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Juftif. du

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gue & épineufe: peude gens la fe ront. Cependant chacun fe croira en plein droit de fuivre sa raifon, c'est-à-dire fes préjugez, dans une matiére où l'on manquera d'autorité fuperieure à la raifon pour la foûmettre. Pendant cette conteftation, qui partagera les efprits jufqu'à la fin des fiécles, le fcandale croîtra toujours. Ceft ce que le parti reconnoît lui-même, en difant: Qu'on s'imagine tout ce qu'on voudra pour donner un appui au Formulaire, on ne le trouvera jamais Ibidem. que dans l'infaillibilité de l'Eglife. Le parti ajoute, que fi on n'éta blit point cette autorité, la fuffifance du filence refpectueux demeu-. rera démontrée, quelques Bulles, quelques Mandemens qu'on public. En effet le parti difputera fans fin fur des questions de grammaire & de critique, non feulement pour le texte de Janfenius, mais

lence. P.

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encore pour ceux de tous les dé crets de l'Eglife, tandis qu'on ne fuppofera point, comme le fondement de tout, que l'Eglife ne fe peut tromper fur la valeur précise des termes dont elle juge, & de ceux qui compofent fon jugement. Le parti femble lui-même demander cette autorité infaillible pour finir la difpute, & il eft en ce point d'accord avec les actes folemnels du Clergé de France. Ai-je tort de m'attacher à ce que le Clergé & le parti même ont regardé comme l'unique remede pour finir la dispute ?

4. Il y a même en un certain fens une efpece de queftion de fait apparente. Il eft vrai que les adverfaires de Janfenius n'ont attaqué dans fon Livre, & que fes difciples n'y ont défendu que le feul fyftême de la délectation inévitable & invincible au libre

arbitre, & par conféquent qu'il n'ya jamais eu aucune réelle queftion de fait pour fçavoir quel eft le fens propre & naturel du texte de Janfenius. Mais on ne fçauroit nier qu'il n'y ait une apparence captieufe de queftion de fait pour fçavoir fi l'Eglifea voulu condamner dans le Livre de Janfenius le fens de la premiere des trois colomnes présentées à Innocent X. ou le fens de la feconde colomne. Le parti foûtient que l'Eglife ne peut avoir voulu condamner que le fens de la premiere colomne, parce que le fens de la feconde eft la pure doctrine de S. Auguftin qu'elle a adoptée depuis tant de fiécles. Le parti ajoûte que l'Eglife a attribué le fens de la premiere colomne au texte de Janfenius quoiqu'il ne s'y trouve point parce qu'elle s'eft trompée fur la fignification de ce texte.

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Les raifons qu'on allegue pour réfuter cette prétention du parti, montrent très-folidement que ce n'eft qu'une pure chicane. Mais enfin cette chicane durera fans fin, fi on ne procede que par raisonnement humain. Ce qui coupe en un moment jufqu'à la racine de cette fcandaleufe difpute, eft de dire en deux mots au parti: L'Eglise est infaillible pour juger de la fignification des textes qui peuvent conferver ou corrompre le dépôt de la foi. Donc elle ne peut point attribuer au texte de Janfenius le fens outré & chimerique de la premiere des trois colomnes, qui de votre propre aveu n'eft pas le vrai fens de ce texte. Donc elle n'a pû lui attribuer que le fens de la délectation inevitable & invincible au libre arbitre, qui felon le confentement unanime de vous & de vos advert ires, eft le

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feul véritable fens de ce Livre.
Enfin l'Eglife étant infaillible fur
les textes, il faut
que tous les
fideles difent du texte long de
Janfenius condamné par cinq
Conftitutions
ce qu'ils difent
d'un texte court qui eft condam-
né dans un canon. Point de quef-
tion de fait fur les canons, dit l'Au-
teur de la fuftification: Il faut dire
de même: Point de queftion de fait
fur la condamnation du texte de
Janfenius autrement tout de-
meure en l'air. Une question de
fait prétendue produit le même
effet qu'une queftion de fait réel-
le. Elle nous réduit à proceder
par raisonnement & fans fin. Elle
dégrade l'Eglife en la faisant for-
tir des bornes de fon infaillibili
té, à moins qu'elle ne foit recon-
nuë infaillible même pour le fait
prétendu.

Treizične

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