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Dans l'efpoir qui me flatte encor plus raffurée,
Quelle tendre amitié ne m'a-t'il point jurée ?
Je vous l'avcurai même avec quelque pudeur,
Il me fembloit fortir de fa fiere grandeur.
Vingt fois m'envisageant d'un regard moins farouche,
Le nom de Mariamme eft forti de fa bouche.

Non, jamais dans fes bras, par des transports plus

doux,

Lui-même Archelaus....

ALEXANDRE.

Ah! que me dites-vous?
Je ne m'étonne point que l'éclat de vos charmes
Porte dans les efprits le trouble & les alarmes:
Que d'un cœur agité fufpendant les erreurs,
Par vous l'amour triomphe où regnoient les fureurs:
Mais que prêt à jouir du bonheur que j'efpere,

Je ne trouve à mes vœux d'obstacle que mon pere;
Qu'une ardeur....

GLAPHIRA.

Achevez, expliquez-vous, Seigneur,

Quels obftacles oppofe Herode....

ALEXANDRE.

quelle ardeur....

Hé quoi; vous l'ignorez lorfque tout la déclare!
C'eft par là qu'à mes yeux il s'eft rendu fi rare ;
Que l'effet a trahi tous fes embraffemens;
Que ces lieux ont perdu ces triftes ornemens,
Par qui de fa douleur s'exprimoient les atteintes;
Qu'on n'entend plus le Ciel retentir de fes plaintes;
Que de l'âge avec art réparant les débris,
Il déguife ce front chargé d'ans & d'ennuis.
Dans les divins appas dont vous êtes remplie,
Il croit voir Mariamne... ou plûtôt il l'oublie.
Dans la clarté du jour, dans l'ombre de la nuit,
Une image plus douce & le frape & le fuit....
GLAPHIR A.

Ciel! j'ai pu me prêter aux tranfports de fon ame!

Moi-même jufques-là j'aurois trahi ma flâme!
ALEXANDRE.
'Ah! Madame, je fçai que jufques à ce jour
Le fort qui me pourfuit refpecta votre amour;
Qu'il n'ofa rien tenter contre un cœur fi fidele.
Mais allons, couronnons une flâme fi belle;
Qu'Herode contre nous arme en vain sa fureur,
Le Ciel ouvre un azyle à nos pas..

GLAPHIRA.

...

Non, Seigneur,
De vos perfécuteurs j'entrevois l'artifice.

De leurs cruels deffeins c'eft me rendre complice :
Je ne partirai point; je demeure en ces lieux.
Laiffez-moi pénétrer un myftere odieux;
Laiffez-moi voir le Roi. ...

ALEXANDRE.

Vous, le revoir encore?
Que vous-même, attifant le feu qui le dévore,
En proye à fes regards vous alliez vous offrir?
GLAPHIRA.

Ah! ceffez un difcours que je ne puis fouffrir.
Alexandre oubliant fa gloire & fa vengeance,
Avec les ennemis eft-il d'intelligence?

!

Vos foupçons combattant les devoirs les plus faints,
Trahiffent notre amour, & fervent leurs deffeins.
Hérode vous chérit, & lui-même eft à plaindre.
Ce font vos ennemis,c'eft vous feul qu'il faut craindre..
Moderez un transport sujet au repentir :
C'eft en vain que vos cris me preffent de partir.
ALEXANDRE.

O Ciel! quel mouvement s'empare de mon ame!
A partir avec moi vous balancez, Madame!
Quoi, d'Hérode vous-même appuyriez l'attentat!
Et je pourrois penfer!...

GLAPHIRA.

Ah! c'en eft trop, ingrat,

D'un injufte tranfport votre ame combattue,
Répand jufques fur moi le poifon qui la tuë!
Sans plus examiner quel eft votre courroux
Je ne balance point à me perdre avec voùs.
ALEXANDRE.

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A vous perdre, Madame ! Et quelle eft votre crainte?
De quel foupçon votre ame eft-elle donc atteinte?
Non, il n'eft de péril pour vous qu'en ce féjour..
Vous fuyez en partant une odieufe Cour,
Une femme perfide, un Prince fanguinaire;
Vous fuivez un époux, & vous cherchez un pere
Sur tant de droits facrez ofez vous repofer.
Philon pour le départ fçaura tout difpofer:
Sa foi vous eft connue, & ce n'eft qu'à fon zéle
Que de tous mes malheurs je dois l'avis fidele.
Je cours le joindre. Et vous, dans votre appartement
Allez d'un prompt départ attendre le moment.

Fin du troifiéme Alte.

ACTE IV.

SCENE I.

GLAPHIRA PHENICE.

,

PHENICE.

DU trouble de vos fens quelle eft la violence?

23

Quoi, Madame, tout cede à votre impatience! Mille foins différens auront pû retenir Un amant fur fes pas ardent à revenir.

GLAPHIRA.

Helas! chaque moment chaffe une autre penfée.
Entouré d'ennemis, dois-je croire infenfée
Qu'avidemment conçu dans fes jaloux transports
Le projet de fa fuite échape à leurs efforts?"
Malheureuse! où porter l'ennui qui te dévore?
Phénice, tu le vois, il ne vient point encore.
On l'a trahi fans doute ; il n'a dans fes malheurs
Que le fang de fa mere; il n'a plus que mes pleurs.
Que dis-je? l'un & l'autre ont caufe fa mifere.
Hélas! tu me flattois de l'amitié du pere.
Quelle étoit ton erreur? ah! périffe le jour
Qu'il a pris dans mes yeux un détestable amour.
Dans une Cour fertile en fanglantes difgraces,
De la foi d'Ifraël où retrouver les traces?
An pouvoir de Salome ici tout eft vendu :
Mais quelque efpoir s'éleve en mon cœur éperdu.
C'eft le fang de Juda que flattent tant d'Oracles.
O Ciel! en fa faveur tu dois quelques miracles.
Peut-être de mes cris ton courroux irrité...

SCENE II.

ANTIPATER, GLAPHIRA,

MAdam

PHENICE.

ANTIPATER.

Adame, je vous plains, le Prince eft arrêté.

GLAPHIR A.

Qu'entens-je ? jufte Ciel!

ANTIPATER.

Une lettre surprise,

Madame, a révelé fa coupable entreprise.
Le Roi fçait tout enfin : mais fon cœur combattu,
S'il va punir le crime, épargne la vertu.
A l'hymen de fon fils dès long-temps deftinée,
Il vous a cru par lui lâchement entraînée.
Il fçait que les complots par fa main apprêtez
N'ont pû de votre cœur obtenir....

GLAPHIRA.

Arrêtez.

Ne me dérobez point la gloire de mon crime;
C'eft fur moi que retombe un courroux légitime.
S'il fuit; il m'obéit: c'eft moi qui dans fon fein,
Abufant de fes feux, en ai mis le deffein.
Il n'a fait que fervir la haine qui me preffe:
Seule contre un Tyran j'animai fa tendreffe;
Son devoir l'arrêtoit; & fon amour plus fort....
ANTIPATER.

Pour lui de votre cœur quel eft le noble effort?
Pour le justifier vous vous faites coupable;
Vous détournez fur vous un courroux implacable,
Jaloufe du forfait & de fes châtimens,

Ah! qu'il mérite peu ces nobles fentimens !

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