SCENE I I. SALOME, THIRRON, PHEDIME. SALOME. vous ici, Thieron Vous ramene en des lieux qui bleffoient votre vûe? THIRR ON. Je l'avouerai, Madame ; & ces auguftes lieux Ainfi depuis long-temps à fon fort enchaînée, THIRRO N. Un tel nom, je l'avoue, excite ma furprise; Je n'ai point cru par-là qu'on me pût outrager: SALOM.E. Où tendent ces difcours quelle eft cette menace? THIRRON. C'est à toi de trembler contre toi dans ces lieux Tu me revois chargé d'un fecret odieux. A part. SCENE III. ALEXANDRE, THIRRON. ALEXANDRE. E St-ce-vous, cher Thirron, que le Ciel me rene voye ? Témoin de mes malheurs foyez-le de ma joye. Sans crainte, & fans relâche attaché fur mes pas, A mes juftes tranfports daignez ouvrir vos bras. THIRRON. Honorez moins, Seigneur, le zéle qui m'anime, Mon devoir fur vos pas m'appelle dans Solime. Heureux! fi j'y pouvois, aux depens de mes jours, Du deftin qui vous rit éternifer le cours. ALEXANDRE. Ignorez-vous quel fort mon pere me prépare? 7 Si vous fçaviez, Thirron, avec quelle tendreffe, Il perd en la voyant des tranfports furieux, Je vous en crois, Seigneur : mais eft-il encor temps ALEXANDRE.. Ah ! j'entens. De la Reine, il eft vrai, la mort n'eft point vengée. Par les foins de l'amour la nature outragée De mon reffentiment v eut de plus prompts efforts, Et pour un feul trépas demande mille morts. O vous, témoins muets d'une injufte colere, Marbres que fouille encor le meurtre de ma mere, Combien votre afpect feul agite mes esprits! Er vous, Manes plaintifs, interrompez vos cris,. Puifqu'avec mon devoir tout eft d'intelligence. Oui, Thirron, cet hymen affure ma vengeance; Par là mille fecours s'offrent à mon courroux; Vos vœux bientôt contens. . . ༡ THIRRON. Prince, que dites-vous? De quel effroi votre ame eft-elle prévenuë?! Salome, je le vois, ne vous eft point connuë: " Soupçonneux, inquiet, jaloux du Diadême; La vertu, dont le crime a pû gagner l'appui, Votre hymen qui s'approche irrite fon courroux; Et que peut contre moi la fureur de Salome, THIRRON. Et c'eft là, Seigneur, ce qui vous perd. C'eft peu que dans ce jour fa prudence funefte Du fang Afmonéen poursuive en vous le refte; De mon retour encor dans ces terribles lieux, Tous les motifs fecrets n'ont point frapé vos yeux. Il faut vous en inftruire. Enfin votre ennemie ALEXANDRE, faire Elle fçait pour vous ce que Rome peut Ah! plûtôt elle-même elle affure fa perte. Le Roi.... THIRRON. N'en doutez point, je fçaurai lui parler. Mais lorsque je me livre au zéle qui m'enflame, Que vos juftes tranfports s'enferment dans votre ame Sur mes foins quelque temps il faut vous repofer; Contraignez-vous encor, c'eft à moi feul d'ofer. La verité, Seigneur, dans ces lieux ignorée, S'y montre, ou rarement, ou trop defigurée. Je fçai qu'autour du Roi fans ceffe eft répandu Un tas de vils flatteurs à la faveur vendu; Que Salome écoutant fa haine & fa vengeance. Par lui contre lui-même exerce une puiilance Dont les moyens divers, avec art recherchez, Sont autant d'attentats fous d'autres noms cachez. Mais fur la vertu feule un grand cœur fe repofe, Il parle fans contrainte, & quoi que nous oppofe L |