clergé a excedé, qu'il a pris le change, & qu'il a fait mal à propos dépendre la fignature d'une queftion douteufe & étrangere ? On ne peut me blâmer qu'après avoir con

a

damné

damné ces grandes Affemblées du Clergé de France, puisque je n'ai fait que répeter leurs propres paroles.

2. Ce Clergé a eû fans doute raifon d'établir que l'Eglife eft infaillible, en vertu des promeffes, fur la fignification des textes qui confervent ou qui corrompent le dépôt de la foi, parce que l'interprétation d'un texte eft le fondement effentiel de fa qualification, & qu'autrement la question de fait fur la fignification d'un texte éluderoit fans ceffe toutes les décifions de droit fur la catholicité ou héreticité de ce texte, jusques dans les canons des Conciles. La tradition même,difoit ce Clergé,confifte en fait, & fi l'Eglife n'étoit pas infaillible pour juger de ces faits innombrables de textes de tous les fiécles, qui compofent le corps de la tradition, il arriveH

roit que toutes les véritez chrétiennes feroient dans le doute & l'incertitude, qui eft opposée à la vérité conftante & immobile de la foi. Le Clergé de France a jugé qu'il étoit encore plus capital de foutenir contre le parti cette vérité fondamentale, fans laquelle toutes les Sectes fe jouëroient de toutes les décisions jufqu'à la fin des fiécles, que de défendre les cinq dogmes de foi oppofez aux cinq herefies de Janfenius. Ai-je tort de marcher fur les traces de ces grandes Assemblées qui ont reçu tant de marques de l'approbation du Siege Apostolique?

3. Il eft vrai qu'on n'auroit pas befoin d'éxaminer pour la préfente controverfe, fi l'Eglife eft infaillible ou non fur les queftions que le parti nomme de fait, fuppofé qu'il n'y eût dans cette controverfe aucune de ces

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fortes de queftions, ni réelle ni prétendue par nos adverfaires. Mais il y a dans cette controverse une prétenduë question de fait, que le parti a renduë spécieuse & éblouiffante. Si vous abandonnez l'autorité infaillible en ce point vous ne pouvez plus difputer contre le parti que d'égal à égal fur de prétendues évidences de part & d'autre, pour fçavoir fi la queftion de fait eft réelle ou non. J'avouë que c'est un bon procez, où vos preuves feront folides & concluantes, mais ce fera un procez fans fin, parce que vous n'aurez aucun Juge infaillible qui finiffe la caufe & qui faffe taire la raison humaine. Vous aurez beau dire qu'il n'y a aucune queftion réelle de fait. Le parti obfcurcira vos preuves par des raifonnemens captieux qui impoferont à un grand nombre de Lecteurs. La difcuffion enfera lon

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