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dans un Ordre, où l'observance régulie-
re eft encore dans fa vigueur, le gros de
la Communauté eft de ceux qui tendent
à la perfection, & le refte comprend
quelques parfaits, peu de tiedes
très-peu de méchans.

,

&

On peut faire icy une remarque fort confiderable. C'eft qu'un Ordre Religieux penche à fa décadence, quand le nombre des tiedes commence à égaler celuy des fervens, je veux dire de ceux qui tâchent de jour en jour de faire de nouveaux progrès dans l'oraifon, dans le recueillement, dans la mortification, dans la pureté de confcience, dans l'humilité. Car ceux qui n'ont pas ce foinlà, bien qu'ils fe gardent du peché mortel, doivent paffer pour tiedes, en corrompent beaucoup d'autres, nuifent extrêmement à tout le corps, & font euxmêmes en danger, ou de ne pas perfeverer dans leur vocation, ou de tomber dans un orgueil interieur, ou dans de grands defordres.

Le devoir des Superieurs dans les Maisons religieufes, eft de faire en forte, tant par leurs bons exemples, que par leurs exhortations, par leurs entretiens particuliers, & par leurs prieres, que leurs inferieurs fe maintiennent dans le rang des fervens, qui tendent à la per

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fection, autrement ils en porteront euxmêmes la peine, & une peine terrible.

Il y a quatre chofes préjudiciables à la vie fpirituelle, & fur lefquelles fe fondent les méchantes maximes qui fe gliffent dans les faintes Communautés. 1. L'eftime des talens naturels, & des qualités purement humaines. 2. Le foin de fe faire des amis par des vûës humaines. 3. Une conduite politique, & qui ne fuit que la prudence humaine, un efprit rufé, & contraire à la fimplicité évangelique. 4. Les recreations fuperfluës que l'ame cherche, ou dans les entretiens & les lectures, qui donnent à l'efprit une fatisfaction toute naturelle.

Les trois convoitifes du monde fe trouvent aisément dans les Religions même bien réglées. 1. L'ambition, par le defir d'être avancé dans les Charges, & dans les emplois éclatans. 2. L'avarice, par le defir d'acquerir, & d'accumuler des fciences. 3. La convoitise de la chair, par le defir des aifes, & des commodités du corps, & par la fenfua

lité.

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De l'efprit de la Compagnie de Jefus. 'Esprit de nôtre Compagnie eft uneparticipation de celuy de J. C. & confifte particulierement en ce que la Compagnie fe réfere à luy comme un Corps qui luy eft fpecialement affecté.. Voilà pourquoy elle s'appelle Compagnie de JESUS.

Saint Ignace qui veut que l'obeïffance foit la marque par laquelle fes enfans foient diftingués des autres Religieux, leur recommande de n'avoir point égard aux qualités perfonnelles de leur Superieur,mais de confiderer en luy N. S. J.C. dont le Superieur tient la place, & pour L'amour duquel ils luy obeissent. C'est là l'efprit de la Compagnie, & une excellente maniere de prefence de Dieu.

Le même Saint, pour la même raifon, a voulu lier la Compagnie par un vœu exprès au Souverain Pontife, comme à la perfonne du monde qui reprefente le mieux JESUS-CHRIST, étant fon Vicaire fur la terre.

Nôtre efprit doit imiter celuy de Jesus, en ce que comme JESUS étoit compofé de deux natures, l'une divine, & l'autre humaine: de même nôtre efprit par rap

port aux deux natures de Jesus, eft compofé de deux natures, du divin, & de l'humain ; de l'interieur, & de l'exterieur. J. C. felon l'exterieur, paroiffoir Implement homme comme les autres, & dans l'interieur il étoit uni à Dieu hypoftatiquement. Ainfi nous devons être au dehors, femblables aux autres par une vie commune: & au dedans être unis à Dieu par attention, & par amour. Nous fommes obligés de nous occuper aux fonctions de zele & de charité envers le prochain; & pour cela nous devons avoir de grandes indufwies & de grandes vertus. Voilà l'exterieur de nôtre efprit. L'interieur eft d'être poffedés de Dieu, & d'avoir dans l'ame une fainte difpofition, qui influë en tout ce que nous faifans au dehors, & qui l'anime.

Deux chofes forment nôrre efprit interieur. 1. Une grande abnegation & un grand mépris du monde. 2. Une grande fcience des chofes fpirituelles; un goûr de Dieu, une grande oraifon, une dépendance du S. Efprit, une liberté de cœur, & un zele ardent.

Pour former l'efprit exterieur, il faut avoir une grande obeïffance, une gran de force dans les travaux, une grande prudence dans la converfation.

Le rapport de nôtre efprit à celuy de J. C. confifte à joindre ensemble des chofes contraires en apparence, comme la science & l'humilité, la jeuneffe & la chafteté; la diverfité des nations, & une parfaite charité, &c. de même que nôtre Seigneur allioit en fa perfonne la divinité avec l'humanité; l'immortalité avec une vie mortelle; le fouverain domaine avec l'état de ferviteur, &c. En même temps qu'il gouvernoit tout l'univers, il converfoit familierement avec les pécheurs. Ainfi nous devons être difpofés à faire des actions très-hautes puis d'autres très-baffes. C'est là l'efprit de la Compagnie.

Le dernier point de la plus haute perfection dans ce monde eft le zele des ames. Pour former ce zele, il faut un certain temperament, qui ne fe rencontre qu'avec peine, & qui réfulte du mélange de chofes contraires. Il faut, par exemple, mêler dans nôtre vie une grande affection aux chofes furnaturelles avec l'étude des fciences, & avec d'autres occupations naturelles or il eft fort aifé de fe jetter trop d'un côté. On peut avoir trop de paflion pour les fciences, & négliger l'oraifon, & les chofes fpirituelles: ou fi l'on veut être un homme fpirituel, on peut ne pas

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