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Régle que D. Lancelot devoit ainfi expliquer; car on ne fçauroit trop repeter pour se rendre intelligible dans ce qu'on dit, fur tout lorfqu'il s'agit de principe; il ne devoit donc pas renfermer la régle de l'h aspirée, dans cette autre de l'h muette ou non afpirée, qu'il nous donne, & qu'il a conçue en ces termes: C'est une faute, dit-il, dans les Vers de mettre une autre voyelle qu'un e muet, &c.

EXEMPLE.

Le vrai honneur eft de n'étre qu'à Dieu.

Cette régle n'est pas moins vraie que celle qu'il donne enfuite, à la diftinction près qu'il devoit faire de l'e feminin, précedé d'une voyelle, d'avec celui qui ne l'eft pas; quand il dit, en parlant de l'h afpirée, qu'elle tient lieu de confonne ; & qu'ainfi l'e feminin ne fe mange point devant elle, comme

Mais que les Philiftins difent à notre honte.

Et encore, comme l'a dit feu M. de Lomenie dans une de fes Odes,

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Le Ca-pre Ho-landois, &c.

Il avoit mis d'abord le Pirate Holandais, en mangeant l'e de Pirate; mais M. de la Fontaine l'en reprit, & il mit le Capre qui eft le mot du pays, dont il s'avifa par bonheur. Ce qui montre qu'il faut donc dire,

La Holande n'eft pas facile à conquérir, Au lieu qu'on ne peut dire,

La conquête d'Holande eft un peu mal-aisée ;

Comme l'a dit pourtant un de nos Poétes, & croyoit bien faire.

Cela fuffit pour l'h aspirée, ou non afpirée.

La feconde chofe à obferver, » (& ceci eft de notre Auteur) eft, que » ce concours de voyelles fe juge par la prononciation, & non pas

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l'écriture. Ainsi, parceque la con- « jonction Et n'a reçu le t du Latin, « que dans l'écriture, & que le z ne « fe prononce point du tout; on ne «< la peut point mettre dans les Vers «< avant les mots qui commencent « par des voyelles, ni dire,

Qui fert et aime Dieu poffede toutes chofes,

ce

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D'où, dit-il, l'on peut conclure « en paffant, que l'Auteur des Re. « marques fur la Langue Françoife, dit que l'r des Infinitif, aimer, « enflamer, ne fe prononce point, « cela ne fe doit entendre que dans « la Profe, & lorsque le mot qui fuit « commence par une confonne. Au- « trement on ne pourroit mettre « en Vers ces Infinitifs avant des « mots qui commencent par des « voyelles. Ces beaux Vers de M. « l'Evêque de Graffe ne le feroient «< pas fi cela étoit.

EXEMPLE.

Pour s'affranchir de fervitude,

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Et plonger Holopherne aux éternelles nuits,

Et cet autre encore,

Il ne peut

commander à son défir nouveau,

Et en un autre endroit,

L'aimer & le fervir foient nos uniques foins,

Tous ces Vers, continue D. Lan» celot, ne feroient pas fupporta»bles, s'il falloit prononcer ces Infinitifs, plonger, commander, aimer, & comme fi il y avoit plon

» fans r,

دو

»gé, commandé, aimé.

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On peut ajoûter à cela, remar"que-t-il encore, qu'il y a de cer»tains mots en r, comme cher, ro» cher, que l'on rime avec ces Infinitifs en r. Malherbe rime cher » avec chercher.

EXEMPLE.

Non qu'il ne me foit grief que la tombe poffede Ce qui me fut fi cher ;

Mais en un accident qui n'a point de remede, Il n'en faut point chercher,

Or, conclut-il enfin, s'il falloit prononcer cherché, comment pourroitil rimer avec cher ? dira-t-on ché pour cher.

OBSERVATION,

Mauvaise conclufion: mauvais raisonnement; car cher & chercher riment auffi mal que mer & aimer, aux oreilles de ceux qui prononcene bien; cependant il n'eft pas le feul qui foit de ce fentiment, & qui croye que cher peut rimer avec chercher. La plupart de ceux qui ont donné des Régles de la Verfification, ont dit la même chofe que lui. M. de la Croix dans fon Art de la Poéfie Françoife & Latine, eft auffi tombé dans cette erreur. Il y a, dit-il, certains mots en er, comme cher & rocher, &c. qui riment avec les Infinitifs de la prémiere conjugaison. Il rapporte enfuite l'exemple de Malherbe, que notre Auteur vient de citer.

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