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mais je ne doute pas qu'il n'ait été le premier à détromper fes amis fur l'affectation qu'ils m'ont donnée, à traiter le même fujet lui, & après lui. J'étois bien avancé dans ma Tragedie, lorsqu'il commençoit la fienne dans le fecret. Je m'en ouvris dans le tems à lui-même ; mais M. de la Motte fut plus modefte que moi ; il ne se venta point de fon travail.

Le voile qui couvroit le nom, & la perfonne de l'Auteur de la premiere Tragedie des Machabées, fut bien-tôt déchiré, & le refpect des Manes de M. Racine, dont quelques-uns vouloient que cette Piece fut un ouvrage pofthume, ceffa dès la premiere répréfentation de tenir les efprits en fufpens. On reconnut M, de la Motte à fa maniere. Comme il a ofé s'affranchir de l'imitation, & lutter fucceffivement contre les plus grands Maitres, il doit regner neceffairement dans tous fes Ouvrages un caractere fingulier qui le décele. Je vis alors, avec quelque fatisfaction, que je pouvois ne me point rencontrer avec lui, & que fi je n'avois pas les mêmes reffources, qu'il trouvoit dans fon peu d'affujettiffement aux incidens que le fujet fournit, je pouvois au moins profiter des beautez qu'il m'avoit laiffées, & qu'il auroit pû tenir de la premiere main, c'est-à-dire, de l'efprit de Dieu même.

Le Chapitre de l'Ecriture Sainte, où il eft parlé particuliérement du plus jeune des Machabées, fembla m'impofer la né ceffité de mettre cet Enfant fur la Scene; & afin que le Lecteur juge par lui-même, fi j'ai été bien ou mal fondé, je le prie de trouver bon que je le renvoye au 7. Chap. du 2. Liv. des Machabées.

Quelques-uns m'ont reproché d'avoir traité de telle forte l'interêt de cet Enfant dans ma Piece, que j'ai prétendu en faire entre les mains d'Antiochus, un moyen de gagner Zoraïde, beaucoup plus puiffant fur fon efprit, que le falut même de fon Amant, & que par conféquent je voulois que la tendre amitié l'emportât fur l'amour. Il n'a pas été queftion de pouffer jufques-là la tendreffe de Zoraïde pour Azael, & mon intention n'a été autre que de faire donner à Zoraïde la préférence à la Religion fur tout autre fentiment. Que fon Amant périffe, & qu'il expire dans les tourmens pour la gloire de fon Dieu, c'eft un fujet d'alle greffe pour elle; qu'Azaël céde à l'attrait des careffes d'Antiochus, & facrifie fa Refi gion à l'efperance de tous les traitemens dont on cherche à le flatter; c'est pour elle le comble du defefpoir, & pour la Nation c'eft un opprobre éternel. Le fujet de ma Piece eft le triomphe de la Foi dans Ifraël;

tout eft ramené à ce point. L'unité de l'ac tion eft dans la conftance, & dans la mort de la Mere & des Enfans. Avec un objet de cette nature, il eût été contre la décence de jetter dans les moeurs de quelques-uns de mes Perfonnages, toute la vivacité de la galanterie, & toute la chaleur des fentimens. Si ceux qui font répandus dans ma Piece, édifient les fages, fi la Majefté de la Religion y eft foutenuë, fi je n'ai point alteré la magnificence des expreffions de l'Ecriture, fi des morceaux détachés y font impreffion par les verités & les images qu'ils renferment, je me confolerai d'avoir manqué d'y établir ce fond d'interêts, qui met les paffions dans fon parti,& qui ne touche le coeur qu'en réveillant notre foibleffe.

Je ne répondrai point à l'objection qui m'a été faite fur le difcours d'Antiochus au Peuple Juif; on n'a qu'à lire dans Jofephe, fi jaloux lui-même de la gloire & de la loi d'Ifraël, de quelle maniere ce même Antiochus traite la Nation, & le culte des Juifs, & on verra combien j'en ai adouci le mépris & les menaces.

Il femble qu'il ne fera plus permis d'expofer fur la Scene les grandes verités de la Re ligion; & que tout ce qui impofe un certain refpect doit neceffairement réfroidir l'action de la Tragedie. On commence mê

me à en violer dans les Pieces profanes les régles les plus effentielles. Tout y est créé, jufqu'aux évenemens; on n'observe plus ni moeurs, ni caracteres ; les beautés qu'on y ramene font toûjours étrangeres, & le langage des paffions n'a nulle convenance perfonnelle l'efprit s'y produit par tout, & dans le fentiment même, les douleurs y font brillantes, les vertus toûjours leftes, les devoirs commodes, & la Religion fouple & ingénieufe ; & enfin,fi j'ofe le dire, c'est une efpece de mascarade, qui s'eft introduite. fur la Scene.

Perfonne n'ignore le reproche qui nous eft fait au fujet de notre Poëme Dramatique, & combien l'honneur du Théatre eft bleffé, d'y voir regner l'amour comme l'interêt le plus puiffant : cet amour même a commencé infenfiblement à fortir de ces bienféances auftéres que la gloire & la vertu lui ont prefcrites: & c'eft de-là que * l'Illuftre Académicien, qui a fait l'Eloge de M. Defpreaux, a pris occafion de dire, en parlant des Poëfies de Regnier, qu'il fembloit de fon tems que l'obfcenité fût un fel nécessaire à la Satyre, comme on s'eft imaginé depuis, que l'amour devoit être le fondement, & pour ainfi dire, l'ame de toutes les Pieces de Théatre.

* M. de Valincourt.

ANTIOCH US, Roi de Syrię. SALMONE, mere des Machabées. MACHABE' E, l'aîné des fept Enfans de Salmone, amant de Zoraïde. ZORAIDE, amante de Machabée. AZAEL, dernier fils de Salmone. PHOSTIM E, Ambaffadeur de Ptolomée, Roi d'Egypte.

ELISE, confidente de Salmone. PHOEDIME, Confidente de Zoraïde.

MENELAUS, Juif, attaché au parti d'Antiochus.

ACHAS, confident d'Antiochus.

ALCIME, Juif, confident de Ménélaüs. GARDE S.

TROUPE DE JUIFS.

La Scene eft à Solime, autrement Jerufalem, dans un Sallon du Palais "des anciens Rois d'Ifraël.

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