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Faites fi bien du moins, par une autre conduite,
Que je ne puiffe point un jour lui reprocher
Lepardon que fes pleurs viennent de m'arracher.

ALEXANDRE.

Ainfi, Seigneur, fes pleurs ont lavé mon injure
Ils ont plus fait fur vous que n'a fait la nature?
Du fang en ma faveur les droits mal écoutez.....

HERODE.

Sçavez-vous les efforts que vous m'avez coûtez?
Je vous pardonne, ingrat. A moi-même contraire,
Mon cœur a fait pour vous plus qu'il ne devoit faire.
Qu'attendiez-vous encor ? Vous vivez, il fuffit.
ALEXANDRE.

Ah! fi votre bonté jufques-là vous trahit,
Reprenez, j'y confens, une grace funefte
Et ne me laiffez point un bien que je déteste:
La mort m'affranchira d'un trouble trop preffant;
Souffrez du moins, fouffrez que je meure innocent.
HERODE.

Ah! perfide, eft-ce ainfi que ma bonté te touche?
Ton falut accordé tetrouve plus farouche!
Oui, fous ces vains dépits que tu me laiffes voir,
Tu caches de ton cœur l'orgueilleux défefpoir.
C'eft la foif de mon fang, cruel, qui te dévore:
Crois-tu qu'en ta faveur on me furprenne encore
Que l'on puiffe à mes yeux déguifer ta fureur?
Non, ne t'en flatte plus, ingrat.....

ALEXANDRE.

Si vous tranchez més jours gloire.

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Du moins, Seigneur,

n'offenfez point ma

Ne chargez point mon nom d'une indigne memoire
D'un foin bien different mon coeur eft combattu
Et m'en juftifier c'eft fouiller ma vertu.

Je ne vous dis plus rien: fuivez votre colére
Condamnez votre fils à rejoindre fa mere;

Ce qu'a lié le fang s'unira par la mort.
Je mourrai plus content de partager fon fort,
D'un aveugle tranfport, comme elle, la victime,
Que de voir, aux dépens d'un amour légitime,
Mes déplorables jours indignement fauvez.
Prêt à bénir la main.......

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LE peuple en tumulte s'avance;

Et de fa part Thirron vous demande audience

HERODE.

Thirron!

ALEXANDRE.

Ciel !

ACHAS.

Je ne fçai quel deffein le conduit.
HER ODE à Alexandre.

De tes fauffes vertus, traître, voilà le fruit.
Mais de vos attentats vous-mêmes les victimes.....

ALEXANDRE. en fortant.

Vous allez être inftruït, Seigneur, de tous mes crimes HERO DE.

Il vient. Quoi, jufqu'ici brave-t'ilmon courroux? Ciel!

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HERODE.

Que prétens-tu, perfide? & que viens-tu me dire ?
THIRRON.

Co que de ton honneur l'interêt feul m'infpire.
Tantôt, pour te parler, je venois dans ces lieux :
Mais Salome bientôt m'a fouftrait à tes yeux.
Chargé d'indignes fers, la main qui l'a fervie;
Sans un puiffant fecours m'alloit ôter la vie.
Ses complots avec moi, dans l'ombre enfevelis.....

HERODE.

Et qui t'a pu fauver?

THIRRON. Antipater ton fils. Inftruit de fes deffeins, trompé, trahi par elle Il a de l'innocence embraffé la querelle. Tu me connois, Hérode, & ton cœur combattu Autant qu'il la craignit, eftima ma vertu.

HERODE.

Je fçai qu'avec Thirron toute feinte eft bannie. THIRRON.

Et

:

Répons-moi qu'as-tu fait de ce puiffant génie,
A qui le monde entier fembloit même foumis?
que font devenus tes parens, tes amis?
Car n'attends pas de moi que mes juftes reproches
Puiffent compter encor au nombre de tes proches,
Ceux que tu crus cent fois dans leurs crimes paffez.
Même indignes des jours que tu leur a laiffez.

Quoi! jufqu'au bout Salome, abufant de ton âge,
Remplira ton Palais de meurtres, de carnage!
Efclave d'une femme indigne de ta foi,
La verité jamais n'a percé jufqu'à toi.
Sur toute ta maifon fes fureurs implacables
Pour perdre un innocent ont fait mille coupables.
Dans quel aveuglement tes fens font retenus ?
Tes crimes les plus grands ne te font
pas connus.
Mille interêts fecrets conduits avec adreffe.....
HERODE.

Jufte Ciel eft-ce à moi que ce difcours s'adreffe?
Par quel fecret pouvoir demeurai-je interdit?
T'ai-je affez écouté ?

THIRRON.

Non, je n'ai pas tout dit : Ouvre les yeux', cruel. Quel efpoir te confole? Tu perds ton fils: apprends à qui ton bras l'immole; Et que tes vrais amis du moins te foient connus. Salome te trahit ; elle fert Silléus :

L'hymen en eft le prix; & l'interêt le gage;
Non, que pour Silléus un fol amour l'engage;
Ce cœur dans fon orgueil par toi-même nourri,
N'eut pour objet qu'un trône & non point un mari.
Elle a féduit Afaph, Phérore, Arbas, Alcime,
Nul ne fçait fon fecret: tous ont fervi fon crime.
Sa main, de ta fortune interrompant le cours,
Te ravit l'Arabie au défaut de tes jours;
Et contre toi, dans Rome achevant fes outrages
De ton épargne même achete des fuffrages:
Tandis que t'irritant par de cruels avis,
Elle porte tes coups dans le fein de ton fils.
Et quel eft contre lui le courroux qui t'anime?
L'amour fait fes malheurs, & fa fuite fon crime:
Contre toi prévenu par un avis fatal,

Dans fon Roi, dans fon pere il fuyoit un rival.
Songe à le rendre aux voeux de toute l'Idumée,

Ou crains que fa fureur juftement allumée,
Ne te demande compte à toi-même aujourd'hui
Du fang de tant de Rois qui revivent en lui.
Autour de ce Palais fes cris fe font entendre.
Voilà ce que mon cœur me preffoit de t'apprendre:
Tu peux punir l'audace où j'ofe recourir:

Mais qui brave un Tyran ne craint point de mourir.

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Uel eft, fiere vertu, ton pouvoir redoutable ?-

pectable !

te rends ref

Mais que viens-je d'entendre? ô Ciel ! & quels avis? Gardes , que l'on m'amene & Salome & mon fils.

Achas fort.

Ah! de quel mouvement mon ame combattue
Semble-t-elle appuyer un foupçon qui me tue?

SCENE VIL

HERODE, NARBAL

NARBAL.

U'ai-je donc vu, Seigneur ? & quel reffentiment A produit tout à coup un affreux changement? Déja tout béniffoit la bonté paternelle : Cependant, entouré d'une troupe cruelle, Alexandre en ces lieux..............

HERODE.

Hé quoi, n'ai-je donc pas Révoqué devant vous l'arrêt de fon trépas?

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