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MACHABE'E.

Quels que foient nos périls, n'en doutez point,

Madame

Ce jour éclairera le zéle qui m'enflâme,
Et ne préfumez rien dans mon coeur combattu
D'indigne de mon Sang, & de votre vertu.
SALMONE.

Ce zele ardent, mon fils, & ce noble courage
Ne viennent point de nous. Ils font l'unique ouvrage
Du Dieu, qui vit le monde éclore fous fa main.
Comment même ô mon fils! vous formai-je cn
mon fein

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Aux loix de la nature, en efclave affervie?
Dieu feul vous donna l'ame, & l'efprit, & la vie:
Et chargeant votre foi de deffeins éclatans,
En a porté le prix même au-delà des temps.

MACHABE' E.

Ah! j'entens. C'eft par nous, que le Tyran com→

mence,

Madame, & qu'abufant de ce pouvoir immenfe,
Que le Dieu d'Ifraël lui prête en fa fureur,
Il veut remplir ces lieux d'une nouvelle horreur.
Je le vois bien; le coup fuit de près la menace.
Mais fçait-il à quel point fa rigueur vous fait grace?
Combien fur notre fang attachant fon courroux,
Notre foi s'affermit au choix, qu'il fait de nous?
Vos fils, de fes fureurs ne feront point complices
Qu'il déployé en ces lieux l'appareil des fupplices,
Et qu'à les inventer fon cœur ingénieux

De bizarres tourmens repaiffe encor fes yeux;
Que les corps mutilez fubiffent la torture;
Qu'il rallume ces feux, dont frémit la nature;
Nous fçaurons fur lui feul en rejetter l'effroi,
Et n'écouter que Dieu, vos vertus, & fa loi.

C

SALMONE.

Ah! combien dans le cours de fa douleur amére

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De vareils fentimens confolent votre mere!
Oui, mon fils, du Tyran les arrêts font certains,
Et deformais c'est peu de fouiller nos feftins

De facriléges mets, & d'une chair immonde,
Il veut que dans le Temple, aux yeux de tout le
monde,

'Au milieu de mes fils, à fes Dieux impuiffans,
Je prefente avec vous, & la coupe, & l'encens.
Et pour exécuter tout ce qu'il fe propofe,
C'eft fur mes feuls conteils encor qu'il fe repofe.
Je dois compte du fang, qu'il nous aura coûté,
Ou deviens le garand de tant d'impiété.
De ma foi, jufques-là fe peut-il bien qu'il doute?
MACHABE'E.

Mais n'eft-il rien enfin que lui-même il redoute,
Lorfque pour un revers auffi prompt qu'éclatant,
Entre les mains de Dieu fuffit un feul instant?
Ah! jadis de Juda vengeant la foi trahie,
Dieu, de Sennacherib punit la perfidie,
Répandit dans fon camp la terreur, & la mort.
Solyme, de fes murs l'écarta fans effort,
Et dérobant aux fers nos Tribus allarmées,
Vit, d'un fouffle empefté diffiper fes armées;
Et Ninive, bien-tôt témoin de fon effroi,
Reçut en pâliffant la fuite de fon Roy..
Ainfi, d'Antiochus l'orgueil, que Dieu contemple....
SALMONE.

Ah!mon fils, c'eft à nous, à notre feub exemple,
Que du falut des Juifs l'honneur est réservé,
Périffons dignement, Ifraël eft fauvé.

Il va donner des fers à qui le tyrannife.
Des Elûs du Seigneur, la race s'éternife.
Par tant de pleurs, de voeux jufqu'ici demandé
Le plus cher de fes dons va nous être accordé ;
Mais quel eft ce difcours, où mon efprit s'égare?
De fes fecours pour nous, quand Dieu feroit avare,

Et que Sion contre elle armeroit tous les Rois;
La foi ne verroit point anéantir fes droits.
L'Eternel eft lui feul fa gloire, & fa défense.
Son aide nous éleve, & notre orgueil l'offense,

SCENE VI.

SALMONE, MACHABE'E, ELISE.
ELISE.

H!fongez l'un & l'autre à votre fûreté.

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Dans un fort, où déja leur garde fe redouble,
Du peuple, qui s'amaffe, augmente encor le trouble
Mais jugez ce qu'il faut vous-même en augurer,
De fes freres, Madame, on vient de féparer
Le plus jeune, & le Roy lui-même.......

SALMONE.

Eh bien, Elife?

ELISE.

Veut que dans fon Palais fa Garde le conduife
Et commande que loin d'effrayer fes regards,.
Tout ce qui l'environne ait pour lui des égards..
On admire fon air: & l'on plaint fon enfance.

SALMONE.

'Ainfi c'eft à Dieu feul de prendre fa défenfe..

ELIS E

On tremble auffi pour vous, & l'on n'a point douté, Seigneur, qu'on n'attentât à votre liberté.

SALMONE.

Nous devons obéir à des ordres fuprêmes.
Mais allons, au Tyran nous prefenter nous-mêmes.

De la faveur d'un Dieu reconnoissons les traits,
Et mettons cette épreuve au rang de fes bienfaits.
MACHABE' E.

Madame, à fes deffeins, c'eft à nous de répondre,
L'excès de fes bontez a droit de nous confondre.
Il nous diftingue feuls entre tous les humains,
Et la foi d'Ifraël eft toute dans nos mains.

Fin du fecond Alle.

ACTE III

SCENE I.

ZORAIDE, PHOE DIME.

PHOEDIME.

EH! quel eft ce transport, où la douleur vous

livre ?

Où m'ordonnez-vous donc, Madame, de vous fuivre ?

Songez-vous qu'en ces lieux, tout pleins de fa fplen deur >

Le Roy va, de l'Egypte ouir l'Ambassadeur ?
La victoire cruelle en a changé la face.

A peine de nos pas j'y retrouve la trace.
A leur augufte afpect, lieux fi chers autrefois,
L'azile des vertus, le Palais de nos Rois,

Et d'un Tyran cruel, maintenant la demeure,
Qu'y venez-vous chercher ?

ZORAIDE.

Tu fçauras tout à l'heure
Quel motif a conduit Zoraïde en ces lieux.
Ton zéle en tous les temps s'eft offert à mes yeux.
Ofe fervir ici le tranfport qui m'anime,

Sans doute, mon deffein va t'étonner, Phædime.
C'eft le Roy, que mes pas cherchent dans ce moment,
Cette porte conduit à fon appartement.
Va le trouver. Dis lui qu'avec impatience

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