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§. V.

Quelqu'un dira: Je ne puis me perfuader, que je fois plus grand pecheur, que les autres. Si je romps une regle, j'en vois d'autres qui en rompent plufieurs : fi je fais certaines fautes, j'en vois d'autres qui en font de plus grieves.

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La difficulté que nous trouvons à avoir cet humble fentiment de nous mêmes vient de ce que nous ne fommes encore gueres fpirituels. Nous l'aurons quand nous ferons plus avancés. Il y a dans les arts, & dans les fciences, des fecrets qui ne font connus que des Maîtres. Ainfi dans la science de l'efprit, qui est la plus excellente de toutes, étant purement furnaturelle, il y a des maximes, dont la connoiffance n'appartient qu'aux Saints, qui font les Docteurs en cette divine fcience. Un faint François d'Affife, un faint François de Borgia étoient d'excellens maîtres en humilité. Ils s'eftimoient les plus grands pecheurs du monde, non point par maniere de parler, mais fincerement & du fond du cœur. Leur efprit étoit perfuadé de ce qu'ils difoient de bouche.

ARTICLE IV.

De l'amour des croix.

S. L.

Aint Ignace le Martyr avoit l'amour des croix, & de l'anéantiffement fi avant dans le cœur, qu'étant condamné à être dévoré des bêtes dans l'amphitheâtre, il defiroit que les lions, après avoir déchiré en pieces fon corps, confumaffent encore fes os ; & qu'il ne restât rien de l'holocaufte, qu'il avoit confacré à Dieu pour être fon digne disciple. Il s'eftimoit heureux, s'il pouvoit être anéanti dans les peines, de telle forte, qu'il ne parût plus rien de fon corps aux yeux du monde. Le monde, dit-il, ne verra plus mon corps; il triomphe de joie dans cette pensée.

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§. 11.

Comme N. S. n'a fait la rédemption du monde,que par fa croix, par fa mort,. par l'effufion de fon Sang, & non par fes miracles, ni par fes prédications :: de même les Ouvriers Evangeliques ne font l'application de la grace de la rédemption, que par leurs croix, & parLes perfecutions qu'ils fouffrent. De forte qu'on ne doit pas efperer grand fruit de leurs emplois, s'ils ne font accompagnés de traverfes, de calomnies, d'in

jures, & de fouffrances. Quelques-uns croyent faire des merveilles, parce qu'ils ont des fermons forts, bien compofés, bien préparés, prononcés avec grace; & qu'ils ont la vogue, qu'ils font bien venus par tout. Ils fe trompent ; les moyens fur quoi ils s'appuyent, ne font pas ceux dont Dieu fe fert pour faire de grandes chofes. Il faut des croix pour procurer le falut du monde. C'eft par la voye des croix, que Dieu mene ceux qu'il employe à fauver les ames, les Apôtres, & les hommes apostoliques, un S. Xavier, un S. Ignace, un S. Vincent Ferrier, un S. Dominique.

"S. III.

L

Il ne faut pas confiderer nos croix & nos afflictions comme des maux, qui nous font fouffrir, ni comme des mortifications, qui nous ravalent aux yeux du *monde: mais nous les devons regarder,. 'à l'exemple de N. S. dans les deffeins. ⚫éternels de Dieu, dans les ordres de fa "providence, & dans les vûës de fon amour envers nous; dans le cœur de JJC. qui les a choifies pour nous, & qui nous les préfente comme la matie⚫re des couronnes, qu'il nous prepare, & comme une épreuve de nôtre vertu, & de nôtre fidelité à fon fervice.

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§. IV.

› comme

Dans les commencemens de la vie fpirituelle, il ne faut pas encore demander à Dieu de fouffrir: il faut penfer à bien purger fa confcience, s'adonner à la pureté de cœur, à la connoiffance de fon interieur, & au recueillement. De là on monte à la paix de l'ame, puis à la communication avec Dieu : enfuite aux vertus infuses, & enfin aux dons du S. Efprit. Alors Dieu infpire fes deffeins & fes volontés, & mene les uns par les travaux, comme faint François Xavier; d'autres par les fouffrances fainte Liduvine; d'autres par des traverfes, & des perfecutions, comme S. Ignace mais de nous-mêmes, nous ne devons faire aucun choix particulier autrement nous ferions toûjours en trouble, n'ayant pas encore une vertu à l'épreuve des croix ; & ce feroit entreprendre de porter un fardeau de un fardeau de geant fans en avoir la force. Mais quand nous entrerons par la vocation de Dieu, dans des états laborieux, penibles, humilians, alors ni les travaux ne nous accableront, ni les perfecutions ne nous troubleront, & fouvent même de grandes. aufterités ne ruineront pas nôtre fanté..

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D

SECTION II.

De la perfection propre de la Compagnie

de JESU s.

CHAPITRE

I.

En quoy confifte la perfection propre de cette Compagnie.

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De la fin, & de l'inftitut de la Compar gnie de Jesus, & des moyens d'y parvenir.

§. I.

Teu le pera a donné

Teu le Pere a donné la Compagnie

De

de JESUS à fon Fils pour l'aimer, & pour l'honorer ; & nôtre Inftitut imite & honore toutes les parties de la vie de J. C. que fi quelques-uns manquent à ce devoir, c'eft leur faute particuliere, & non pas celle de l'Inftitut.

Comme la fin de nôtre Compagnie est fi excellente & fi fublime qu'elle ne le peut être davantage, étant la même, que celle du Fils de Dieu fur la terre, les moyens en font auffi très-excellens, puifque nôtre Institut embraffe tout ce qu'il y en a de furnaturels, comme l'Oraison, les Sacremens, la Prédication ; & tous les naturels, comme les talens, l'efprit, les fciences, & la maniere de les

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